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"Orthographe vengeresse" de Sarita M.
 « Te voilà plongé dans la situation la plus embarrassante qui soit, mon vieux ! »
 Ainsi songeait Adhémar qui, plié en deux, poursuivit son monologue intérieur :
 « A-t-on idée d’attraper un gigantesque fou rire le jour de l’enterrement de son meilleur ami ! Ha, ha, ha ! Je suis désolé, mon brave Edgar, mais tu n’aurais jamais dû me demander de lire le discours que tu as préparé pour ton enterrement ! Hou, hou, hou ! »
 Dans l’assistance, certains commençaient à s’énerver :
 « C’est honteux ! »
 « Comment peut-on rire en de pareilles circonstances ! »
 « Il faut le faire partir ! »
 « C’est un affront pour ce pauvre Edgar ! »
 Faisant un effort surhumain, Adhémar cessa de rire, s’essuya les yeux-parce que non seulement il riait, mais de plus, il pleurait de rire-puis reprit sa lecture :
 « A ma chaire fame, a mes bon zami, je vous souète pff…de continué a vivre ereu mwahahhahaa !! »
 De nouveau, Adhémar était plié de rire et la veuve explosa :
 « Il suffit, Adhémar ! Qu’avez-vous donc à rire ainsi ?! Vous insultez la mémoire de mon pauvre Edgar, votre soi-disant meilleur ami ! Qu’y a-t-il de si drôle ?! »
 Incapable de parler tellement il riait, Adhémar lui fit signe d’approcher et lui désigna le texte du doigt.
 La veuve débuta sa lecture et, devant l’assistance médusée, elle se mit elle aussi à rire à gorge déployée, puis, se reprenant, elle s’adressa à leurs compagnons :
 « Veuillez nous pardonner, mes amis, mais il semblerait que ce bon Edgar, lorsqu’il a rédigé ce texte aux dernières heures de sa vie, ait totalement perdu le bon usage de l’orthographe, ce qui a provoqué notre hilarité…Je vous résume en quelques mots le contenu de son texte : « Soyez heureux tout au long de votre vie et tâchez de ne pas oublier votre bon ami Edgar. » »
 Adhémar intervint :
 « Hi, hi ! Pour sûr qu’on ne va pas l’oublier !! Ha, ha,ha ! Je ne me suis jamais autant amusé lors d’un enterrement ! Ho, ho, ho ! Et dire qu’il y en a deux pages comme ça !! Ha, ha, ha ! »
 Se retenant pour ne pas l’imiter, la veuve reprit :
 «  Vous pouvez rentrer chez vous, mes amis, je vais rester un peu pour me recueillir avant de regagner mon domicile. »
 Légèrement déstabilisés par la tournure des évènements, les amis et parents d’Edgar quittèrent peu à peu le cimetière. La veuve entreprit alors de lire l’intégralité du discours écrit par son mari et, à mesure qu’elle lisait, non seulement elle riait, mais de plus, elle commentait :
 « Oh ! Comment a-t-il pu écrire des mots aussi élogieux à l’égard de Monsieur X alors qu’il le surnommait Le Gros Malotru et passait son temps à se moquer de lui ! Et là, vous avez vu, Adhémar ? Il parle de la petite Clairette P comme si elle était une sainte, alors que tout le monde sait bien qu’elle ne l’est pas ! »
 Adhémar répondit :
 « Je n’ai jamais vu un discours aussi mensonger de toute ma vie, mais ce que c’est drôle de voir à quel point ton mari, qui était la tristesse et l’hypocrisie personnifiées, a su flatter tout le monde dans ce discours, Violette !… Ce que je ne m’explique pas, ce sont ces fautes d’orthographe impardonnables ! Ha, ha,ha ! Tu as une idée, toi ? »
 Violette s’approcha d’Adhémar et se lova contre lui en répondant :
 « Peu importe les fautes d’orthographe d’Edgar, Adhémar chéri, nous sommes enfin débarrassés de lui et je peux t’aimer sans me cacher! »
 Ensemble, ils se replongèrent dans la lecture du discours et se remirent à rire de plus belle.
 Adhémar riait tellement qu’il avala sa salive de travers et se mit à tousser violemment sans pouvoir reprendre son souffle bien que Violette lui tapotât le dos, et il s’effondra et expira aux pieds de la veuve. Tout en sanglotant, celle-ci saisit le discours de son défunt époux et s’apprêtait à en faire une boulette de papier à jeter à la poubelle lorsqu’elle s’aperçut qu’une troisième feuille paraissait adhérer au second feuillet du discours. Elle la décolla et blêmit en découvrant son contenu, écrit de la main d’Edgar et avec une orthographe parfaite :
 « Cet idiot d’Adhémar s’est toujours mis à rire pour un rien, il m’a donc été facile de le faire rire avec ces énormes fautes d’orthographe…Quant à toi, Violette, lorsque j’ai découvert que tu fricotais avec mon meilleur ami, j’ai décidé de me venger ! Maintenant qu’il n’est plus là, tu vas commencer par me demander pardon, et ensuite, j’aviserai… »
 Stupéfaite, Violette ne pouvait croire ce qu’elle lisait, son regard allant d’Adhémar étendu sur le sol à la lettre qu’elle tenait à la main. Un léger bruit derrière elle la fit se retourner et elle poussa un grand cri en découvrant son mari bien vivant qui l’observait d’un air narquois, puis s’effondra à son tour en portant la main à son coeur.
 Edgar observa tour à tour les deux cadavres, retira la lettre de la main de son épouse, et déclara froidement :
 « Fort bien…L’un est mort de rire, et l’autre est morte de peur…J’ai eu une riche idée d’absorber cette potion me plongeant en état de catalepsie donnée par mon ami médecin et il a été bien aimable d’accepter d’échanger mon « cadavre » avec celui qu’il a volé à la morgue de la faculté…Je l’ai grassement payé pour ça, mais au moins, maintenant, je suis enfin vengé de toutes ces années où la femme que j’adorais me trompait avec mon meilleur ami…Sans cette lettre, personne ne découvrira ce qui s’est passé ici, et quant à moi, il ne me reste plus qu’à quitter ce pays et m’installer ailleurs pour commencer une nouvelle vie… »
 Il reporta de nouveau son attention sur Adhémar et Violette, éclata d’un rire triomphant, puis tourna des talons et s’éloigna à grandes enjambées.
 Ce fut le fossoyeur qui, revenant quelques heures plus tard afin de fermer la tombe, trouva les deux cadavres. En l’absence d’indices probants, les policiers menant l’enquête sur les deux décès durent admettre qu’ils étaient impuissants à élucider le mystère de leur mort et l’affaire fut classée sans suite.
 Edgar, quant à lui, s’installa en Espagne sous un faux nom, se remaria et survécut à ses victimes durant de longues années…

"De l’autre côté de la rive" de Jessica L.
 ​
 Je regarde le ciel à la couleur azurée. Un bleu parfait moucheté ci et là de quelques infimes points blancs, nuages prodiguant des zones d’ombre protectrices et bienvenues. Le soleil est éclatant, ses rayons vifs, à même de vous brûler la peau. Il fait étouffant malgré une légère brise, un vent sec en provenance du désert renforçant l’aridité des lieux. Il n’est pas encore midi mais la chaleur est déjà insupportable. Accablante. Étouffante. Je n’aurais pas dû sortir et m’aventurer ainsi à l’extérieur. J’aurais pour une fois dû écouter Baba et me résigner. Mais le bon sens m’a toujours fait défaut. Mon entêtement permanent, lié à une adolescence difficile, peut s’avérer compliqué à gérer pour mes parents. J’en suis consciente mais ne peux me résoudre à prendre leurs mises en garde, désormais récurrentes, au sérieux. Couchée sur le sol, je sens la sueur s’extraire par les pores de ma peau. Elle coule en un mince filet sur mon visage et le long de ma colonne vertébrale. Mes lèvres sont sèches et mes paupières lourdes. J’ai la sensation désagréable de perdre le contrôle de mon corps. Mes membres s’ankylosent les uns après les autres, les battements de mon cœur s’espacent et ralentissent. La chaleur m’enveloppe pour m’endormir complètement. Je ferme les yeux, indifférente au brouhaha qui m’entoure, et me laisse glisser vers le néant. Ailleurs.
 *
 Baba avait tout prévu. Minutieusement. Il n’avait rien voulu laisser au hasard. Notre survie dépendait de ces préparatifs et de la parfaite réalisation du plan. Celui mettant en scène notre fuite hors du pays, patrie de nos ancêtres depuis plus de quatre siècles, de génération en génération. L’échec, synonyme d’une mort certaine, n’était tout simplement pas envisageable. Aussi avait-il revu dans les moindres détails les étapes successives de notre périple. Afin que l’inconcevable ne se produise pas. La date de notre départ, le contenu de nos valises, sac à dos en toile limité au strict nécessaire, des petites coupures en cash, des billets en quantité minimale afin d’éviter un vol plus que probable par des intermédiaires peu scrupuleux durant le voyage, un téléphone portable avec carte prépayée et une batterie flambant neuve pour lui donner des nouvelles et des informations en temps réel quant à notre progression sur la route de la liberté. Malgré les réticences et la peur grandissante de Maman à l’approche de la date fatidique, toutes deux justifiées et liées à cette incertitude quant à notre avenir et le danger mortel d’une telle traversée, elle s’était ralliée à l’opinion de Baba en la matière. Il était dangereux d’entamer un périple en territoires inconnus, fut-il au péril de nos vies, mais il l’était encore plus pour nous de rester ici, et ainsi grossir les rangs de cibles civiles et innocentes, vivant en plein centre de la zone du conflit, en proie à la terreur quotidienne d’un pays en guerre où la paix avait déserté et n’était désormais qu’un lointain souvenir, rendant chaque aube nouvelle synonyme d’un espoir précieux mais toutefois fragile et pouvant s’effondrer à tout moment. Face à la cruauté impitoyable de l’ennemi, il n’y avait eu pour ma petite sœur et moi qu’une seule option possible: la fuite.
 *
 Malgré les bombardements massifs dans des régions côtières voisines de la nôtre, à plus de cent kilomètres en amont, nous nous étions efforcés de continuer à vivre presque normalement. Qu’est-ce qu’au juste que la normalité dans un pays détruit et ravagé par la tragédie la plus abominable et meurtrière de son histoire ? Mes trois frères aînés, au grand désespoir de maman qui ne s’en était toujours pas remise, avaient été réquisitionnés par le régime afin de combattre et réduire au silence les forces rebelles, luttant pour une utopique liberté aux quatre coins de notre jadis si beau pays. Quiconque s’opposait à rejoindre les rangs de l’armée était considéré comme déserteur et, selon le bon vouloir du chef suprême, exécuté sur la place publique en présence de tous les membres de sa famille dans l’obligation d’assister à cette mise à mort, synonyme d’avertissement explicite, ou envoyé en détention dans une des prisons de haute sécurité où torture physique et mentale était monnaie courante afin de faire expier aux prisonniers, bien souvent jusqu’à ce que mort s’en suive, une trahison qu’ils n’avaient pas commise. Cela faisait désormais plus de deux ans que nous étions sans nouvelle de mes frères et l’espoir de les revoir vivants s’amenuisait un peu plus chaque jour. Maman pleurait beaucoup et, même si elle s’efforçait de ne jamais céder au désespoir devant nous, j’entendais ses sanglots étouffés à travers la paroi murale qui séparait la chambre de mes parents de la nôtre. Baba n’aurait pour rien au monde voulu abandonner notre appartement afin de fuir le conflit qui se faisait imminent et se rapprochait dangereusement de notre village, il s’efforçait de prétendre à une normalité relative tout en nous interdisant de sortir non accompagnées quelle que soit l’heure de la journée. L’école, désormais fermée pour une période indéterminée, Farah et moi restions donc cloîtrées à l’intérieur, agglutinées devant le vieux téléviseur diffusant d’anciens épisodes de la série « Sous le soleil » dont je me délectais sans rien comprendre aux scènes jouées en français, cette langue douce et chantante que je m’étais jurée d’apprendre en cachette et qui me servirait le jour où je passerais illégalement la frontière afin d’y couler une existence meilleure.
 *
 J’avais tendu l’oreille pour prêter une attention toute particulière aux voix en provenance de la cuisine. Il était encore tôt mais la maisonnée ressemblait déjà à une fourmilière, grouillante de vie. Farah dormait à poings fermés et, malgré le vacarme ambiant, j’avais quitté la chambre à pas de louve pour ne pas la réveiller et, sur la pointe des pieds, emprunté le couloir menant à l’étage inférieur. Je m’étais assise sur les quelques marches d’où je pouvais épier la scène sans être vue, à travers la porte laissée entrouverte, et j’avais attendu que les détails de l’intrigue se déroulent sous mes yeux. Deux de nos voisines étaient attablées et, entre deux gorgées de thé et quelques biscuits secs au miel, narraient les dernières nouvelles à Baba et maman, dont le visage ne pouvait cacher ni l’effarement ni la peur. Les combats se rapprochaient dangereusement et redoublaient d’intensité. Il nous fallait fuir au plus vite. Impérativement. Il n’y avait pas d’autre issue possible. Penser à quitter nos maisons pour ne pas être témoin de ce chaos destructeur qui ravagerait tout sur son passage. Choisir la résilience, celle menant à une autre vie, loin de notre pays natal, la migration vers une nouvelle terre d’accueil, l’Europe, que nous ne connaissions que sur le papier et où nous n’avions encore jamais mis les pieds, pour essayer de reconstruire ce qui pouvait encore l’être. Le régime ne lésinait désormais plus sur les moyens à sa disposition afin de réprimer les forces rebelles et avait décidé d’utiliser une arme secrète pour les écraser définitivement. L’artillerie lourde en quelque sorte. Laquelle au juste, personne ne le savait vraiment, ce qui attisait une peur déjà bien présente. Certains parlaient de raids terrestres et de bombardements aériens, d’autres d’exécutions aléatoires parmi les civils. Il nous fallait agir avant que le piège ne se referme sur nous. Baba, abattu et resté silencieux durant ce bref compte-rendu qu’il aurait souhaité être beaucoup moins tragique, avait alors pris la parole et, d’un regard entendu, avait tristement annoncé à maman qu’il était temps. Si eux ne pouvaient pas quitter le pays, faute de moyens, ils se devaient de nous mettre à l’abri de cette folie. Nous, leurs filles cadettes, qui, du haut de nos dix et treize ans, étions porteuses de leur rage de vivre et de leur volonté de vaincre les ténèbres d’une guerre sans fin. Notre départ se ferait plus tôt que prévu et il avait été décidé que Farah et moi prendrions la route le lendemain. J’avais réprimé un hoquet de stupeur avant de regagner ma chambre et de m’enrouler en boule dans les draps à l’odeur familière, cocon confortable et rassurant qui ne serait bientôt plus qu’un lointain souvenir.
 *
 Farah avait sauté de joie en apprenant l’imminence de notre départ loin des nôtres, vers l’inconnu. Pas moi. Recroquevillée sur moi-même dans un des fauteuils du salon, le regard fuyant, les traits figés et empreints d’une sévérité qui ne me correspondaient pas d’habitude, j’appréhendais. Maman n’avait pas su retenir ses larmes devant la réaction si inattendue et spontanée de ma sœur cadette. Baba, le cœur lourd, s’en était tenu à l’essentiel: la réalisation de son plan, une étape après l’autre. La fuite n’était pas à considérer comme un jeu ou une aventure ordinaire. Naïve, Farah n’en comprenait pas les enjeux. Comment aurais-je pu lui en vouloir ? Il ne s’agissait pas là d’un voyage de plaisance mais bien d’un long périple aux embûches multiples dont l’issue resterait incertaine jusqu’à notre destination finale, signant la fin de nos pérégrinations et le début de notre réintégration dans une vie normale. Mais le serait-elle? C’est à moi qu’incomberait la lourde tâche de protéger ma petite sœur et de la guider pour la mener à bon port. Celle aussi de la consoler lorsqu’elle se rendrait compte que la triste réalité, incisive et sans artifices, serait bien différente des reportages diffusés à la télévision. Car, depuis qu’elle avait suivi le parcours médiatisé de Nujeen, une réfugiée syrienne qui, malgré son lourd handicap, avait réussi à rejoindre l’Allemagne en compagnie de sa sœur aînée, Farah vivait dans un rêve édulcoré où l’espoir tenait un rôle prépondérant et elle avait transposé sa réalité à celle de cette héroïne victorieuse des temps modernes à laquelle elle s’identifiait désormais. J’étais nettement moins optimiste et redoutais ce voyage migratoire vers des contrées humainement plus ensoleillées. Telle l’hirondelle, reverrais-je moi aussi le printemps? Qu’en serait-il de mes parents? Quelle serait leur destinée dans ce pays où la paix avait déserté? Aujourd’hui serait-il le dernier de nos moments à quatre? La gorge serrée et les larmes perlant à mes yeux, j’avais fait ce dont je n’étais pas franchement fière mais qui m’avait soulagé dans l’instant. J’avais bravé l’interdit. Une dernière fois.
 *
 D’après ce que j’en avais lu, le parcours vers la liberté présentait plusieurs rites de passage. Un véritable chemin de croix pour le corps et l’esprit dans un but ultime: la survie. Le choc des cultures, la fatigue extrême due aux milliers de kilomètres parcourus, souvent à pied ou à bord de bus bondés, des frontières à franchir de nuit avec l’aide de passeurs douteux, les centres d’accueil dont on se fait refouler, faute de places disponibles, les nuits passées à la belle étoile, paillasse de fortune installée à même le sol, au bord de la mer ou en pleine forêt, la gorge sèche et l’estomac qui gronde de ne pas boire assez ou manger à sa faim, le regard acerbe des habitants de la zone traversée et leur manque de compassion ou d’humanité, l’espoir retrouvé lorsque certains, souvent dans le même bateau ou bien moins lotis que vous, vous apportent un peu de réconfort et de baume au cœur afin de ne pas renoncer, et ainsi mettre un terme à ce combat difficile et à sens unique, bien souvent perdu d’avance. Demain, cela serait notre tour. Farah et moi, foulant de nos pieds des territoires hostiles et inconnus, livrées à nous-mêmes et laissant tout, nos parents, nos souvenirs et notre insouciance, derrière nous. La faute aux ambitions démesurées d’un dirigeant tyrannique assoiffé de pouvoir ayant mis son pays à feu et à sang pour assouvir ses intérêts personnels et asservir la population, l’obligeant à un exil migratoire dont peu sortiraient indemnes. À l’annonce perturbante de notre départ, imminent, j’avais perdu les pédales et quitté abruptement notre appartement, malgré l’interdiction formelle instaurée par Baba. Je voulais m’imprégner une toute dernière fois de ce qui m’entourait. Mon village natal. Celui qui m’avait vu naître et grandir et que je m’apprêtais à quitter définitivement. Celui que je ne reverrais plus jamais, rayé de la carte de mon esprit pour qu’il laisse sa place à un autre, dans une région inconnue située à plusieurs milliers de kilomètres à l’ouest. Je m’étais assise sur la place centrale, ignorant la chaleur ambiante, pour me laisser bercer par le roulement des vagues, que j’entendais au loin, projetant leur écume sur le sable. Déjà nostalgique de ce quotidien banal que je m’apprêtais alors à quitter, je voulais graver dans ma mémoire chaque seconde passée à rêvasser dans mon coin avant qu’il ne soit trop tard.
 *
 Je ne comprends pas immédiatement ce qu’il est en train de se passer. Bien entendu, j’entends ce vacarme assourdissant venu du ciel. Des avions militaires survolant la région, notre village en particulier. Cela n’a rien d’anormal étant donné les combats qui font rage depuis plusieurs semaines dans des zones côtières voisines de la nôtre. Je n’ai repéré aucun char de guerre, juste la milice aérienne probablement en repérage pour des opérations futures. Pas de quoi s’inquiéter davantage. C’est ce que je pense alors. Jusqu’à ce que je comprenne, trop tard, que je me suis lourdement trompée. Je l’aperçois au loin. Un nuage de poussière se rapprochant à la vitesse de l’éclair, décimant tout sur son passage. Tétanisée, je cours jusqu’à la maison, sans jamais pouvoir l’atteindre. M’écroulant de tout mon long, mes poumons en feu, je comprends que tout s’arrête ici. Peut-être est-ce mieux ainsi. Je suis en train de sombrer, lentement, victime d’une mort atroce, mais au moins je suis chez moi, dans ce pays qui court à sa perte mais que j’aime tant. J’ai inhalé le gaz chimique, toxique, comme tous ceux qui m’entourent et dont les cris de souffrance et de désespoir transpercent mes tympans. Je ferme les yeux, repensant une dernière fois au rire contagieux de Farah, au parfum doux et sucré de maman, à l’étreinte rassurante de Baba et aux visages de mes frères aînés que je rejoindrai bientôt de l’autre côté de la rive, là où la souffrance et la guerre n’ont plus lieu d’être et disparaissent pour laisser leur place à une paix enfin retrouvée.

"Anesthésie générale" de Olivier P.
​
             Réveillé par un  orage estival et ses larmes qui ruissèlent contre les vitres, je m’étais  approché de la fenêtre pour apprécier le spectacle. Un éclair avait  crevé le ciel. Je n’avais pas reconnu ma silhouette dans le carreau  illuminé.
 Quadragénaire divorcé, je  vivais seul. Ma femme m’avait quitté, ne supportant plus mes excès. Je  me tordais de douleur comme à chacun de mes réveils. La semaine ne  serait pas bien différente des précédentes, dictée par le calvaire que  provoquait ma spondylarthrite. J’avalais mon cocktail de médocs d’une  traite avec une gorgée de café plus noir et raide qu’un bâton de  réglisse. J’espérais oublier. Tout au moins, atténuer ces sensations  atroces qui envahissaient mon corps dès que j’ouvrais les yeux. Petit,  trapu, ma morphologie n’arrangeait pas mon état de santé.
 Je repensais à ma mère, elle  aussi atteinte de cette maladie. Je ne me rappelais pas que la  souffrance lui avait été si intense. Je comprenais seulement pourquoi  elle avait fini alcoolique. Mon organisme avait de plus en plus de mal à  céder aux effets des antalgiques qui s’estompaient de jour en jour. Je  m’habituais à ces substances toxiques.
 Attendu par mon rhumatologue,  j’avais entendu parler d’un nouveau traitement encore en test sur des  souris. Une étude publiée dans une revue scientifique avait établi que  les hommes sont bien plus sensibles à la douleur que les femmes. Cela  étant dû au fait que nous avons une mémoire de celle-ci que la gent  féminine n’a pas. Nous l’appréhenderions donc avec stress, ce qui la  décuplerait. Les femmes, elles, ne sembleraient éprouver aucune angoisse  par rapport à leurs douleurs passées, ce qui expliquerait pourquoi  elles ne rechigneraient pas à accoucher une seconde fois. J’avais eu du  mal à y croire, à cause de mon côté défaitiste. Ces résultats avaient  fait avancer la recherche sur les antalgiques et un nouveau médicament  avait vu le jour, le Gynéprofen. Il serait capable de faire perdre cette  mémoire de la douleur que nous avons, nous les hommes. Il proviendrait  d’une hormone se trouvant chez la femme. Les scientifiques avaient su la  synthétiser et en faire un comprimé. Ils attendaient les derniers  bilans sur leurs mammifères de laboratoire avant de lancer les premiers  essais cliniques. La posologie serait d’un cachet toutes les quatre  heures.
 Je souhaitais y participer et  pris la route tant bien que mal pour me rendre à mon rendez-vous. Après  quelques minutes d’attente dans la salle surchauffée, une jeune interne  m’invita à m’installer dans le bureau du rhumatologue.
             Il entra, froid, pour ne rien changer.
             — Monsieur Meissonnier, bonjour !
             — Docteur...
             — Comment allez-vous ? Le fait d’avoir augmenté les doses d’antalgiques vous soulage-t-il ?
             — Oh ! Vous savez, je n’ai plus l’impression que tous ces cachets ont encore beaucoup d’effet...
             Il m’ausculta.
             Après prise de tension, de température et exercices de souplesse, nous nous réinstallâmes au bureau.
             — Je vous refais donc une ordonnance pour...
             Je l’arrêtai :
             — Justement,  docteur. J’ai entendu parler du Gynéprofen... Les premiers essais  cliniques devraient débuter bientôt. J’aimerais en être !
             — Vous m’avez l’air  bien renseigné... Ça ne se fait pas comme ça, du jour au lendemain !  Tout essai clinique doit avoir reçu au préalable une autorisation de  l’Afssaps et un avis favorable d’un comité de protection des personnes.  Vos chances d’être retenu sont minces. En général, les médicaments dont  on sait qu’ils risquent de causer des effets indésirables plutôt graves  ne sont jamais testés sur des volontaires sains. Or, vous l’êtes  relativement malgré votre maladie.
             Ironique n’est-ce pas ?
             Le sarcasme qui transpirait dans mes yeux lui fit comprendre que ses arguments ne prenaient pas. Il continua :
             — Je parle ici de  personnes en phase terminale de cancer. Suis-je prêt à vous jeter dans  la fosse aux lions ? Non ! Mais...
             — Je voudrais donc  monter mon dossier pour l’Afssaps et candidater pour cet essai  clinique ! Son argumentaire m’avait laissé complètement indifférent.
             — Très bien...  Voici les documents nécessaires. Remplissez-les et renvoyez-les  directement à l’Afssaps. Nous nous reverrons d’ici deux mois afin de  refaire un point sur le sujet...
             Après une poignée  de main suintante, je repartis la tête plus légère que d’habitude. Cette  opportunité me donnait une chance d’espérer de nouveau, ce qui ne  m’était pas arrivé depuis l’annonce de ma maladie.
  
 Les mois s’écoulant me parurent  une éternité. La douleur dictait mes journées. Je les passais dans mon  lit. Mes articulations, capricieuses, ne me répondaient qu’une fois sur  deux. Le mal qu’elles entraînaient me poussait à boire toujours plus.  Les cadavres de bouteilles jonchaient le sol de ma chambre. Le réveil  sonna. J’étais en retard. Je ne pris pas le temps de me doucher et  marchais difficilement jusqu’à ma voiture. Comment en étais-je arrivé  là ? Je ne me reconnaissais pas. Et de toute façon, je ne m’étais jamais  vraiment reconnu en l’homme que j’étais. M’étais-je réellement senti  moi-même dans ce corps que l’on m’avait donné ? Ou plutôt imposé ? J’en  doute. J’avais tenté d’y faire face. Me faire embaucher en tant que  transformiste m’avait aidé à éluder cette problématique. La maladie  m’avait rapidement fait revenir sur terre.
 Le spécialiste m’attendait de pied ferme d’un air grave. J’eus un coup de chaud avant de le saluer d’une main moite :
             — Bonjour docteur...
             — Monsieur Meissonnier. Je vous laisse me suivre.
             Sur son bureau, une  pile de documents. Impossible d’en deviner le contenu. Ma curiosité  grandissante n’attendit pas :
             — L’Afssaps vous a-t-elle fait parvenir le dossier, docteur ?
             — Oui.
             — L’ont-ils accepté ?
             — J’en ai bien peur, oui...
             — C’est une bonne nouvelle, non ?
             — Je n’en suis pas  convaincu. Vous allez devoir quoique cela vous coûte, suivre ce  traitement à la lettre et en notifier les moindres effets indésirables.  Effets dont nous ne savons rien. Nous ne sommes pas certains non plus  que cette médication aura un réel bénéfice sur vos douleurs.
             — Je suis prêt.  Cela fait maintenant des années que je prends les mêmes cachetons. Ils  n’ont plus d’efficacité. J’ai besoin de ce médicament !
             Peu convaincu, il  me signa le dossier et alla chercher mes premiers mois de traitement. Il  ne pouvait pas s’opposer à mon choix. En possession du Graal, je  rentrai en sifflant, gai comme un pinson.
             J’attaquai ma  médication dans la foulée et restai cloîtré à mon domicile, à me nourrir  de plats commandés sur ces applications dont les prix vous laissent  hésitant et dont la qualité n’est que secondaire. De toute façon, je  m’étais complètement fermé au monde à cause de cette maladie et de mes  excès. Mes amis avaient fini par me délaisser. Ils n’attendaient plus  rien de ma part et avaient abandonné tout espoir de retrouver l’homme,  du moins l’entité qu’ils avaient connue.
 Les jours s’écoulaient et mon  état de santé s’arrangeait. Je me sentais de mieux en mieux. J’en avais  oublié la douleur. Je me surprenais quelques fois à me lacérer les bras,  comme pour me remémorer le supplice et être sûr que ce n’était pas  qu’un rêve. J’avais arrêté de boire et de fumer.
 Ce matin, je me trouvais belle.  Mes yeux bleus brillaient dans le carreau humide de la fenêtre. Ma  longue chevelure blonde sentait bon le karité. J’étais de ces femmes  dont la pilosité ne pose aucun problème, j’avais la chance d’être lisse  comme une anguille. Mon visage était délicat et rosé. Mon torse était  doux. Mes seins, aux tétons saillants, n’avaient rien à envier à ceux de  mes consœurs. Mon sexe proéminant avait disparu, laissant presque place  à une vulve des plus sensibles. Ma silhouette s’était transformée de  jour en jour sans que je ne m’en rende compte. Je me tenais debout,  devant la fenêtre, mon corps illuminé par la lumière dansante des  éclairs. J’avais oublié.
  
 Toutes les douleurs et le  mal-être qui m’habitaient depuis tant d’années avaient fini par  s’estomper. Le pire était derrière moi. J’étais guérie et le début d’une  nouvelle vie commençait…

"Le miroir de vérité" de Loic-Elian M.
Autrefois  vivait un grand sorcier qui s'appelait Aaron. Ce sorcier vivait avec  son apprenti sorcier du nom de Arthur .Mais un jour Aaron sentait qu'il  allait mourir et voulait créer un dernier objet magique qui devait être  le meilleur de tous ses objets magiques .Soudain il eut l'idée de créer  un miroir qui disait  si une personne est  bonne ou si elle est mauvaise  (si la personne est bonne elle se verrait avec des couleurs sur elle  mais si la personne est mauvaise le miroir la montrerait en noir et  blanc pour qu'elle puisse changer de comportement) Aaron dit ceci a   Arthur :
 -Arthur, je vais bientôt mourir et il faut quelqu'un pour me remplacer et pour montrer aux autres le miroir ; Ce sera toi
  
 - Et si je me trompe sur une formule ou que je casse le miroir 
  
 - Ne t'inquiètes pas tu vas y arriver je le sens au plus profond de moi 
  
 - je te laisse choisir c'est toi qui va le montrer aux autres
  
  - Très bien je l'appellerai le miroir de vérité
  
 - Très bon choix de nom 
  
 - Tu vas me manquer Aaron
  
 - toi aussi tu vas me manquer Arthur 
  
 Et sur ses mots ils s'embrassèrent
  
 -  Mais Aaron 
  
 - Oui Arthur 
  
 - Sais-tu- quand tu vas partir ?
  
 -  Je partirai dans quinze jours 
  
 - Donc j'ai quinze jours pour me préparer 
  
 -  Oui c'est ça 
  
                             15 jours plus tard 
  
  
 Arthur fait alors ce que Aaron  lui avait demandé et il montra le miroir de vérité mais un jour  quelqu'un vient pour voir le miroir de vérité et dit" je suis Nathan et  je suis venu pour voir le miroir de vérité qui montre si la personne est  bonne ou mauvaise 
  
 Arthur : D’accord Nathan, moi je suis Arthur et j’étais l'apprenti de Aaron le sorcier qui a créé ce miroir 
  
 Et il vint se mirer mais on le  montra en noir ce qui veut dire qu'il était mauvais (En effet ce Nathan  était mauvais il volait). Arthur tente de lui expliquer que ça veut dire  qu'il doit changer de comportement mais c'est trop tard Nathan est fou  de rage il est tellement en colère qu'il casse le miroir et part en  courant chez lui. Et tout le monde rentre comme le miroir est cassé.  Mais le soir quand Nathan dort, il entendit un drôle de bruit. La  lumière s’allume puis s'éteint ; la fenêtre s’ouvre et il entend une  voix qui dit : Nathan 
  
  Qui êtes-vous et comment vous connaissez mon nom ?
  
 - je suis Aaron, celui qui a créé le miroir de vérité que tu as cassé.
  
 - Ce miroir a dit que j’étais méchant.
  
 - Arthur a voulu te dire que le  miroir de vérité était fait pour changer la personne si elle est  mauvaise mais pas pour la punir mais toi tu as cru que c'était pour  punir.
  
   -Oui j’ai cru que c'était pour punir.
  
   - Maintenant tu dois être puni pour ce que tu as fait
  
  - Non s'il te plait que dois -je faire pour ne pas être puni
  
 - tu dois aller à l'atelier de  Arthur et tu apprendras la magie pendant 6 ans et la bas tu trouveras la  formule du miroir de vérité que tu vas lire pour le créer encore . 
  
 -  D 'accord demain je le ferai
  
 Et le lendemain il va à  l'atelier de Arthur ; mais Arthur sachant qu'il avait cassé le miroir ne  le laisse pas entrer mais Nathan lui dit: Ne t'inquiète pas je ne suis  pas venu pour te faire du mal et je suis désolé d'avoir cassé le miroir  de vérité.Je pensais qu'il était fait pour punir mais j’ai su qu'il  était fait pour changer grâce à Aaron  qui est venu la nuit dernière. Il  m'a dit de venir dans ton atelier pour que j’apprenne la magie pendant 6  ans et reconstruire le miroir de vérité encore une fois 
  
 - : D’accord suis moi
  
 Et il apprend la magie pendant 6 ans et après 6 ans ils reconstruisent le miroir de vérité.
  
  
  
                                    6 ans plus tard 
  
  
 Un jour le frère de Nathan,  Mathias était un voleur et quand il apprend que son frère qui était un  voleur apprend de la magie avec un sorcier il devint jaloux car lui  aussi était un voleur mais il n'avait jamais appris la magie avec un  sorcier et il eut l’idée de cassé le miroir de vérité et de faire croire  que c’est son frère qu'il l’avait cassé.
  
 Cette nuit Mathias pris le  bracelet de Nathan alla à l'atelier de Arthur et il cassa le miroir de  vérité et laissa le bracelet par terre à côté. Le lendemain quand Nathan  et Arthur se réveillent ils sont choqués de voir le miroir cassé mais  soudain Arthur reconnaît le bracelet de Nathan et aussitôt il accuse  Nathan d'avoir cassé le miroir de vérité mais Nathan lui dit : ce n’est  pas moi.
  
 - Si c’est toi ,c’est toi qui portait ce bracelet hier
  
  - Oui c'est vrai mais ce n’est pas moi
  
  - Si c'est toi tu partiras aujourd'hui même 
  
  
 Et sur ces mots il s'en va à  contre cœur. Quand Mathias apprend que son frère a été renvoyé, il fut  fou de joie. Mais une nuit Arthur dormait mais une voix le réveille qui  dit : Arthur 
  
  - Oui qui est- ce ?
  
 - C’est moi Aaron
  
 Bonsoir Aaron 
  
 - Bonsoir je suis venu te dire que ce n'est pas Nathan qui a cassé le miroir de vérité.
  
  
 -Comment cela est-il possible, on a retrouvé son bracelet à côté des déchets du miroir 
  
 - Oui c'était son bracelet mais  c'est son frère Mathias qui a cassé le miroir de vérité et c’est lui  qui a posé le bracelet de Nathan pour faire croire que c’était lui car  il était jaloux
  
 -   D'accord je vais le dire à Nathan 
  
 -Merci beaucoup Aron
  
 -De rien Arthur 
  
  
  Et le lendemain il va chez Nathan 
  
 - Écoute Arthur si c'est toujours à cause du miroir je voulais te dire que ...
  
  -Non ne t’inquiète pas je sais  déjà que ce n’est pas toi. Aaron est venu me voir cette nuit et m'a dit  que ce n’est pas toi qui l’a cassé mais c’est ton frère Mathias qui a  cassé le miroir et qui a mis ton bracelet à côté du miroir pour qu'on te  croit coupable. 
  
 -Va chez ton frère Mathias et  dit lui de venir ici car j'ai quelque chose à lui dire et qu'on sait que  c’est lui qui a cassé le miroir de vérité pour  qu'on te revoie car il  est jaloux de toi 
  
  
 Et sur ces mots il s'en va chez son frère 
  
 Quand il arriva chez son frère il lui dit : Bonjour Mathias 
  
 -Bonjour Nathan je voulais te dire que je suis désolé qu'on t’ai renvoyé  
  
 - Arrête de jouer la comédie 
  
 -De quoi tu parles ?
  
 -Tu sais très bien de quoi je  parle, je parle du fait que c'est toi qui a cassé le miroir de vérité et  que c'est toi qui a mis mon bracelet à côté pour qu'on croit que c’est  moi, tout ça par jalousie.
  
  -Pourquoi tu dis cela, as-tu des preuves ?
  
 - Oui j'ai une preuve, le  sorcier qui a créé ce miroir Aron est apparu hier soir à Arthur son  apprenti et il a dit que ce que je viens de te dire 
  
 - : Je ne te crois pas.
  
 -Si tu ne me crois pas vient à l'atelier de Arthur avec moi Et il te le dira par lui-même en plus il veut te voir.
  
 Mais Mathias à tellement peur  qu'il fuit à toute vitesse. Nathan se met à courir derrière lui mais  Mathias réussi à se cacher dans la forêt. Nathan le chercha pendant des  heures mais ne le retrouva pas jusqu'à ce qu'il abandonne et va chez  Arthur en lui disant : Arthur, Mathias s’est échappé je lui ai dit de  venir ici mais il a fui. J’ai essayé de le rattraper mais ils réussi à  se cacher dans la forêt 
  
  : Il faut qu'on sache où il s'est caché 
  
  : Mais Arthur il faut d'abord refaire le miroir de vérité 
  
  -d'accord mais d'abord est-ce que tu veux revenir travailler à l'atelier ?
  
  -Oui je veux bien, mais le  miroir de vérité se casse beaucoup donc je me disais qu'on peut faire  une barrière magique pour protéger le miroir de vérité.
  
 - c'est une très bonne idée on peut s'y mettre dès maintenant 
  
 - D'accord 
  
 Et tous deux construisent une barrière pour le miroir de vérité 
  
  
                                         20 jours plus tard 
  
 Ça faisait déjà 20 jours que Mathias était dans la forêt mais un jour Nathan dit à Arthur :
  
 - bonjour Arthur 
  
 -bonjour Nathan 
  
 -je voulais te dire que ça fait déjà 20jours que mon frère est en forêt, je voudrais partir en forêt pour essayer le retrouver
  
 -D'accord mais je t’accompagne, ton frère est jaloux de toi donc il peut te tuer 
  
 - D'accord j’accepte
  
 Et il parte en forêt 
  Quand il arrive Arthur dit à Nathan :
  
 - Moi je vais à gauche et toi tu vas à droite comme ça on aura plus de chance de le retrouver
  
 - d'accord dit Nathan
  
 Nathan chercha alors de son  côté et Arthur de l'autre mais personne ne le trouva. Soudain une  feuille d'un arbre tombe sur Nathan. Nathan regarde alors au-dessus de  lui et vit alors Mathias.  Mathias ayant remarqué que Nathan l'avait  trouvé descendit de l'autre côté de l'arbre et se mît à courir. Nathan  se mît à sa poursuite, en chemin, il rencontre Arthur. Et Arthur se mit à  courir comme il avait une  baguette magique il prononce une formule qui  enferme Mathias dans une cage. Ils le ramenèrent à l'atelier et il le  laisse dans sa cage. Le lendemain tout le monde vient pour le miroir de  vérité et au fur et à mesure certains méchants finissent par changer.  Quand à Mathias il reste enfermer jusqu'à l'éternité dans sa cage.
  

              
      
              
      
              
      
"Le miroir de vérité" de Loic-Elian M.
Autrefois  vivait un grand sorcier qui s'appelait Aaron. Ce sorcier vivait avec  son apprenti sorcier du nom de Arthur .Mais un jour Aaron sentait qu'il  allait mourir et voulait créer un dernier objet magique qui devait être  le meilleur de tous ses objets magiques .Soudain il eut l'idée de créer  un miroir qui disait  si une personne est  bonne ou si elle est mauvaise  (si la personne est bonne elle se verrait avec des couleurs sur elle  mais si la personne est mauvaise le miroir la montrerait en noir et  blanc pour qu'elle puisse changer de comportement) Aaron dit ceci a   Arthur :
 -Arthur, je vais bientôt mourir et il faut quelqu'un pour me remplacer et pour montrer aux autres le miroir ; Ce sera toi
  
 - Et si je me trompe sur une formule ou que je casse le miroir 
  
 - Ne t'inquiètes pas tu vas y arriver je le sens au plus profond de moi 
  
 - je te laisse choisir c'est toi qui va le montrer aux autres
  
  - Très bien je l'appellerai le miroir de vérité
  
 - Très bon choix de nom 
  
 - Tu vas me manquer Aaron
  
 - toi aussi tu vas me manquer Arthur 
  
 Et sur ses mots ils s'embrassèrent
  
 -  Mais Aaron 
  
 - Oui Arthur 
  
 - Sais-tu- quand tu vas partir ?
  
 -  Je partirai dans quinze jours 
  
 - Donc j'ai quinze jours pour me préparer 
  
 -  Oui c'est ça 
  
                             15 jours plus tard 
  
  
 Arthur fait alors ce que Aaron  lui avait demandé et il montra le miroir de vérité mais un jour  quelqu'un vient pour voir le miroir de vérité et dit" je suis Nathan et  je suis venu pour voir le miroir de vérité qui montre si la personne est  bonne ou mauvaise 
  
 Arthur : D’accord Nathan, moi je suis Arthur et j’étais l'apprenti de Aaron le sorcier qui a créé ce miroir 
  
 Et il vint se mirer mais on le  montra en noir ce qui veut dire qu'il était mauvais (En effet ce Nathan  était mauvais il volait). Arthur tente de lui expliquer que ça veut dire  qu'il doit changer de comportement mais c'est trop tard Nathan est fou  de rage il est tellement en colère qu'il casse le miroir et part en  courant chez lui. Et tout le monde rentre comme le miroir est cassé.  Mais le soir quand Nathan dort, il entendit un drôle de bruit. La  lumière s’allume puis s'éteint ; la fenêtre s’ouvre et il entend une  voix qui dit : Nathan 
  
  Qui êtes-vous et comment vous connaissez mon nom ?
  
 - je suis Aaron, celui qui a créé le miroir de vérité que tu as cassé.
  
 - Ce miroir a dit que j’étais méchant.
  
 - Arthur a voulu te dire que le  miroir de vérité était fait pour changer la personne si elle est  mauvaise mais pas pour la punir mais toi tu as cru que c'était pour  punir.
  
   -Oui j’ai cru que c'était pour punir.
  
   - Maintenant tu dois être puni pour ce que tu as fait
  
  - Non s'il te plait que dois -je faire pour ne pas être puni
  
 - tu dois aller à l'atelier de  Arthur et tu apprendras la magie pendant 6 ans et la bas tu trouveras la  formule du miroir de vérité que tu vas lire pour le créer encore . 
  
 -  D 'accord demain je le ferai
  
 Et le lendemain il va à  l'atelier de Arthur ; mais Arthur sachant qu'il avait cassé le miroir ne  le laisse pas entrer mais Nathan lui dit: Ne t'inquiète pas je ne suis  pas venu pour te faire du mal et je suis désolé d'avoir cassé le miroir  de vérité.Je pensais qu'il était fait pour punir mais j’ai su qu'il  était fait pour changer grâce à Aaron  qui est venu la nuit dernière. Il  m'a dit de venir dans ton atelier pour que j’apprenne la magie pendant 6  ans et reconstruire le miroir de vérité encore une fois 
  
 - : D’accord suis moi
  
 Et il apprend la magie pendant 6 ans et après 6 ans ils reconstruisent le miroir de vérité.
  
  
  
                                    6 ans plus tard 
  
  
 Un jour le frère de Nathan,  Mathias était un voleur et quand il apprend que son frère qui était un  voleur apprend de la magie avec un sorcier il devint jaloux car lui  aussi était un voleur mais il n'avait jamais appris la magie avec un  sorcier et il eut l’idée de cassé le miroir de vérité et de faire croire  que c’est son frère qu'il l’avait cassé.
  
 Cette nuit Mathias pris le  bracelet de Nathan alla à l'atelier de Arthur et il cassa le miroir de  vérité et laissa le bracelet par terre à côté. Le lendemain quand Nathan  et Arthur se réveillent ils sont choqués de voir le miroir cassé mais  soudain Arthur reconnaît le bracelet de Nathan et aussitôt il accuse  Nathan d'avoir cassé le miroir de vérité mais Nathan lui dit : ce n’est  pas moi.
  
 - Si c’est toi ,c’est toi qui portait ce bracelet hier
  
  - Oui c'est vrai mais ce n’est pas moi
  
  - Si c'est toi tu partiras aujourd'hui même 
  
  
 Et sur ces mots il s'en va à  contre cœur. Quand Mathias apprend que son frère a été renvoyé, il fut  fou de joie. Mais une nuit Arthur dormait mais une voix le réveille qui  dit : Arthur 
  
  - Oui qui est- ce ?
  
 - C’est moi Aaron
  
 Bonsoir Aaron 
  
 - Bonsoir je suis venu te dire que ce n'est pas Nathan qui a cassé le miroir de vérité.
  
  
 -Comment cela est-il possible, on a retrouvé son bracelet à côté des déchets du miroir 
  
 - Oui c'était son bracelet mais  c'est son frère Mathias qui a cassé le miroir de vérité et c’est lui  qui a posé le bracelet de Nathan pour faire croire que c’était lui car  il était jaloux
  
 -   D'accord je vais le dire à Nathan 
  
 -Merci beaucoup Aron
  
 -De rien Arthur 
  
  
  Et le lendemain il va chez Nathan 
  
 - Écoute Arthur si c'est toujours à cause du miroir je voulais te dire que ...
  
  -Non ne t’inquiète pas je sais  déjà que ce n’est pas toi. Aaron est venu me voir cette nuit et m'a dit  que ce n’est pas toi qui l’a cassé mais c’est ton frère Mathias qui a  cassé le miroir et qui a mis ton bracelet à côté du miroir pour qu'on te  croit coupable. 
  
 -Va chez ton frère Mathias et  dit lui de venir ici car j'ai quelque chose à lui dire et qu'on sait que  c’est lui qui a cassé le miroir de vérité pour  qu'on te revoie car il  est jaloux de toi 
  
  
 Et sur ces mots il s'en va chez son frère 
  
 Quand il arriva chez son frère il lui dit : Bonjour Mathias 
  
 -Bonjour Nathan je voulais te dire que je suis désolé qu'on t’ai renvoyé  
  
 - Arrête de jouer la comédie 
  
 -De quoi tu parles ?
  
 -Tu sais très bien de quoi je  parle, je parle du fait que c'est toi qui a cassé le miroir de vérité et  que c'est toi qui a mis mon bracelet à côté pour qu'on croit que c’est  moi, tout ça par jalousie.
  
  -Pourquoi tu dis cela, as-tu des preuves ?
  
 - Oui j'ai une preuve, le  sorcier qui a créé ce miroir Aron est apparu hier soir à Arthur son  apprenti et il a dit que ce que je viens de te dire 
  
 - : Je ne te crois pas.
  
 -Si tu ne me crois pas vient à l'atelier de Arthur avec moi Et il te le dira par lui-même en plus il veut te voir.
  
 Mais Mathias à tellement peur  qu'il fuit à toute vitesse. Nathan se met à courir derrière lui mais  Mathias réussi à se cacher dans la forêt. Nathan le chercha pendant des  heures mais ne le retrouva pas jusqu'à ce qu'il abandonne et va chez  Arthur en lui disant : Arthur, Mathias s’est échappé je lui ai dit de  venir ici mais il a fui. J’ai essayé de le rattraper mais ils réussi à  se cacher dans la forêt 
  
  : Il faut qu'on sache où il s'est caché 
  
  : Mais Arthur il faut d'abord refaire le miroir de vérité 
  
  -d'accord mais d'abord est-ce que tu veux revenir travailler à l'atelier ?
  
  -Oui je veux bien, mais le  miroir de vérité se casse beaucoup donc je me disais qu'on peut faire  une barrière magique pour protéger le miroir de vérité.
  
 - c'est une très bonne idée on peut s'y mettre dès maintenant 
  
 - D'accord 
  
 Et tous deux construisent une barrière pour le miroir de vérité 
  
  
                                         20 jours plus tard 
  
 Ça faisait déjà 20 jours que Mathias était dans la forêt mais un jour Nathan dit à Arthur :
  
 - bonjour Arthur 
  
 -bonjour Nathan 
  
 -je voulais te dire que ça fait déjà 20jours que mon frère est en forêt, je voudrais partir en forêt pour essayer le retrouver
  
 -D'accord mais je t’accompagne, ton frère est jaloux de toi donc il peut te tuer 
  
 - D'accord j’accepte
  
 Et il parte en forêt 
  Quand il arrive Arthur dit à Nathan :
  
 - Moi je vais à gauche et toi tu vas à droite comme ça on aura plus de chance de le retrouver
  
 - d'accord dit Nathan
  
 Nathan chercha alors de son  côté et Arthur de l'autre mais personne ne le trouva. Soudain une  feuille d'un arbre tombe sur Nathan. Nathan regarde alors au-dessus de  lui et vit alors Mathias.  Mathias ayant remarqué que Nathan l'avait  trouvé descendit de l'autre côté de l'arbre et se mît à courir. Nathan  se mît à sa poursuite, en chemin, il rencontre Arthur. Et Arthur se mit à  courir comme il avait une  baguette magique il prononce une formule qui  enferme Mathias dans une cage. Ils le ramenèrent à l'atelier et il le  laisse dans sa cage. Le lendemain tout le monde vient pour le miroir de  vérité et au fur et à mesure certains méchants finissent par changer.  Quand à Mathias il reste enfermer jusqu'à l'éternité dans sa cage.
  

"L'étymologie du ridicule" de Thibault J.P.
Dans  le domaine de la linguistique diachronique, nous observons les mots et  leur provenance, entre autre l'étymologie. Parfois, dans ce domaine,  nous retrouvons des mots dont l'origine est assez normale, ou peu  choquante, par contre parfois les mots apparaissent assez étrangement,  et assez soudainement.
  
 Parmi ceux-ci, nous retrouvons  le mot « Ridicule », dont nous n'avons l'origine que grâce à la  tradition orale. En effet, ce mot a pendant de nombreuses années  intrigué les linguistes, les scientifiques de haut calibre, et même les  biologistes et les physiciens qui s'aventuraient dans le domaine de la  phonétique et de la physiologie humaine. L'origine exacte a toutefois pu  être retracée à un petit village en Provence, et à des évènements  quelque peu particuliers.
  
 C'est au 19ème siècle que le  linguiste Rodrigue Petitipontont retraça le mot au village en question.  Celui-ci observait l'orthographe originale rizdicule et plus  anciennement rizdiculo. Espérant trouver quelque chose que personne  n'aurait vu avant, il vérifia les sources déjà vérifiées d'après  lesquelles les linguistes avant lui avaient trouvé l'orthographe, et,  par chance, il trouva en effet du nouveau :les auteurs employant ce  terme dans leurs textes avaient tous voyagé en Provence. Étudiant plus  profondément la question, il remarqua que les auteurs provençaux  utilisaient plus souvent ce mot. Non seulement cela, mais ils  l'utilisaient dans un sens différent ; en plus d'attribuer au mot le  sens habituel de « complètement con », il lui était accordé parfois les  sens de « extraordinaire », « difficile à croire », et parfois un  troisième sens de « peu attrayant ». Il remarqua que le sens de «  farfelu » ou « débile » semblait être non seulement le sens le plus  nouveau, mais un sens créé par les non-provençaux au fil du temps,  progressivement employé par les autochtones également.
  
 Parti enquêter sur le terrain,  Rodrigue se renseigna auprès de la population ; il lu des  correspondances personnelles, questionna des gens qui n'en savaient trop  rien... La quête l'amena finalement dans un petit village au milieu des  champs et du vent. Par hasard, en passant devant le cimetière, il  remarqua une tombe sur laquelle il était inscrit le nom Jésus Vigneron  sous titré « Miraculeusement rizdiculo ». Quelle étrangeté ! Allant  consulter les registres, il trouva l'acte de naissance de ce J. Vigneron  quelques siècles avant. Né d'une mère : Barbe Vigneron... aucun père.  Naissance sans père ? Cela arrivait à l'époque même si c'était bien  souvent caché, ou camouflé d'une façon ou d'une autre.
  
 « Miraculeusement rizdiculo »,  qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire ? Rodrigue ne comprenait rien.  Si près du but, il décida d'aller au Chiquito du coin pour méditer  devant un verre de rouge. Ce sont toujours dans les bars, les tavernes  ou les auberges que l'on rencontre des énergumènes fascinants,  intriguants, et les barmans, taverniers ou aubergistes entendent tout  derrière leur comptoir ou près des fûts et des casques.
  
 Le propriétaire de  l'établissement, voyant l'air abattu de notre protagoniste, lui demanda  ce qui n'allait pas. Lorsqu'il relata son métier peu commun et sa quête,  le barman lui demanda à quoi bon trouver. Rodrigue ne savait pas quoi  dire. « Pour savoir ! » lança-t-il, expliquant à quoi servait la  linguistique diachronique, expliquant le trou que son enquête  laisserait, mentionnant que d'autres encore chercheraient à expliquer ce  mot après lui, s'il échouait.
  
 Finalement, le tavernier lui recommanda d'aller à l'église rencontrer le curé.
  
 Le curé du village était un  homme presque centenaire, portant soutane, un air posé et sans façon. La  chapelle était petite, et l'on y retrouvait étrangement rien qui  pouvait avoir quoi que ce soit à faire avec un hostie ; par contre, l'on  y retrouvait un réchaud et des paquets de riz.
  
 Ils étaient assis devant la  chapelle, au soleil, et Rodrigue interrogea le prêtre qui prit un moment  pour répondre. Il parlait avec un vieil accent, et s'exprimait  clairement. Il entama :
  
 « Ce n'est pas quelque chose  dont nous parlons normalement, et je vous préviens que lorsque vous  écrirez votre travail, vous aurez l'impression que cela aurait tout  aussi pu ne jamais être fait. Vous n'êtes pas le premier à venir ici.  Dans le village, on est tous au courant pourtant, on en parle encore  régulièrement, et ça nous a marqués. Ça aurait dû marquer le monde  entier.
  
 « Vous avez remarqué que nous  avons du riz dans l'église ? C'est car ici – nous ne l'avons pas dit à  qui que ce soit d'autre, nous le faisons sans en informer les cardinaux –  nous savons que ce n'est pas du pain que Jésus nous offrait, mais du  riz.
  
 « Il y a quelques siècles  maintenant, une jeune femme est tombée enceinte vierge. Ça vous rappelle  quelque chose, bien sûr, eh bien tout le monde la traitait de trainée.  Bien sûr, quand c'est pour le salut de leur âme, les hommes sont prêts à  tout – ils sont égoïstes – mais lorsqu'il s'agit de croire autrui, même  dans le plus fantastique, ils sont méchants et rigides. Éventuellement,  le curé de cette petite église défroqua : il dit qu'il était le père,  et l'on cessa d'insulter la jeune femme. Ce jeune curé travailla dans  une ferme quelques années, puis fabriqua du savon à la lavande. Dans sa  confession auprès de son remplaçant, ce n'est pas le péché d'adultère  qu'il confessa, mais celui du mensonge : il dit que cette jeune femme  était bel et bien vierge, et qu'il pourrait se produire le retour du  christ, d'après lui.
  
 « En effet, l'enfant qu'ils  appelèrent Jésus était très spécial à sa naissance. Le curé refusa de se  faire enregistrer comme père de l'enfant, et l'enfant porta le nom de  sa mère. Officiellement, l'ex-curé dit que c'était pour protéger  l'enfant de la honte que son nom portait alors, une excuse du genre.  L'enfant est né avec une capacité très particulière. Dieu nous envoyait  en tout cas un message très clair ; il fallait finir la faim.
  
 « Le petit Jésus, revenu parmi  nous, n'a jamais déféqué de façon normale ; il chiait du riz. Du riz  blanc, du riz brun, du riz frit. Parfois, il nous sortait du riz avec  des petits pois dedans, ou des petits morceaux de carotte. Vous savez,  il y a quelques centaines d'années on ne savait pas réellement ce que  c'était que le riz ; les parents pensaient qu'il s'agissait de vers.  Étrangement, les vers n'étaient pas vivants, ils étaient rigides. Voyant  que l'enfant était en bonne santé, et persuadé qu'il était le retour du  divin, son père adoptif chercha à trouver ce qu'était cette substance.  Éventuellement il trouva : c'était un grain venu d'Asie. D'Asie ! Il ne  faut pas oublier que notre Jésus de Nazareth était en soi, Asiatique si  l'on veut. Certains le proclament africain, d'autres le peignent blanc,  blond, avec des yeux bleus (n'importe quoi!), mais le fait est que c'est  l'embouchure de l'Asie, le proche-orient. C'était très symbolique !
  
 « Un soir son père adoptif  s'essaya pour la première fois – alors que le jeune Jésus avait rempli  une petite casserole d'un beau riz frit aux légumes, il goûta. C'était  bon ! Un grain ferme, goûteux, de bonne qualité, qui se digérait bien.
  
 « Il a fait une faute par  contre ! Un soir, il rassembla le village – encore plus petit à cette  époque – pour montrer de quoi était capable son fils. Il déclara alors  qu'il n'était pas le père, qu'il avait voulu sauver l'honneur de la  jeune femme, et que l'enfant produisait, en lieu de caca, un grain  asiatique nommé « riz », qu'il avait lui-même goûté et qui était bon !
  
 « Essayez d'expliquer cela à  des gens sans éducation et sans foi, mon pauvre ! On lui donna le surnom  de « mon père mange-caca » ! Mais il continua de suivre sa foi.  Parfois, le petit Jésus faisait des choses pas très loin du miracle,  mais cela n'a pas forcément marqué grand monde – lorsque l'on fait  l'impossible pour aider une personne ou deux, généralement ils sont  impressionnés et reconnaissants quelques jours, mais ils oublient ça  vite. Non, le moment où les gens ont remarqué que le petit Jésus était  en vérité miraculeux, c'est quand la famine est venue.
  
 « Mon bon, on prévoit jamais  une famine, et ça arrive pas si souvent que ça, mais parfois, les  récoltes sont mauvaises, ou on vous prend vos réserves, les greniers  brûlent, qui sait. Cela aurait pu très mal finir. Les gens des environs  se partageaient leurs nourritures, on jeunait, et les gens normaux  n'avaient plus que la peau sur les os. Tous ? Non, la famille du jeune  Jésus était en pleine forme, elle n'avait pas changé d'apparence.  Plusieurs groupes furieux confrontèrent « Mon père mange-caca » en le  traitant de fiéfé, de filou, supposant qu'il cachait de la nourriture.  Il les invitait chez lui, dans son atelier, il les invitait à fouiller  partout, à démonter les granges s'ils le voulaient ! Pourtant personne  ne trouvait rien.
  
 « Ils lui demandaient « Quel  est ton secret ? Comment peux-tu rester si bien, et garder ta famille en  si bonne santé aussi ? », et voilà qu'il leur rappela le grain que  déféquait son fils adoptif, le fils du saint esprit. Les gens pensèrent  qu'ils se moquaient d'eux ; ça ne pouvait pas être possible ! Et alors  le père adoptif de Jésus organisa des soupers, pour le village tout  entier. Ce qui était d'autant plus surprenant, est que Jésus semblait  pouvoir déféquer en proportion du nombre de gens à nourrir. C'est  lorsque tout le monde eut mangé à sa faim que l'ancien curé leur fit  penser à cela ; ce jeune garçon avait déféqué suffisamment de grains  pour nourrir le village en entier ! Il devait faire disparaître la faim,  la souffrance...
  
 « Les gens arrêtèrent d'être  pliés en deux sous la douleur que cause la faim, il se portaient bien...  les sceptiques disparurent. Le consensus devint unanime : il y avait  miracle de notre seigneur. Tout respect est revenu, plus grand qu'il ne  l'était avant à mon père mange-caca pour sa bonté, son courage, sa foi.  Le « riz » était devenu nourriture miracle, garantissant le bien-être et  la vie du village, de la commune. « Riz di culo » on s'est mit à dire ;  miraculeur, rizdicule. Le riz, c'était meilleur que le pain, c'était  plus important, plus réel, la réalisation. À la place de mange l'hostie,  tout le monde recevait une cuillerée de riz fraîchement déféqué par le  petit Jésus. Avec sa nouvelle signification, nous en lancions sur les  mariés pour leur porter chance, bonheur, pour qu'ils n'aient jamais  faim.
  
 « Mais vous savez, Jésus n'est  pas notre dieu immortel. S'il n'avait pas été tué une première fois, il  aurait été mort de vieillesse ; tout le monde rejoint le royaume de  Dieu, même lui. Et Jésus, qui était descendu parmi nous, ici même, il  est devenu vieux, et il s'est éteint, au bel âge de quatre-vingt quinze  ans, ce qui était bien vieux pour cette époque. Et à cet âge, il  continuait de nourrir les gens. Certains enfants venaient chez lui avec  leurs bols pour qu'il s'accroupisse, et leur remplisse, pour leur  déjeuner.
  
 « N'ayant plus Jésus pour nous  donner notre riz, on installa le nécessaire dans l'église. Les visiteurs  ne comprenaient pas, et... comment dire... tout comme l'on s'était  moqué de mon père mange-caca avant que l'on n'aie pas le choix que de le  croire, l'on s'est moqué de nous. Hé oui ! C'est ce qui s'est passé !  Personne ne nous croît, comme vous ne me croyez peut-être pas. Et même  si vous me croyiez, vous n'écrirez probablement jamais cette histoire !  Alors que nous disons « Riz di cul' ! C'est merveilleux », les voyageurs  comprenaient le fait de chier du riz bien différemment, ça a donné «  ridicule », dans le sens qu'on l'entend maintenant. »
  
 Rodrigue, quelques peu  déconcerté, remercia le curé, et lui serra la main. Il ne savait que  trop penser, mais après avoir reformulé certains témoignages, il pu  ajouter dans les dictionnaires étymologiques de la langue française «  Ridicule, aussi rizdicule, anciennement rizdiculo : mot d'origine  provençale formé d'après une admiration devant les premiers imports de  riz ».
  
    L'étymologie du ridicule by  Thibault Jacquot-Paratte is licensed under CC BY-NC-ND 4.0. To view a  copy of this license, visit http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/

"Compromis en amour : L’homme de ma vie" de laurene B.
Rashita  est une femme rêveuse, rêveuse d’une vie magnifique dans laquelle elle  incarnerait le rôle principal. Le rôle d’une femme secourue par un bel  étalon, mais voilà la réalité est que tous les hommes ne sont pas des  gentlemen et encore faudrait-il qu’elle ait un amoureux. Notre belle  Rashita est célibataire, elle vit une vie calme, elle attend que son  prince charmant vienne la sortir de cet ennui qui la range. Elle désire  une vie d’épouse des plus passionnantes. En fait elle en a fait des  mariages. Eh oui ! Organisatrice de cérémonies, elle en a porté des  robes de demoiselles d’honneur. Et aussi celles d’accompagnatrice de la  mariée. En gros elle était parée pour le jour-j, son jour à elle. Comme   chaque jour à son réveil elle se faisait une bonne tasse de café,  allumait la télévision histoire de s’informer, préparait son bain puis  allait se doucher. Elle aimait faire de longues heures de bain,  heureusement qu’elle était PDG de sa propre boite d’organisation de  cérémonies. Après son bain elle prenait le soin de bien s’essuyer avant  de se vêtir, elle faisait également attention à sa ligne.
 Mince ! j’ai légèrement pris du poids, j’ai dû abuser de la pizza. Pffffff ! que vais-je faire ? 
 Elle s’habillait, puis s’en allait pour la boite.
 Dès que l’un des travailleurs apercevait sa voiture, il le signalait et ça chuchotait dans les couloirs.
 Madame est là. 
 Madame est là, arrêtez de chuchoter et mettez-vous au travail. 
 Et lorsqu’elle franchissait le seuil de la porte tout le monde criait. Certains la saluait en se penchant un peu et disaient
 ​ 
 Tandis que les autres restaient parfaitement droite et penchait légèrement la tête.
 Soyez la bienvenue, madame Rashita. 
 Elle ne répondait pas se  faisait juste signe de la tête et même là ça dépendait se son humeur.  Puis elle entrait dans son bureau et se mettait à travailler.  Mais ce  jour-là elle ne fit que s’asseoir puis décida de sortir.  Aucune envie  de travailler, elle appela donc ses copines Anna et Jasmine ses deux  meilleures amies et amies d’enfance, pour aller faire du shopping.  Rashita se défoula un peu et oublia sa vie solitaire. Ensemble elles  montèrent dans sa Lamborghini rouge foncé et voilà.
 Nous sommes arrivées les filles, nous pouvons descendre. 
 Mais à peine furent-elles arrivées que Rashita ressentie une chair de poule.
 Ça fait un moment que je me sens suivie; 
 LOL ! mais oh ! détends-toi Rashi, t’es une bombe ! Normal que les mecs te suivent. 
 Jasmine était la plus décoincée  de la bande, elle avait toujours un truc sympa à dire pour mettre de  l’ambiance. Elles firent leur shopping, dévalisèrent les magasins et  finirent par s’en aller dans un restaurant super chic.
 Elles étaient assises dans un  coin super sympa, leur coin fétiche, elles étaient très connues et  appréciées du propriétaire. Eh oui ! Ça fait partie des avantages  lorsqu’on sort avec le proprio, il était friqué et fou amoureux de sa  belle Jasmine. La seule de la bande à ne pas avoir de mec était Rashi,  bien sûre qu’elle avait des prétendants mais elle se voyait mariée à un  mec super riche voire ultra riche, américain avec un niveau doctorat  voire plus. Elle était exigeante. Jasmine et Anna se racontaient leurs  histoires d’amoureux qui ne semblaient pas intéressées notre belle au  bois dormant, car elle somnolait.
 Non, mais Marc est génial  (Marc est le copain à Anna) il m’a emmené hier à une virée en bateau,  c’était beau et je vous jure qu’on a passé une soirée plutôt agréable 
 ​ 
 Eh Rashi réagis pas comme ça, c’est pas notre faute si tu n’as pas de mec. 
 Tu veux dire quoi par-là Jasmine ? 
 T’es trop imposante, les mecs ont peur de toi. 
 N’importe quoi ! 
 ​ 
 On se tire, je suis fatiguée. 
 Dès qu’elle se fâchait elle  imposait aux autres de quitter le lieu où ils sont. En partant Rashita  se rendit compte qu’avait oublié ses clés de voiture, elle alla les  chercher puis lorsqu’elle rejoint ses deux amies, elle se retrouva nez à  nez avec un homme qui se mit à genoux devant elle tenant une fleur  rouge. Il était plutôt pas mal, un visage rayonnant, des yeux marron  clairs et un sourire fabuleux. Il n’avait pas d’accent peut-être bien  était-il africain du Congo Brazzaville. On ne sentait rien qu’en le  voyant qu’il était de la classe moyenne. Il souriait comme un petit  enfant, le genre de sourire innocent.
 Madame cela fait un moment  déjà que je vous remarque et je dois avouer que je ressens pour vous une  attirance particulière, lorsque je vous vois je me sens envahis de  bonheur, votre sourire a rendu plusieurs de mes journées très agréables.  Dans l’enfer de mon quotidien je vous ai vu, vous, la lumière qui  éclaire mes jours sombres. Rashita s’il vous plait je ne suis sans doute  pas le plus parfait des hommes, mais si vous permettez, non si tu  permets que je te serve tu verras que derrière mon apparence banale se  cache un homme ordinaire qui depuis ta rencontre est devenu moins  ordinaire qu’avant , voudrais-tu s’il te plait me faire l’honneur de ta  compagnie dans ma vie si tristounette ? 
 Tous ceux qui étaient là à cet instant étaient stupéfaits, certains s’arrêtèrent pour avoir le fin mot de l’histoire.
 Je n’y crois pas, il a osé 
 Ses copines étaient toutes excitées, elle les regarda et vit que Jasmine lui faisait un de ses regards.
 Eh ban ! tu viens Anna, le pauvre il va se prendre un de ces râteaux on y va ou pas ? 
 Rashita se sentit frustrée,  Jasmine avait vraiment le don de l’énerver, elle la regardait avec son  air qui disait (aller, te gêne pas et remballe le, de toutes les façon  j’ai toujours raison te concernant), elle aurait normalement dû le  remballer mais le comportement de Jasmine l’en rageait à un point et  puis cette déclaration n’était pas si mal.
 Je veux bien passer du temps avec toi. 
 ​ 
 On peut y aller tout de suite, tu m’emmènes ? 
 Le garçon était déboussolé on  aurait dit qu’il rêvait. Il se mit debout ne vit pas le poteau qui se  trouvait en face de lui et s’y cogna la tête. Puis, il se ressaisit  lorsque Rashita se pointa devant une des voitures présentes, il y avait  une Prado, une RAV4 … Mais cette dernière se dirigea vers une RAV4,  voyant son allure elle se dit qu’elle devait-être être à cet homme.  L’homme s’avança et lui ouvrit la portière, elle entra et remarqua  l’odeur délicate qui en ressortait. Ils arrivèrent chez lui. C’était  assez sympa, l’intérieur était propre et bien rangé, il y avait pleins  de cadres photos accrochés au mur. 
 La maison avait un salon, deux chambres, une salle de bain et une cuisine.
 Il la fit s’asseoir sur le  canapé, lui apporta du jus avec quelques gâteaux et se retira un moment.  Elle était au salon, elle regardait des albums photos et tomba sur son  téléphone qu’elle se permit d’allumer sans aucune  gêne. Après tout ce  mec était pratiquement un inconnu, elle lisait un beau message d’amour  et fit interrompu par le jeune homme.
 Tu peux venir s’il te plait. 
 En se levant elle vit que la  table était mise et qu’il y avait pleins de bons délicieux plats. Elle  se mit à table il comprit  qu’elle se méfiait, il goûta tous les plats  devant elle et se leva pour la servir.
 Tu prends vraiment au sérieux  cette relation toi. Tu ne me plais pas, t’es pas mon genre mais mes  amies me trouvent trop dure. Je vais leur montrer que ce n’est pas vrai.  Du coup tu vas jouer le coup et leur faire croire que nous sommes en  couple jusqu’au jour où j’en aurai décidé autrement. 
 Okay pas de soucis; mais par contre j’aimerais que tu dînes le plus souvent avec moi. 
 C’est compris. Mais juste si j’ai le temps. 
 Ils mangeaient et elle donnait  l’impression de vraiment apprécier le plat, elle en redemanda encore.  Ils discutèrent un peu, en réalité c’était le qui parlait le plus, une  sorte de monologue .Il lui dit que sa grande passion était la cuisine et  qu’il passait son clair de temps dans un des restaurants de la ville.  Elle apprécia énormément ce moment. Par la suite l’homme la déposa chez  elle, elle déposa son sac sur lit, se débarbouilla ; trop épuisée pour  prendre une douche, elle se mit au lit, ouvrit son sac , c’est alors  qu’elle remarqua un petit bout de papier.
 Quitte à faire semblant, allons y jusqu’au bout, voici mon numéro… Alex du restaurant. 
 Elle se dit que la vie se  moquait vraiment d’elle, lui envoyer un cuisinier, n’avait-elle donc  plus de charme ? Malgré tout la journée était magnifique. Une telle  déclaration qui n’en rêverait pas. Je pense que ce jour-là elle fit un  rêve merveilleux. Et du jour au lendemain sa vie bascula. Elle aimait  trainer avec  Alex, il était un peu comme l’ami qu’elle n’avait pas eu  la chance d’avoir. Un homme comme ami ça la changeait, elle pouvait  enfin éviter ses copines et les regards des autres.
 Dis Rashita, ça te dit qu’on aille chez moi, je te ferai à manger et on pourra un peu discuter. 
 T’es gentil mais j’aimerais qu’on se fasse un bon resto, j’ai trouvé ! Et nous allons prendrema voiture. 
  
 Ils entrèrent dans sa belle décapotable  et direction le restaurant *L'étoile de la nuit*
 Il y avait là une ambiance  océanique,  un très grand aquarium avec divers poissons et même s'il  voulait le cacher, on sentait bien qu'Alex était joyeux. L’océan  semblait lui rappeler de beaux souvenirs. Ils prirent une table.
 Monsieur, Madame que prendriez-vous? 
 Pendant qu'elle réfléchissait pour enfin se décider, Alex commanda :
 Un poisson cuit à l'étouffé  avec du manioc et du vin rouge pour moi et pour Madame (elle leva la  tête et le regarda silencieusement) des crevettes de mer façon sauvage  accompagnées de bananes cuites et d'une bouteille de jus nature. 
 Excellent choix Monsieur. 
 Le serveur s'en était allé et Rashi prit la parole.
 C'est bluffant c'est un peu comme si tu lisais en moi. 
 C’est lorsque t'as vu cette fille dans la rue mangé des crevettes que t'as voulu d'un bon resto, j'ai facilement fait le lien. 
 Le repas était enfin servi.
 Bon appétit ! 
 Ils dévorèrent leurs assiettes sans parler, elle avait vraiment faim et Alex la regardait avec un léger sourire.
 Pourquoi tu me regardes? 
 Il se leva légèrement, prit sa serviette la dirigea vers son joli visage et essuya la sauce qui dépassait de ses lèvres.
 Non, tu n'avais pas grand-chose, juste un peu de sauce. 
 C'était magique. Elle le regarda et parût  un peu timide.
 On devrait peut-être rentrer ? 
 Oui, je conduis. Dit Alex 
 C'est elle qui avait conduit au  départ. Il la prit par la main de sorte à l'aider à se lever, et elle  voyait de dos cet homme ordinaire qui semblait la rendre spéciale. Elle  était bouleversée, elle se sentait comme une petite fille devant son  amoureux, mais ce n'était pas son cas. Elle n’était pas du tout  amoureuse d'Alex, elle l'aimait bien mais pas amoureuse. Bien de jour  après elle passait ses journées à l'éviter mais voilà, elle s'ennuyait  et elle n'avait rien à faire, son téléphone sonna. Elle hésita à le  prendre mais l'ennui était tel qu'elle se sentait mourir à petit feu.
 Salut Alex! T'es sûr ? Okay ça tombe bien je m'ennuyais. 
 Elle se leva, frédonnant une de  ses chansons préférées, c'était magique. Elle se fit belle.  Puis un  moment se demanda pourquoi est-ce qu'elle se faisait aussi belle ce  n'est qu'Alex, mais elle se répondit que l'amour, le vrai pouvait  frapper à n'importe quel moment. Une Rashita se doit d'être belle à en  toute occasion. Elle sortit, ferma sa maison et voilà Alex l'attendait.  Il lui prit les clés des mains
 Laisse-moi faire. 
 Il ferma la maison, puis le  portail. Ouvrit la portière la fit entrer, entra lui-même puis referma  la portière et lui remit ses clés de maison. Elle était habituée à cette  nouvelle façon de faire, elle avait un homme qui faisait tout ce  qu'elle trouvait déprimant à faire toute seule. Ils se rendirent à la  plage. Rashita n'était pas le genre à se baigner mais plus à se faire  désirer, elle avait accepté d'aller à la plage juste pour frimer et  peut-être bronzer. Alex quant à lui se baignait.
 T'es sûr que tu ne veux pas venir nager. 
 Surtout pas merci. 
 Elle se relaxait puis ressentit  soudainement une fraîcheur au niveau de son ventsre et de son visage,  un corps étranger. C'était de la boue et Alex se mettait à rire.
 Excuse-moi Chérie, je ne t'ai pas vu. 
 Très drôle. 
 Elle se leva se dirigea vers la  mer prit de la terre humide et en fit des boules, elle chercha à les  lui lancer mais Alex les esquiva toutes. Il la fit courir longtemps sur  la rive et les deux amis riaient de vive voix, Alex lui rajouta de la  boue et elle finit par se baigner. Ils avaient passé un moment fort  heureux. Ils étaient fatigués, portant il la raccompagna chez elle, non  pas devant le portail mais dans sa maison et s'en alla après ça. Rashita  lui fit une bise sur la joie._
 ​ 
 Prends soin de toi. 
 À peine se mit-elle sur le fauteuil qu'elle recevait un message.
 “Eh oh! Mais où t'es passée, ça  fait un moment que je ne te vois pas. J'espère que t'as pas oublié mais  demain ta une soirée super importante”. Elle avait oublié, mais elle  décida de ne pas y penser pour l'instant et de se détendre. Les jours  tristes et solitaires qu'elle passait étaient bien loin derrière elle.  Ce jour-là elle se disait que la vie n'était pas si cruelle, Alex était  un peu comme son médicament contre ces moments de tristesse. Il était  toujours disponible pour elle, ça lui faisait plaisir. Le lendemain en  voulant regarder son téléphone elle remarqua 10 messages non lus et 10  appels manqués. Il avait pour habitude de l'écrire de bonne heure ou de  l'appeler pour avoir de ses nouvelles. Et en regardant l'heure il était  13heures._
 Ma tête ! C'est quoi ça! Je suis hyper fatiguée. 
 Elle se leva et se dirigea vers  la porte de la maison et remarqua un bouquet de fleurs avec un mot  “mange bien et sois prête pour ta soirée, tu seras la plus jolie”. Alex
 Elle eut un sourire, et mangea  avec joie et tendresse. C'est beau un mec qui pense tout le temps à toi  se disait-elle. Et elle espérait que son prince charmant  soit plus que  ça. La nuit venue elle se prépara, elle se fit belle, elle devait y  aller seule, c'était une soirée d'affaire. Mais elle se sentit triste,  depuis qu'elle l'avait connu ils étaient devenus inséparables. Et comme  elle se sentait déprimée elle voulait rester. Mais Alex lui fit signe de  s'apprêter qu'il irait la déposer puis la récupérer. Elle fit comme il  le dit. Il la complimenta et elle répondit légèrement : «une belle femme  comme moi n'a pas besoin qu'on lui dise qu'elle est magnifique, elle le  sait.» il aimait ce côté-là d'elle, une femme sûre d'elle et qui a  confiance en ce qu'elle est. Il la déposa lui fit une bise sur la main  et s'en alla.
 C'est Madame Rashita, PDG de la boite qui a organisé la soirée. 
 Elle était assise dans un coin peu éclairé avec une ambiance magnifique.
 C'est vous Madame Rashita, ça faisait belle lurette que je n'avais pas vue de femme aussi belle que vous. 
 Elle se redressa et là son cœur  failli sortir de sa poitrine. Et se dit cet homme pourrait commettre le  crime parfait rien qu'en regardant sa cible et personne de s'en  douterait. Rashita ne répondit pas et l'homme s'excusa, il se dit qu'il  l'avait sûrement Fait peur. Mais la vérité était que Rashita ne savait  quoi dire, pour une fois elle se sentait faible. Cet homme était d'une  telle élégance, il était beau et surtout il dégageait chez lui un doux  parfum de leadership. Un charisme sans précédent, le genre d'hommes que  l'on ne s'imaginerait jamais voir apparaître devant nous mais juste dans  une série ou que dis-je dans un film.
 Elle lui fit tout de même signe  de s'asseoir. Il était très bien vêtu, il posa son verre et remarqua  que celui de Rashi était presque vide, il lui recommanda un peu de ce  qu'elle buvait. Et voilà ! Elle en but. L'homme n'était pas très loquace  mais il avait une très belle rhétorique, et il savait parler aux dames.  Tout est dans la gestuelle, il était un très beau parleur. Elle fit  tout de suite sous le charme, ils s'échangèrent de numéros. Puis, au  moment où il voulut lui inviter à danser ailleurs, son téléphone sonna,  son chauffeur était là. En tout cas c'est comme ça qu'elle le présenta à  Franck.
 J'aurais bien voulu continuer cette soirée ailleurs mais mon chauffeur est là, je dois rentrer. Une prochaine fois peut-être. 
 L'homme voulut l'accompagner  mais elle refusa. Elle monta dans la voiture, leur retour fut  silencieux, elle ne parlait pas et lui ne voulait pas paraître  désagréable. Il voulut comme d'habitude l'ouvrir sa maison mais elle  refusa, elle était tellement heureuse qu'elle voulait être seule. Une  fois arrivée l'homme lui écrivit, et là ils s'échangèrent plus de 500  messages en une seule nuit. Et plusieurs jours passèrent ainsi. C'était  magique, elle voulait le raconter à quelqu'un et c'est ta lui qu'elle  pensa, avec tous les amis qu'elle avait, elle pensa à Alex. Comment  pouvait-elle le lui raconter ? Il l'aimait et elle. Seulement elle ne  pensait qu'à son amoureux Franck. Mais Alex lui manquait ça faisait un  moment qu'ils n'avaient pas eu à dîner, un resto ensemble et alors  qu'elle voulait l'invitait c'est l'invitation de Franck qui lui tomba  dessus. “Ce soir à 20h au restaurant LA CROiSADE, j'y serai et si ça te  dit viens me rejoindre, nous passerons une agréable soirée.”
 Elle en oublia Alex et  s'apprêta pour sa soirée à venir. Tout était parfait dîner, puis soirée  dansante. Elle était déchaînée, c’était une si belle journée. Elle était  joyeuse et très heureuse. Elle dormit toute la matinée du lendemain et  vers 13h elle reçut un appel d'Alex.
 Salut Alex! D'accord. 
 Il s'excusa de n'avoir pas pu  être avec elle ces derniers, il avait eu des imprévus familiaux, et il  espérait se racheter.  Une fois chez lui, elle remarqua le sanctieux  décor, il avait mis les petits Plats dans les grands. Il voulait se  faire pardonner et passer un bon moment avec elle. Elle était heureuse  de le revoir. Même si avec Franck c'était Intense elle s'était habitée à  ses délicates attentions. Elle lui avait apporté de petits cadeaux   assez coûteux mais elle appréciait vraiment sa compagnie et il était  lui aussi très heureux. Ils mangèrent tout en bavardant. Elle devenait  plus loquace qu'avant, elle lui parlait de son boulot, sa famille, de  ses contentieux avec ses amies.
 ça ne te dérange pas que je te parler de tout ça ! 
 Non pas du tout, en plus ça me rend heureux de te voir si heureuse. 
 Ils continuèrent leur repas et  elle continua son récit. Elle y passa le reste de la journée, puis  rentra chez elle mais en rentra elle s'arrêta dans un petit restaurant  et y retrouva Franck qu'elle convia à une soirée familiale. Le jour-j,  donc celle de la soirée elle se mit sur son 31 en tout cas elle était  forte belle et tout le monde la regardait avec à ses bras le grand et  célèbre Franck Johnson un entrepreneur de génie, le multimillionnaire de  sa génération qui est-ce qui ne l'envierai pas. Et pendant la fête elle  remarqua un détail, il y avait là un homme qui ressemblait à Alex et  qui était fraîchement vêtu, il était très différent plus élégant et plus  beau mais c'était bien lui. C'était Alex. Il était là avec quelques  amis, des amis particulier et c'était avancé vers eux il les salua.
 Madame, Monsieur, j'espère que  cette fête vous plaît, et que le repas vous satisfera. C'est à ce  moment qu'elle se souvient des paroles de sa mère, le service traiteur  sollicité était le meilleur de la ville. Elle regarda Alex mais il était  très bien vêtu, il avait une montre en or avec des diamants et autres,  mais peut-être de la pacotille, elle n'en était pas sûre. 
 ​ 
 Désolée je dois m'en aller. 
 Elle le rattrapa.
 Je suis contente de te voir 
 Si contente que tu en as invité un autre? Je ne vais pas te le reprocher. 
 Je suis désolée, je m'en veux vraiment. 
 Tu ne m'aimes pas, ce n'est  pas grave mais sache que moi je t'ai aimé et que je t'aime encore. Je te  souhaite d'être heureuse et toujours aussi pleine de vie. Rashita t'es  une femme merveilleuse. Mais tu aurais pu m’éviter de mes faire de faux  espoirs, j’ai cru qu’on se rapprochait 
 Il se retourna et elle ne  comprit pas pourquoi mais une solution saline coulait de ses yeux et  bizarrement elle  se fichait d'abîmer son maquillage. Elle sentait juste  que quelque chose s'était brisée en elle. C'était un adieu, elle en  était sûre. La soirée se termina avec un petit goût d'amertume. Ces  journées étaient redevenues aussi fastidieuses, elle s'ennuyait. Au  départ c'était beau avec Franck mais Alex était celui qui vraiment la  comprenait il comprenait son langage facial. Elle n'avait pas besoin de  parler, il voyait dans son regard ; je pense qu’à ce moment elle comprit  que l’amour ce n’était pas que le coup de foudre. Elle finit par rompre  avec Franck qu'elle croyait être l'homme de vie et se rendit compte  qu'elle avait peut-être perdu celui qu'elle aimait vraiment.  Chaque  jour était une torture et lorsqu'elle crut que tout était finit elle  entendit derrière elle une voix qu'elle crut reconnaître.
 Bonjour Madame, je m'appelle  Alex WINSTON, propriétaire des restaurants LA CROiSADE du monde entier  et héritier de la fortune du célèbre Chef cuisinier WINSTON. Docteur en  économie de gestion. Je parcours le monde à la recherche de nouvelles  opportunités d'affaires mais ces derniers temps j'ai repérée une plus  belle fortune que toutes les autres et je me suis dit que je serai un  Idiot si je ne tentais pas ma chance et la laissait filer 
 Elle se retourna et c'était  bien lui, cet Alex qu'elle connaissait qui la regardait. Il était  accroupi avec une bague en main et une fleur rouge et toute en larmes  elle répondit :
 Je m'appelle Rashita CLAIRSON, propriétaire de la boîte *CLAIRSON Cérémonie*, et je suis très heureuse de vous rencontrer. 
 Enchanté Rashi et il lui mit la bague au doigt. Il s'approcha d'elle et l'embrassa. 
  
 N'est-ce pas beau l'amour ?  Elle l’a rencontré dans un endroit improbable à un moment étrange de sa  vie et finalement même s'il ne convenait pas à ses désirs elle a fini  par en tomber amoureuse. L’amour n’est pas toujours une question de coup  de foudre mais avec du temps en finit par aimer l’autre.

"Il vient un jour pour chacun de nous où les jeux sont faits" de Eloïse P.
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             Le visage baigné de  larmes, la jeune femme avançait péniblement parmi les monticules de  cadavres qui s'empilaient dans les rues désertées de la cité. Des  femmes, des enfants, des vieillards. Quelques jeunes gens aussi, ceux  que la guerre n'avait pas encore réussi à arracher au sein de leur mère.  Les flammes avaient perdu de leur vigueur et ne cherchaient plus à  atteindre le ciel bleu électrique. Les bâtiments avaient brûlé la nuit  entière, donnant à cette ville, dorénavant fantôme, les allures d'une  torche géante. Le grand brasier de la vengeance et de la colère. Dès que  son rythme de progression n'était plus au goût de son ravisseur, on la  poussait sans ménagement cependant que l'on maîtrisait sa force pour  éviter toute chute au sol. Et ces liens qui entouraient ses poignets  endoloris. On les avait fortement serrés, à dessein, autant pour  prévenir une éventuelle fuite que pour la châtier. La corde rêche  comprimait sa chair avec une telle force qu'elle finit par se couper par  endroits, laissant le sang se répandre sur le chanvre pour le rougir.
             La brise matinale  s'engouffra par la double porte sud. Chaque matin, Hélène avait pris  l'habitude de se lever aux aurores pour contempler le magnifique lever  de soleil que l'horizon lui offrait. La mer, à seulement quelques  kilomètres d'ici, les gratifiait quotidiennement de cet alizé  bienfaiteur, dont il fallait absolument profiter avant que la chaleur  accablante n'écrase toute la province jusqu'au crépuscule. C'était la  dernière fois que les bourrasques frappaient son visage et gonflaient  les pans de sa longue robe déchirée, elle le savait. Tout cela  n'existerait plus que dans sa mémoire qui s'étiolerait jour après jour  dès qu'elle serait loin d'ici.
             Dix années de siège  et de guerre. Plus de trois mille six cents jours. La terre sur  laquelle la captive marchait n'était en réalité qu'une immense fosse  commune. La plage portait encore les stigmates des dernières batailles  menées par les deux armées ennemies. Dans un endroit un peu reculé, les  vainqueurs avaient dressé des piques au bout desquelles étaient plantées  les têtes décapitées des Orientaux. Hélène en reconnut quelques-unes.  Mais cette fois-ci, aucun sanglot ne s'échappa de sa gorge nouée. Plus  rien ne pouvait sortir de son corps. Ni pleurs, ni rage. Au loin, sur le  rivage, les bateaux grecs attendaient le signal du départ. Le camp  entier avait été démonté, les brasiers arrosés d'eau pour les étouffer.  On n'avait pas oublié de rendre hommage aux dieux et de leur demander  leur aide pour le voyage du retour. Celui chargé d'amener la jeune femme  jusqu'ici la força à s'installer à même le sable. Ne pouvant rien faire  d'autre qu'observer, elle scruta ce qui défila sous les yeux. Les  soldats s'agitaient pour hisser les derniers objets sur le pont des  navires. Leurs dos s'étaient courbés au fil des ans. Ils avaient perdu  de la superbe qui les enveloppait lorsqu'ils avaient foulé ce sable pour  la toute première fois. Jeunes et vigoureux, ils avaient cru dur comme  fer que ce conflit serait leur sésame vers la gloire éternelle. Après  des années éloignés de leurs foyers, chacun ne rêvait plus que d'une  seule chose : quitter cet endroit maudit et retrouver ceux qu'ils  chérissent, ceux que la mort n'avait pas encore rappelés à elle.
             Son mari fit son  apparition, à une bonne centaine de mètres d'elle. Depuis son arrivée  ici, la jeune femme l'avait revu seulement deux ou trois fois. Il  n'avait pas vraiment changé. Seuls les traits de son visage s'étaient  davantage creusés et durcis. La haine rongeait sa face et ses petits  yeux rentrés ne dégageaient que mépris et aigreur. Son regard se tourna  vers elle, un bref instant. La jeune femme se redressa, espérant un  signe, n'importe lequel. Mais il ne fit rien. Même la toiser aurait  signifié qu'elle avait encore un peu d'importance. Hélène avait  pleinement conscience qu'elle avait tout perdu. Son mari, sa fille et  son amour. Comme il était loin le temps où elle était arrivée sur ce  continent...
  
 ******
             Dix ans auparavant
  
 –    Troie, Troie, toujours Troie !
             Les paroles de  Ménélas raisonnèrent avec une telle puissance que des oiseaux quittèrent  les hauteurs du palais de Sparte, effrayés par les hurlements du roi.  Interpellée par ces échos, son épouse accourut vers lui.
 –    Pourquoi te mets-tu dans ces états ?
             A peine eut-elle  achevé sa question que le roi lui tendit un long parchemin qu'elle lut  entre les lignes, après avoir immédiatement consulté le nom de  l'expéditeur de la missive. Durant sa consultation, Ménélas ne cessa de  marcher de long en large, le regard fixé sur Hélène.
 –    Il est obsédé par Priam et  sa route commerciale. Il croit pouvoir lever une armée grecque pour  marcher sur Troie et reprendre le contrôle du nord de la Mer Egée,  cracha Ménélas en agitant ses bras dans tous les sens.
 –    Tu connais ton frère...dit  seulement Hélène, sans avoir besoin d'apporter davantage d'explications  à Ménélas qui connaissait par cœur les velléités d'Agamemnon.
 Ce dernier alla s'installer sur son trône. La reine le suivit de peu et, tout près de lui, caressa ses cheveux courts et bruns.
 –    Si Agamemnon déclare la guerre à Priam, tu devras le suivre.
 –    Evidemment...commença  Ménélas en détachant son regard du sol noir et pierreux. Mais ce ne sera  pas suffisant pour convaincre les autres rois. Ils ne voudront jamais  le suivre sur ce simple motif.
 –    Sans oublier que s'il  sortait vainqueur de ce bras de fer, Agamemnon renforçerait son assise  sur le sol grec, au détriment des autres, ajouta Hélène, qui se mit à  réfléchir à haute voix.
 –    Ulysse cultive sa terre à  Ithaque et préfère passer ses soirées aux côtés de Pénélope. Quant à  Achille, jamais il ne prendra les armes pour une vulgaire querelle de  marchands. Sans oublier la détestation qu'il voue à mon frère...
             Ménélas dissimula  sa tête entre ses mains, en proie à un dilemme infernal. Hélène le  connaissait bien. S'il acceptait la requête de son frère, ils n'iraient  pas bien loin. La ville de Troie était réputée imprenable, sans parler  de leur armée et de leurs chevaux qui faisaient leur renommée depuis  toujours. Si, au contraire, il la déclinait, Agamemnon n'hésiterait pas  une seule seconde à renier ce cadet, enfant préféré de leur père, qui  avait annihilé toute considération paternelle à son égard. Depuis, il  n'avait cessé de provoquer le destin et saisi toutes les opportunités de  prouver à leur défunt père qu'il était digne de sa lignée. Le couple  royal tenta en silence de trouver une solution qui conviendrait aux deux  parties. C'est Hélène qui, la première, proposa quelque chose :
 –    Le serment de mon père. Il faut l'utiliser. C'est le seul moyen de convoquer tous les rois grecs.
 –    Sans les Myrmidons à nos côtés, il sera bien difficile de vaincre Hector.
 –    Achille attend la bataille de sa vie. Si la Grèce entière se rend sur le sol troyen, il s'y rendra dans l'heure.
             Ménélas sembla soudainement dubitatif.
 –    Supposons que tous ceux  qui ont prêté serment face à ton père se rallient à cette cause...Cela  signifie donc que tu dois entrer dans l'équation ?
             Hélène s'installa  tout prêt de son mari. Dès qu'elle avait lu les mots de son beau-frère,  une folle idée avait prit forme dans son esprit. Il était indubitable  que Troie captait une bonne partie des ressources provenant de l'Est.  Elle profitait des réseaux mis en place depuis des décennies par leurs  souverains et entretenait de solides relations avec les autres barbares.  En détruisant la cité, le commerce s'en trouverait largement  déstabilisé dans cette région de la mer Egée et de nouvelles alliances  devraient être forgées. Or, si la Grèce voulait commercer avec l'Est,  Ilion devait être anéantie. Les chefs Grecs seraient alors les seuls  maîtres de la région. En tant que frère du chef désigné par les autres  rois, Ménélas aurait une place de choix.
 –    Je dois aller à Troie. C'est le seul moyen, annonça la jeune femme.
             Le roi se leva d'un  bond. En proie à une intense réflexion, ses pieds lui firent faire  d'étranges arabesques dans l'immense salle. Immobile et calme, la fille  de Zeus espérait que sa proposition ferait mouche.
 –    Comment comptes-tu t'y prendre ? demanda subitement Ménélas, dont le regard s'était éclairé.
 –    Hector sera là dans  quelques jours. Son père croit encore aux vertus de la diplomatie. Il  espère conclure un marché entre son peuple et le nôtre.
             Hélène marqua une pause cependant que Ménélas l'engagea à poursuivre sa démonstration.
 –    Je m'arrangerai pour  partir avec lui. Je me plaindrai de toi, de ma vie ici et je le  supplierai de m'emmener. Hector est un idéaliste, il m'écoutera.
 –    Non, non...Hector est  loyal et jamais il ne lui viendrait à l'esprit de trahir les efforts de  son père. Il ne prendra pas le risque de briser la fragile alliance que  Priam tente de nouer avec Sparte.
 –    As-tu oublié mon pouvoir de persuasion ? interrogea Hélène, en souriant à son mari.
 –    Crois-moi que non, et je  crois qu'aucun Grec ne peut l'oublier...Mais Hector est Hector. C'est un  fidèle, en amitié comme en amour. Il ne s'approchera d'aucune femme, il  tient trop à Andromaque pour éveiller ne serait-ce que le soupçon de  l'adultère.
             Le couple se  trouvait dans une impasse. L'idée était bonne et viable, c'était un  fait. Mais face à Hector, il était évident qu'elle n'aurait aucune  chance. Il fallut se résigner à changer de stratégie. Pourtant, lorsque  la délégation troyenne franchit les portes de Sparte quelques jours plus  tard, le destin, ou les dieux, peut-être même les deux, offrirent à la  reine la solution pour assouvir les désirs de son beau-frère et hisser  son mari un peu plus près de l'Olympe. Car aux côtés du prince aîné se  tenait un jeune homme inconnu de toute la maison royale. Les lettres de  Priam n'avaient pas fait mention de ce second ambassadeur. Quant aux  espions disséminés sur le trajet, ils ne l'avaient jamais évoqué dans  leurs rapports. Mais au regard des ses vêtements et de sa monture, il  semblait bel et bien faire partie de la famille royale. Et puis il  chevauchait aux côtés de l'héritier du trône. Bien sûr, Hécube avait  bien travaillé en fournissant à Troie des fils à ne plus savoir quoi en  faire. Mais tous, Hector excepté, avaient rejoint les rangs de l'armée  pour y être incorporés en tant que soldats. Et bien que la solidité de  leur éducation ne faisait aucun doute, aucun n'avait jamais été désigné  pour être émissaire. 
             Le soir même, après  que les hôtes se soient délassés et reposés de leur harassant voyage,  les Spartiates les accueillirent en grande pompe dans la salle du trône,  où des tables gorgées de mets plus raffinés les uns que les autres se  disputaient les faveurs des invités. Hélène fit son entrée seule, pas  loin d'une heure après la foule. Son plan était désormais clair, et  l'intrus, qui s'appelait en réalité Pâris, lui offrait sur un plateau  l'excuse qui mettrait en branle la Grèce entière. Le corps oint d'une  huile parfumée et recouverte d'une robe légère et vaporeuse, tous se  turent lorsqu'elle remonta l'allée centrale pour rejoindre son mari.  Tous les regards étaient tournés vers elle, la jeune femme le sentait.  Depuis le jour de sa naissance, on n'avait cessé de lui rappeler qu'elle  était spéciale et sa beauté s'était déployée au fil des années. On joue  avec les armes que les dieux veulent bien nous donner. Celui d'Hélène  avait été précieusement caché dans un coffre pour éviter qu'il ne  s'altère trop vite. Mais aujourd'hui, il était temps de le mettre à  profit, autant pour sa patrie que pour elle. Car la reine comptait bien  graver elle-même son nom sur la stèle de l'Histoire.
             Durant les jours  qui suivirent, Hélène sentit bien que Pâris ne cessait de l'épier. Elle  n'eut pas grand chose à faire. Le jeune homme n'était pas vilain, loin  de là. Plutôt grand, une tignasse brune épaisse sur la tête et des yeux  clairs, il correspondait en tous points au portrait idéalisé du mari  qu'une princesse des environs dressait sans doute lorsque ses pensées  vagabondaient. On ne lui avait pas demandé son avis pour Ménélas. Les  chefs de guerre les plus éminents s'étaient précipités aux pieds de  Tyndare pour lui réclamer sa main. Tous, sauf Ménélas qui avait délégué  cette affaire à son frère. L'aimait-elle ? Elle n'en avait pas la  moindre idée. D'ailleurs, Hélène ne s'était jamais posée la question.  Son époux lui convenait, tout comme Sparte et son statut de reine. Mais  elle en voulait plus. De nature aventureuse, elle avait sentit une soif  naître dans tout son être. Ce besoin avait grandit jour après jour au  point de ne plus pouvoir le contenir. Et ce pauvre prince lui offrait sa  chance sur un plateau d'argent.
             Chaque soir, Hélène  rejoignait Ménélas dans les appartements privés du roi pour mettre au  point la tactique qu'ils appliqueraient le lendemain. Le frère  d'Agamemnon ne s'occupa de rien d'autre que d'Hector et fit traîner les  négociations en longueur pour gagner du temps. Il pinaillait sur chaque  détail, chaque mesure, chaque délai, au point qu'Hector en vain à  désespérer de conclure le moindre accord avec la cité du Péloponnèse.  Quant à la fille de Zeus, elle se rendait auprès de Pâris dès qu'elle le  pouvait. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui racontait toutes les  misères que faisait subir Ménélas à son frère. La langue bien pendue, il  ne se faisait jamais prier pour raconter des tas de choses sur Troie,  Priam, les richesses de l'arrière-pays. Un puits sans fond  d'informations. Durant ces interminables monologues qui lassaient très  vite la jeune femme, celle-ci ne cessait de sourire béatement à Pâris  qui se trouvait grandement encouragé dans ses récits. Le soir même,  Hélène soumit une idée inédite à son époux.
 –    Tu dois t'éloigner de Sparte, Ménélas. C'est la seule solution.
 –    Que racontes-tu ?!
             Ménélas était un  bon chef de guerre, quoique loin d'être brillant, mais il n'avait aucune  imagination dès lors qu'il s'agissait de ruser.
 –    Invente un prétexte, n'importe lequel, qui t'obligerait à quitter la cité pendant quelques jours, rien de plus.
 –    Mais enfin, ce serait délibérément offrir ma femme à ce....ce....
             Les mots restèrent coincés dans la gorge de Ménélas.
 –    Réfléchis...Si tu n'es pas  dans les parages, si ta garde personnelle est absente, j'aurais plus de  facilité à me confier à Pâris...
             Après des années de  mariage, la jeune femme s'étonnait encore que Ménélas ne puisse pas  envisager ces manœuvres d'une simplicité pourtant affolante.
 –    Comment est-il ? demanda Ménélas, en changeant de sujet.
 –    Il manque cruellement d'éducation. Ses années passées auprès d'un chevrier n'ont pas aidé, c'est indéniable.
 –    Il te plaît. Je l'ai vu.
 –    Il est vrai qu'il est  assez beau. Dire le contraire serait un pur mensonge. Mais ses ennuyeux  bavardages et l'air niais qui ne le quitte que rarement achèvent de leur  rendre attirant.
             Ménélas se mit à rire bruyamment et se rapprocha d'Hélène pour lui caresser délicatement la joue.
 –    C'est d'accord. Je partirai. Je n'aurais qu'à dire que mon grand-père est mort. Et ensuite ?     
             La jeune femme ne dit rien et se contenta de sourire à celui qui partageait sa vie depuis plus de dix ans.
            
             Quelques jours plus  tard, Comme ils l'avaient tous deux planifié, Ménélas s'embarqua pour  la Crète où son supposé défunt grand-père l'attendait pour ses  funérailles. Comme Hélène l'avait prédit, Pâris ne cessa de la harceler  pour passer du temps avec elle. Et c'est lors d'une balade dans les  vergers des hauteurs de Sparte que la reine s'épancha sur sa triste vie  entre les murs de cette sordide cité.
             - Je n'ai jamais  été à ma place ici, avoua-t-elle de but en blanc en arrachant une olive  d'un arbre certainement centenaire. J'avais quatorze ans quand j'ai  découvert cette terre. Je n'ai même pas choisi Ménélas. Et malgré mes  nombreux efforts, je n'ai pas réussi à faire naître l'amour entre nous.  J'ai toujours eu la désagréable sensation d'être considérée comme  l'éternelle étrangère. Celle qui ne pourrait pas se conformer aux  coutumes si particulières de ces contrées. Et que dire  d'Hermione...C'est son père tout craché.
             Entre deux phrases,  la jeune femme observait le prince du coin de l'oeil. Les yeux presque  exorbités et la bouche ouverte, il lui faisait davantage penser à un  bœuf que l'on avance pour l'hécatombe qu'à un prince de sang. Les  sourcils rapprochés, il semblait transporté par le discours larmoyant de  la jeune femme.
 –    Viens avec moi Hélène, proposa Pâris en prenant ses mains.   
             Enfin. Enfin il lui  tendait la perche tant espérée. Lui, prince de Troie, allait faire  entrer en conflit sa cité alors qu'il avait été chargé de renforcer la  paix. Avant de lui répondre, Hélène lui souria.
 –    C'est impossible, tu le sais bien...mentit-elle, éhontement.
 –    Si tu m'aimes comme je t'aime, alors tout est possible, assura Pâris.
             Le piège se  refermait avec une cruauté dont Hélène se délecta au fond d'elle. Tout  s'emboîtait parfaitement comme elle l'avait espéré.
 –    Que diront Hector, Priam, Troie ?
 –    Tu seras accueillie les bras ouverts. Tu deviendras...Hélène de Troie.
             L'angélisme du  prince troyen toucha la jeune femme qui s'en étonna elle-même. Un bref  instant, elle hésita à aller plus loin. Bien vite, sa raison se rappela à  elle. Pâris n'était qu'un crétin, à mille lieux de penser que les  conséquences de son amourette retomberaient sur une ville entière, son  père lui-même et sur des centaines d'autres âmes.
            
             Deux jours plus  tard, en plein milieu de la nuit, la jeune femme se glissa dans la  chambre de sa fille. L'enfant dormait à poings fermés, plongée dans ses  rêveries enfantines. Ses doigts effleurèrent les beaux et longs cheveux  de la petite fille, aussi noirs que les siens. Cette légère caresse ne  déclencha cependant rien dans son cœur. Elle n'avait jamais rien  ressenti pour ce petit être qu'on avait posé sur sa poitrine seulement  quelques secondes après l'avoir expulsé de son utérus. Son statut de  mère n'avait été que passager, s'effaçant rapidement au profit de ses  fonctions naturelles de femme et de reine. Quitter Hermione n'était pas  douloureux, et ne devait en aucun cas être un obstacle à son entreprise.  Et sa progéniture serait bien mieux sans elle. Il fallait dire qu'à dix  ans, l'héritière de Sparte ne ressemblait en rien à sa génitrice. Dodue  et ingrate, on lui avait très vite fait comprendre qu'elle n'arriverait  pas à la cheville de sa mère. Sans elle, Hermione souffrirait moins et  pourrait se construire sans l'ombre de la beauté d'Hélène.
             Les gardes du  palais laissèrent la reine sortir sans que quiconque ne l'interroge.  Tous avaient étaient prévenus la veille au soir qu'ils ne devaient en  aucun cas la retenir. Dehors, la nuit noire lui offrit la meilleure  couverture possible. Il ne lui fallut qu'une demi-heure pour rejoindre  les bords du fleuve Eurotas, qui se jetait dans la Mer Egée. Là, elle se  cacha un moment dans les taillis et attendit le signal de Pâris pour  monter à bord. Il fallait à tout prix éviter de tomber nez à nez avec  Hector ou tout membre de la délégation qui la reconnaîtrait dans  l'instant et la ramènerait au palais. Enfin, le prince troyen vint la  chercher et l'aida à grimper dans le navire plat avant de descendre dans  la cale où elle se dissimula derrière des tonneaux d'eau douce. Une  fois en mer, il ne saurait être question de rebrousser chemin. Hélène  imaginait déjà faire son entrée à Troie. La nouvelle se répandrait vite  dans les campagnes et on se hâterait pour prévenir Ménélas que sa femme  avait été vue en Troade. Alors Ménélas crierait à la trahison et  courrait à Mycènes pour supplier Agamemnon de l'accompagner jusqu'aux  plages de Troie pour la récupérer. Et puisque c'était sa femme qu'on  avait ravie, la Grèce entière se soulèverait pour laver cet affront et  lui porter secours.
  
 ******
  
             Plus jamais elle ne  remettrait les pieds ici. Plus jamais elle ne pourrait arpenter les  rues de la cité que le temps lui avait permis d'apprécier. Plus jamais  elle ne s'éveillerait dans le palais chaleureux et familial qui l'avait  accueillie les bras ouverts, une décennie en arrière. Très vite, Hélène  s'était prise d'affection pour les gens, les paysages sauvages de Troie.  Dès lors qu'elle avait mis les pieds sur cette terre étrangère, on  l'avait considérée comme une fille d'Ilion. Hécube, peu rassasiée par sa  cinquantaine de filles, s'était empressée de prendre la jeune femme  sous son aile, rappelant ainsi à Hélène ses jeunes années auprès de sa  propre mère. Et Pâris...Ce grand enfant aux boucles noires avait fini  par gagner son cœur. Qui aurait cru que l'amour frapperait à sa porte ?  Prise à son propre jeu, elle était tombée à pieds joints dans le  guet-apens qu'elle avait elle-même échafaudé.  La captive aurait voulu  graver dans sa mémoire le sourire et la joie de vivre de celui qui fut  son seul et unique amour. Mais à cet instant, défaite et prisonnière de  Ménélas, ce n'est que son corps inerte et transpercé de part et d'autre  qu'elle vit devant elle : Philoctète n'avait pas hésité une seule  seconde à tirer ses flèches, refusant ainsi à Ménélas le plaisir de tuer  de ses propres mains l'amant de son épouse. Maigre consolation.
             Le roi de Sparte  déboula près de la jeune femme sans qu'elle ne s'en aperçoive. La  mâchoire et les poings serrés, il fondit sur elle et, la saisissant  violemment par le bras, la força à se mettre sur ses deux jambes, avant  de congédier sèchement son gardien. Quand il se fut suffisamment  éloigné, l'homme se pencha vers elle pour lui murmurer quelques mots :
             - Jamais je  n'aurais dû te faire confiance, jamais. Agamemnon m'avait prévu, il  m'avait dit que tôt ou tard, tu manquerais à ta parole. Infidèle et  manipulatrice... A cause de toi, des centaines d'hommes sont tombés. De  valeureux guerriers qui ne reviendront jamais auprès de leurs femmes.   Tu m'as trahi, tu as trahi notre fille, la Grèce toute entière. Tu n'es  plus rien. Tu reviendras avec moi à Sparte, comme un trophée. Tu subiras  les conséquences de tes actes sans un mot.
             Puis il la poussa  sèchement vers les navires. Hélène ne regarda pas en arrière. Sa vie  s'achevait là, sur la grève et dans les décombres de Troie.

"L'amour sororal à l'épreuve de la guerre" de Ruth Donia M.A.
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 Ce matin-là, Flavy me disait  qu’elle avait mal au ventre. Il était tout juste 9 heures quand je la  laissai dans son lit pour aller chez Monsieur Florent prendre des  médicaments. Nos parents étaient déjà sortis avec d’autres ainés et  quelques hommes de l’armé dans les plantations pour chercher des vivres.  Je n’avais aucun moyen de les joindre. Après tout, je n’en sentais pas  le besoin. C’était moi la grande sœur. Je pouvais parfaitement prendre  soin de ma petite sœur en leur absence et malgré la guerre.
 En cette période, personne  n’avait le droit de sortir sans être accompagnée par un policier ou par  un gendarme. Des terroristes avaient envahi la ville. Ils étaient  partout, cachés dans les plantations et dans certaines demeures. La  plupart des journaux les accusaient d’enlèvements, de règlements de  compte et de meurtres. D’ailleurs de nombreux enfants disparaissaient  depuis des mois. Personne ne savait exactement ce qu’ils subissaient  entre les mains des malfaiteurs. Toute la ville était en alerte et des  patrouilles se faisaient à espace régulier. La population était devenue  presque muette. Tout le monde avait peur de parler et de dire quelque  chose qui pouvait faire de lui une cible. De temps en temps, des bruits  d’hélicoptères et des coups de feu résonnaient dans la ville et  opposaient les forces de l’ordre aux terroristes. Depuis des mois,  c’était les seuls bruits qu’on entendait. Les mototaxis, les bus, les  cris des écoliers et les musiques poussées à fond s’étaient immobilisés  dans un silence de cimetière. Les écoles, les snacks, les bars et la  plupart des boutiques avaient fermé les portes.
 Malgré cette situation, je ne  pouvais pas laisser ma sœur se tordre de douleur. Elle n’avait pas dormi  de la nuit. Rien de ce qui se trouvait à la maison ne pouvait à ma  connaissance suspendre sa maladie. La seule solution était l’aide de  Monsieur Florent. Il était médecin. Il aurait su quoi faire. J’avais  rassuré Flavy que je serais rentrée dans moins de 10 minutes. Je lui  avais demandée de ne surtout pas bouger du lit et de n’ouvrir la porte à  personne. Avant de sortir, j’avais alors fermé l’entrée principale de  l’extérieur. Elle avait le double des clés. Je m’étais dépêchée. Je  n’avais pas trainé. À peine avais-je fait 5 minutes chez Monsieur  Florent. Il n’y avait personne. Vraiment personne ! Même pas l’ombre  d’un chien. Les voisins n’étaient au courant de rien. À peine 5 minutes  chez lui je vous dis !
 Mais à mon retour, je trouvai  la porte grandement ouverte. Je ressentis un coup de poing dans la  poitrine. Je fonçai tout droit dans la chambre de Flavy. Personne ! Il  n’y avait personne ! Même pas l’ombre de Jolie, notre chatte. Je hurlai :  « Flavy !! » de toute ma voix. J’avais des larmes aux yeux. Oui ! Je  pleurai en criant de toutes mes forces le nom de ma petite sœur. Après  des minutes de désespoir, je repris mon souffle. Je regardai autour de  moi. Rien ne paraissait anormal. Il n’y avait pas de traces de lutte. Il  semblait qu’elle s’était levée d’elle-même, avait chaussé ses sandales,  avait pris son pullover et était sortie. Je la cherchai dans sa  chambre, puis dans la cuisine, au toilette, dans la chambre des parents,  dans la mienne et au salon. Il n’y avait personne d’autre que moi à la  maison. Je me rappelai en regardant vers la porte principale que Flavy  la laissait entrouverte quand elle sortait de manière précipitée. «  Quelque chose ou quelqu’un a dû l’entrainer à l’extérieur » pensai-je.  Dès lors mes accusations s’orientèrent vers les terroristes mais je  refusai de m’y attarder. Il ne pouvait pas être possible que Flavy soit  entre leur main. Pas ma seule sœur. Je regardai pendant une longue  seconde cette porte.
 « Elle est peut-être chez l’un  de nos voisins », m’étais-je dis en sortant à pas de course. J’avais  complètement oublié qu’il était interdit de pousser des cris afin de ne  pas attirer l’attention des terroristes. Chez les voisins il n’y avait  que des enfants et des parents trop mal en point pour se rendre dans les  champs. Je cognai à leur porte aussi fort que je pouvais. Mais une  seule s’offrit. Derrière elle se trouvait Daniel, mon meilleur ami. Il  avait bravé l’interdiction de son grand père pour me parler. Il  m’expliqua que des coups s’étaient faits entendre il y’avait environ 10  minutes, suivis des cris d’un enfant. Dans la panique, il s’était  empressé de fermer les ouvertures de leur maison. C’est alors qu’en  baissant les rideaux d’une des fenêtres il avait cru voir une fillette  traverser leur cours. Par mes lamentations, il comprit qu’il s’agissait  de Flavy. Il aurait surement pris le risque de sortir pour m’aider à la  retrouver s’il n’avait pas à sa charge son grand père.
 Le temps pressait, je ne  pouvais pas me payer le luxe de réfléchir à restant au même endroit.  Flavy était dehors, à la merci des terroristes. Je ne savais quelle  direction prendre. Par ailleurs, je savais qu’en restant sur place, je  ne parviendrais à rien. Je devais avancer, rapidement et avec vigilance.  Alors, j’avançai. D’abord avec peur, ensuite avec angoisse et enfin  avec panique. Mes ressentiments s’amplifièrent. Mes inquiétudes  s’accroissaient. Toutes mes peurs se justifiaient et ma culpabilité  s’imposait. À ce moment, je comprenais tout le sens du mot tourment. Je  n’avais qu’une seule chose à faire, veiller sur ma petite sœur. Et, il  était hors de question que j’échouasse. Je ne pouvais pas me le  permettre.
 Flavy est si petite, si  adorable. Elle n’est pas fragile, ni faible. Elle est peut-être plus  forte que moi. Mais, elle est encore trop petite. C’est ma petite sœur,  ma seule sœur, un vrai petit ange. Tous ceux et celles qui la  connaissent ressentent l’obligation de la protéger. Comment peut-on  d’ailleurs lui faire du mal ?
 À cet instant où il se  dessinait dans ma tête une possibilité de la perdre, je réalisai sa  place dans ma vie. Je réalisai que sans Flavy, je me retrouverais seule  comme une âme en peine. Elle est ma compagne, ma meilleure amie. Flavy  peut changer mon humeur en un seul geste. Elle a le chic pour rendre ses  proches heureux.  Elle est si mignonne, un simple sourire de sa part  suffit à faire apparaitre de la joie sur n’importe quel visage. À ma  connaissance, personne n’a jamais levé le ton contre elle. Alors, je ne  pouvais pas me faire à l’idée que quelqu’un puisse lui vouloir du mal.  
 Je marchai. J’avançai en  regardant autour de moi. Je courrai souvent en appelant Flavy de tout  mon souffle. Après quinze ou onze minutes, je crois, j’entendis un coup  de feu au loin. Je me rendis de fait compte du silence de cimetière qui  m’entourait. Je devais être plus discrète au risque de me faire tirer  dessus. Si j’étais stoppé dans mon élan, je risquerais perdre ma « fleur  de janvier ». C’est le petit nom de Flavy. 
 Alors j’avançai d’un rythme  varié, à tâtons, sans direction. Au bout d’un moment, je me rendis  compte que j’étais perdue. Je ne sais pas comment, mais j’étais dans un  lieu que je ne reconnaissais pas. Apparemment deux années de crises  changent radicalement le visage d’une ville. Je n’étais pas sortie  depuis des mois. Je ne reconnaissais plus ma ville. J’avais l’impression  que des carrefours avaient disparu où s’étaient déplacés. Il me  semblait que des routes goudronnées n’avaient jamais existé. Tous les  repères que j’avais retenu pour me situer dans la ville avaient été  supprimés. Je ne me retrouvais plus dans le seul espace qui m’ait vu  naitre et grandir. Néanmoins, j’avançai en suivant une mouche au  passage, en allant vers un objet quelconque, en me laissant diriger par  un bruit quelconque comme le cri d’un animal, la chute d’une branche ou  un coup de feu.
 Après une heure et  quarante-trois minutes de marche, peut-être plus, peut-être moins, je  vis passer à quelques mètres de moi une ombre d’enfant. Elle courait si  rapidement que je n’eus pas le temps d’identifier un détail. Je crus  instinctivement reconnaitre Flavy et je me mis à la suivre. J’avais  toujours cette petite voix dans ma tête qui me disait de ne pas crier -  même-ci je ne la suivais pas toujours-. Alors, je courus vers la  direction qu’avait prise cette silhouette en chuchotant le nom de ma  petite sœur. Je courus en regardant droit devant moi. Mais, je tombai en  voulant descendre une pente. Je roulai surement jusqu’en bas. Je me  levai et je continuai à courir.
 Après, je ne sais combien de  temps, j’étais près d’une rivière. Je me sentis étourdi, je ne me  souvenais plus des raisons qui m’avaient amenée jusqu’à cet endroit. Je  m’assis pour réfléchir mais je me sentais trop fatiguée alors je  m’assoupis sur la rive, les pieds dans l’eau. À mon éveil, le premier  mot qui me vint à l’esprit fut « oubli ». Je me rappelai que j’étais  tombée, que je m’étais cognée la tête et je craignis d’avoir perdu la  mémoire. À cette pensée s’ajouta la mot « Flavy » autour duquel défila  l’histoire du drame qui m’avait poussée à aller à sa recherche. Je me  levai avec l’intention de suivre le cours de l’eau. Mais je remarquai  des détails étranges sur les rives. Il y’avait des mégots de cigarettes,  des douilles de balle, des bouteilles et des canettes de bière, des  morceaux de vêtements. L’ambiance dans ce lieu était sinistre et  soporifique. L’air était acre et pesante. Je remarquai une emprunte de  chaussure puis d’autres. Lorsque je voulus les voir de près, trois rats  énormes passèrent en toute vitesse. Je m’étais à peine remise de la  frayeur qu’ils avaient causée en moi quand d’autres passèrent encore. Je  voulus fuir du côté opposé, mais je ne sais pour quelle raison, je me  mis à les suivre. Ils étaient si gros et horribles comme ceux avec  lesquels les parents rentraient souvent des champs.
 En ces temps difficiles, nos  habitudes alimentaires avaient changé. Le rat avait fait son apparition  dans nos assiettes et nous l’avions accueilli comme un sauveur. Il  constituait la principale source de protéines animales que nous  ingérions désormais. Tous les éleveurs avaient arrêté leurs activités du  fait des attaques des mécréants. Ces derniers volaient les animaux et  tuaient souvent leur propriétaire.
 Ces rats semblaient se rendre  tous dans un lieu bien défini. Je laissai la rivière pour aller avec eux  dans les plantations. Plus j’avançais, plus ils étaient nombreux et  plus je percevais une senteur très forte de pourriture. Elle était telle  que je dus, à un moment, me couvrir le nez et la bouche de ma main.  Mais j’imaginai qu’elle provenait d’une décharge ou d’un groupement de  cadavre de rats. J’arrivai dans une plantation de maïs dont il ne  restait que des tiges et de hautes herbes. Ça se voyait qu’elle avait  été abandonnée. Pourtant, il y émanait une certaine chaleur comme si des  personnes y venaient de temps en temps. L’espace de quelques minutes,  j’oubliai Flavy. J’étais intriguée par la puanteur des lieux quand je  traversai les sillons.
 Je n’étais pas assez près pour  le voir clairement. Pourtant, il était évident qu’à environ 11 mètres de  moi, il y avait un creux ou une fosse d’où provenant de petits et  faibles gémissements de douleur. C’était probablement ceux d’un jeune  enfant. J’avançai vers une scène que mes yeux juvéniles n’auraient  jamais dû voir. Je restai tétanisée un instant. Je ne criai pas, tout  l’horreur de ce que je voyais se traduisait sur mon visage. J’eu les  poils hérissés, le sang dans le regard. L’armée avait déjà découvert de  nombreuses fosses communes où se trouvaient des victimes des  terroristes. Celle que le hasard venait de dévoiler semblait nouvelle.  Certains corps paraissaient encore chauds. À la vue de ce spectacle  ignoble, je voulu croire qu’il s’agissait d’une vision imaginaire tout  droit sortie d’un film sur le génocide. Il y avait des cadavres en  dizaine.
 Mais les gémissements qui  arrivaient à mes oreilles me ramenaient à la réalité et je pensai à  Flavy. Je l’appelai, en entrant dans la fosse. Je l’appelai en  traversant les cadavres d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Je  l’appelai lorsque je vis dans un coin, un petit garçon qui me regardait  avec méfiance et colère. Il se leva en fournissant beaucoup d’efforts.  Ça se voyait qu’il était prêt à se battre pour survivre. J’essayai alors  de le rassurer avec des mots. Je me présentai et je lui dis les raisons  de ma présence. Il continua à me dévisager. Je m’approchai de lui et il  se recula. Alors, je levai les mains afin qu’il comprenne que je  n’étais pas armée. Il lâcha la pierre qu’il avait prise en me voyant  venir et posa ses deux mains au niveau de son thorax. Je remarquai qu’il  était blessé.
 Il s’était fait un pansement  avec un morceau de tissu mais semblait avoir perdu beaucoup de sang. Je  commençai à lui poser des questions allant dans tous les sens quand il  m’interrompit et me demanda de l’aider à sortir de cette fosse car ses  bourreaux pouvaient arriver d’un moment à l’autre. Je réalisai alors la  profondeur de cet enfer. J’y étais entrée si facilement pourtant. Je  pouvais me débrouiller à sortir cependant il y’avait ce garçon. Il était  petit mais aussi robuste que moi. De même, il était trop souffrant pour  grimper. Nous cherchâmes autour de nous une issue. Alors que je me  creusai encore la tête, il proposa de superposer les corps inertes afin  de former une échelle de cadavres humains. Je voulu protester par peur.  Il s’avança, se retourna vers moi et me fit signe de venir l’aider. Je  trainai les pas tandis qu’il essayait de déplacer une première  dépouille. Le regarder fournir tant d’efforts était si douloureux que je  trouvai la force de déplacer quelques morts.
 J’avais déjà vu des corps en  putréfaction et des corps mutilés. Durant les premiers mois de la crise  sécuritaire dans notre ville, il ne se passait pas une semaine sans que  nous ne voyions en allant ou en rentrant des cours, des cadavres dans  des carrefours. Au début, nous avions peur. Mais au fils des mois nous  devenions indifférents, au point de dégager nous même les cadavres avant  l’arrivée des policiers et des pompiers. Un jour, un 14 mai, trois mois  après le début des enlèvements, j’avais découvert dans ma salle de  classe des corps de nombreux jeunes parmi lesquels deux de mes cousins.  Ils se seraient retrouvés dans notre école pour étudier.  Malheureusement, ils auraient été surpris par un groupe de jeunes armés  qui les auraient tués et lancés dans notre salle de classe. Nous  devrions être évalués ce jour-là. J’avais révisé toute la nuit avec  l’aide de maman. Je tenais à avoir désormais le monopole sur la  télécommande de la télévision comme elle me l’avait promise si je  décrochais la mention excellente. Malgré la vue de mes cousins, couchés  et inertes, je ne pensais qu’aux évaluations du jour. Tandis que les  enseignants et le corps administratif de l’école se concertaient, je  demandais à des camarades de m’aider à mettre les cadavres hors de notre  salle d’évaluation. La plupart des garçons étaient partant. Nous nous  étions mis à trois voire à cinq pour les évacuer chacun à son tour.  Malgré cette peine que nous nous étions accordés, les évaluations furent  annulées.
 Après ce triste souvenir, je me  remis à penser à Flavy. Il fallait que je sorte de cette fosse pour la  retrouver. Cette pensée amplifia mon courage. Je déplaçai des cadavres  léchés. Je les tirai, je les roulai plus que je ne les portais. Je les  empilai les uns au-dessus des autres autant que je pouvais. Lorsque la  hauteur nous donna la possibilité de sortir, nous nous extirpâmes avec  joie.
 Le jeune garçon m’informa que  ces bourreaux l’avaient transporté dans ce lieu avec d’autres corps dans  un véhicule. À son avis, nous devrions marcher jusqu’à une grande  route, nous cacher et attendre que passe un véhicule de l’armée. Nous  n’aurions qu’à suivre les traces des pneus de la voiture qui les avait  amenés dans ce lieu isolé. Il prit appui sur mon épaule et nous  marchâmes. Mais je n’avais aucune intention de me cacher et d’attendre  près de la route. Je devais retrouver Flavy avant la tombée de la nuit.  De longues minutes passèrent. Nous dûmes nous reposer près de cinq fois  avant d’arriver à un chemin goudronné. Il était exténué. Certainement il  ne pouvait pas survivre seul. J’étais dans l’embarras. Je trouvai un  buisson bien fourni et décidai de m’y cacher avec lui le temps de  découvrir un moyen de le sauver et d’aller chercher ma petite sœur.
 Nous étions donc tapis comme  des petites fourmis pendant que je cogitais. Exaspérée, je me levai pour  aller me placer au bord de la route lorsque j’entendis les bruits d’un  moteur. Je secouai le jeune garçon qui semblait s’être endormi. Il  s’agrippa fortement sur ma jupe en disant d’une voix souffrante : «  C’est eux. Ils reviennent avec d’autres cadavres peut-être ». Je ne me  fis pas prier avant de m’accroupir à nouveau, toute tremblante. Les  bourreaux passèrent et repassèrent sans nous voir.
 Le jeune garçon était désormais  presqu’à l’agonie. Je me souvins avoir appris à travers certains films  qu’il fallait entretenir la conversation avec des personnes très mal en  point pour qu’elles ne perdent pas conscience. J’eu l’idée de lui  demander ce qui lui était arrivé. Il me raconta lentement qu’il avait  été kidnappé chez eux et amené dans la brousse. Il y était avec d’autres  jeunes, enfants et adolescents, filles et garçons. Pendant des mois,  ils étaient entrainés comme des soldats mais ne restaient jamais très  longtemps sur place. De temps en temps, certains parmi eux étaient  amenés pour des missions secrètes. Malgré le fait qu’il leur était  interdit de dialoguer et de poser des questions, des amitiés se  nouèrent. Un jour, on amena Big et on rentra sans lui. Big était le  garçon le plus généreux du groupe. Il était adorable et avait très vite  attiser la sympathie des autres. Sa mort créa un vent de révolte au sein  du groupe. Le jour suivant la triste annonce, tous les jeunes arrachés à  leur famille décidèrent de déserter le camp. Malheureusement, leur plan  fut déjoué. Alors qu’ils essayaient de s’enfuir, ils furent arrêtés  dans leur élan par des balles. Près d’une dizaine perdirent la vie. Vers  6 heures du lendemain, ceux qui restaient furent exécutés aux yeux de  nouveaux venus. Heureusement pour lui, jusqu’à présent, il était le seul  survivant.
 Je lui parlai de Flavy pour  savoir si elle faisait partie de ces nouveaux arrivants. Il ne me  rassura pas. Peut-être, Flavy n’était pas dans le groupe de jeunes qu’il  avait vu mais il ne demeurait pas moins qu’elle pouvait être dans un  autre groupe. Leurs bourreaux tenaient à actualiser leur effectif. Ils  avaient certainement prévu d’enrôler autant de jeunes que possible. Ma  petite sœur pouvait être actuellement entre leurs griffes. Je l’imaginai  douloureusement tenir une arme avec ses petites mains. Si elle avait  été amenée, elle aurait besoin de moi.
 Sur cette pensée, je me mis à  découvert près de la route, déterminer à retrouver Flavy ou à la  rejoindre. Je laissai ainsi à Dieu le soin de disposer de la vie de ce  garçon. Ma petite sœur avait besoin de moi. J’envisageai de suivre le  trajet qu’avaient emprunter la voiture des criminels qui avaient jeté le  corps du garçon dans la fosse.
 Mais, un pickup s’arrêta près  de moi. Je ne l’avais pas senti venir. Un premier homme armé sauta de la  voiture en m’interpellant. Le jeune garçon sortit du buisson et  s’écroula. Un autre homme armé descendit du véhicule et allongea le  garçon derrière le pickup tandis qu’un autre ouvrait une boite à  pharmacie. Le premier qui était descendu m’embarqua d’une main pendant  que la voiture démarrait. Une fois derrière celle-ci, une petite fille  sauta joyeusement dans mes bras en disant : « C’est-elle Messieurs les  policiers ! Mille mercis ! ». C’était Flavy.

"Vagabond" de Thierry H.
A  25 ans Marie, convoitait le bonheur comme une petite fille convoitait  le pompon d’un manège. Aussi, lorsqu’elle avait rencontré Marc, elle  pensait avoir décroché le saint graal. Un an après leur rencontre, ils  décidèrent de se marier et de partir à Bora Bora pour leur voyage de  noces.
 Néanmoins, un problème vint  perturber les préparatifs de ce voyage. A la mort de son père – disparu  trop tôt - Marie avait hérité d’un magnifique golden retriever,  répondant au nom de Vagabond. Il lui avait donné ce sobriquet après  l’avoir récupéré dans la rue. Marie adorait ce chien qui avait été le  fidèle compagnon de son père et à ce titre, il lui rappelait son  souvenir. Elle l’emmenait partout avec elle et ne s’en séparait que très  rarement. Mais cette fois-ci, elle ne pourrait pas l’emmener avec elle.
  
 Outre le crève-cœur  d’abandonner Vagabond pendant trois semaines, le problème de gardiennage  s’avéra un véritable casse-tête. Elle ne l’avait jamais laissé aussi  longtemps, et au beau milieu de l’été, ne voyait vraiment pas à quelle  personne de confiance, elle pourrait bien le confier : de surcroît sur  une si longue période.
  
 Envisager de le mettre dans un refuge était hors de question.
  
 Aussi, sans autre solution,  elle pensa à sa mère. Elle habitait un petit appartement en plein Paris  dans le douzième arrondissement. Marie avait bien conscience que cette  solution n’était pas des plus idéales. Tout d’abord pour Hélène sa mère,  et pour les contraintes que cela lui occasionneraient, mais aussi pour  Vagabond qui allait devoir réduire son espace de jeu.
 De plus, Vagabond avait été un  des sujets de discorde de ses parents, il avait nourri de nombreux  conflits : peut-être même avait-il été une des raisons de leur  séparation.
 Aussi, c’est un peu gêné  qu’elle fit la demande à sa mère. Hélène avait hésité. Un chien de cette  taille dans un si petit appartement cela allait être compliqué. Mais le  bonheur de sa fille primait sur quelques tracas de courte durée, aussi  avait-elle finalement accepté.
  
 Le problème réglé, plus rien n’empêchait les tourtereaux de s’envoler vers des eaux cristallines et des cieux plus cléments.
  
 Hélène avait pris des congés  spécialement pour le gardiennage. Dès le premier matin, les problèmes  commencèrent. Elle fut contrainte à se lever très tôt pour sortir  Vagabond qui avait ses habitudes. A 6h du matin, il avait fait entendre  sa demande de façon véhémente. En journée, elle allait le promener au  bois de Vincennes, qui était tout proche. Le deuxième jour, vagabond,  fidèle à son sobriquet, avait pris la tangente ! Hélène le chercha  pendant plus d’une heure avant de le retrouver en compagnie d’une  charmante Labrador femelle. Au bout de 4 jours, le promeneur et le  promené avaient enfin trouvé leurs marques et les choses se passaient au  mieux.
 Trois jours après son arrivée à  Bora-Bora, Marie avait, appelé sa mère pour s’enquérir de l’état de  Vagabond et pour savoir si les choses se passaient bien. Hélène, avait  jugé bon de passer sous silence l’épisode de la fugue afin de ne pas  l’inquiéter outre-mesure. Elle l’avait rassurée en lui affirmant que  tout se passait au mieux et l’avait enjoint à profiter de ses vacances.
  
 Au matin du septième jour,  Hélène qui sortait du sommeil regarda le réveil. Il marquait 9 heures.  Elle fut très surprise de ne pas avoir été réveillée par les aboiements  de Vagabond. Une pointe d’angoisse monta en elle alors qu’elle entra au  salon.
 Vagabond était là dans sa  couche. Il avait l’air paisible. Elle s’approcha, le caressa, mais il ne  réagissait pas. Elle le secoua, mais toujours rien. Prise de panique,  elle ne savait plus quoi faire. Après un instant, elle glissa la main  sous son poitrail pour chercher son pouls et stupeur, pas un battement  ne se fit entendre. Elle poussa un cri d’effroi. Non, ce n’était pas  possible. En panique complète elle tournait dans l’appartement sans  savoir quoi faire, sa tête enfouie dans ses mains. Il lui fallut une  bonne heure pour retrouver son calme et pour essayer de réfléchir. Force  était de constater que Vagabond ne bougeait plus ! Elle se consola en  se disant qu’il était parti dans son sommeil. Comment allait-elle  annoncer cette nouvelle à sa fille ? Elle était terrorisée. Mais pour  l’heure elle devait faire face à un problème d’ordre très pratique !  Qu’allait-elle faire de Vagabond ? Elle décida d’appeler le vétérinaire  le plus proche de chez elle et elle lui raconta toute l’histoire. A sa  voix tremblotante et au débit de ses phrases, l’homme eu tôt fait de  comprendre qu’elle avait besoin d’aide. Il tenta de la rassurer et usa  de beaucoup de bienveillance. Il lui indiqua qu’il allait s’occuper de  tout, et qu’elle n’avait qu’à passer le voir au cabinet avec la  dépouille de Vagabond, car il ne pouvait malheureusement pas se  déplacer.
 Hélène raccrocha et s’effondra  en larmes. Toutes ces misères, ce malheureux chien et sa fille qui, pour  l’heure, ne se doutait de rien.
 L’émotion était trop intense et  elle ressentit le besoin de s’allonger. Mais elle ne trouva aucun  repos, tant son esprit était préoccupé par les différentes épreuves qui  l’attendaient.
 La première d’entre elle et non  des moindres, concernait l’acheminement du corps : comment transporter  Vagabond jusqu’au cabinet du vétérinaire ? Hélène n’avait pas de  voiture, ses voisins proches, qui auraient pu être d’un grand secours,  étaient en vacances, et surtout dans quoi allait-elle le mettre ? Il  devait peser au bas mot, au moins 50 kg et sa taille était plutôt  imposante.
 Ensuite, il faudrait annoncer  la nouvelle à sa fille ! Mais ça elle n’osait y penser et pour l’heure  la priorité était de s’occuper du transport.
  
 Elle eut une idée. Elle ouvrit  son vestiaire, et y extirpa une grosse valise rigide à roulette. Dans la  cuisine, elle récupéra un mètre ruban, ouvrit la valise et mesura la  largeur, la longueur et la profondeur de celle-ci. Puis, elle s’approcha  de Vagabond et entreprit de le mesurer. Il fallait savoir avant de  faire les manipulations difficiles si l’option choisie était cohérente.
  
 Elle fit prise d’un haut de  cœur, lorsqu’elle déplia son mètre sur la pauvre bête. Elle le mesura  alors qu’il était dans une position recroquevillée, mais ce qui  l’inquiétait, c’était surtout la profondeur. La valise serait-elle assez  profonde pour le contenir.
 Après avoir pris les mesures,  elle n’était toujours pas certaine que Vagabond allait tenir dans ce  cercueil improvisé. Cependant, n’ayant pas trouvé d’autre idée, elle se  résolut à commencer à le manipuler. Elle souleva la table du salon pour  en retirer le tapis. Elle le glissa tant bien que mal sous l’animal, et  plaça la valise sous un des rebords du tapis, puis elle la cala de façon  à ce qu’elle ne se déplace pas pendant la manœuvre. Elle empoigna un  des rebords du tapis et tira de toutes ces forces pour soulever et faire  rouler Vagabond dans sa « housse mortuaire » de fortune. Il était  vraiment trop lourd, si bien qu’elle dût si reprendre à plusieurs fois.  Au bout de plusieurs tentatives, il finit par rouler et atterrir dans la  valise. Elle était exténuée. Elle retira le tapis et essaya d’ajuster  la bête au contenant. A sa grande surprise, l’entreprise semblait  fonctionner. Elle referma délicatement la valise et eu toutes les peines  du monde à la redresser. Heureusement, qu’elle était munie de  roulettes.
  
 Elle s’habilla à la hâte et fit  rouler la valise jusqu’à l’ascenseur. Une fois dehors, un autre  problème se posait. Comment se rendre chez le vétérinaire ? Elle avait  tout d’abord envisagé de prendre un taxi, mais le poids extrême de la  valise aurait forcément soulevé une question embarrassante à laquelle  elle n’aurait su quoi répondre. Elle ne pouvait décemment pas dire qu’il  y avait un cadavre de chien dans sa valise ! Aussi, elle envisagea de  prendre le métro. La station n’était qu’à quelques mètres, ce n’était  pas les heures de pointe, elle éviterait ainsi les questions  embarrassantes. Les escalators lui permettraient de descendre la valise  sans trop d’effort. Elle arriva à la station de métro et comme prévu,  prit l’escalator. Cependant, elle dut faire face à quelques imprévus :  la valise ne passait pas dans les tourniquets ! Elle était coincée et ne  pouvait ni avancer ni reculer. Devant son désarroi et son énervement,  un jeune homme fort aimable à la carrure imposante lui proposa son aide.  Comment pouvait-elle refuser. Il essaya lui aussi de tirer la valise  d’un côté ou d’un autre, mais pas moyen de la sortir. Hélène, qui voyait  déjà un attroupement se former, autour d’elle, manqua de tressaillir.  Le jeune homme, finit par soulever la valise, non sans peine, puis enfin  la faire passer derrière les tourniquets. Il était en sueur ! Elle le  remercia vivement et s’empressa de repartir pour esquiver l’inévitable  question. Mais elle ne fut pas assez rapide et le jeune homme lui lança :
 « Elle pèse un âne mort, votre valise ! Qui y a-t-il donc dedans ?»
 Hélène sentait ses jambes se  dérober. Aussi stupide que cela puisse paraître, elle avait l’impression  d’être coupable de quelque chose. Elle n’avait pas réfléchi à une  réponse « toute faite », un mensonge qu’elle aurait préparé en amont.  Elle exécrait les mensonges !
  
 Aussi, elle lui répondit la première idée qui lui avait traversé l’esprit :
 « C’est du matériel  informatique ! Un ordinateur et un vidéo projecteur. Je dois faire une  intervention pour un séminaire dans moins d’une heure et je suis très en  retard ! » Elle s’empressa de détaler en direction de la rame de métro.  Elle n’en revenait pas ! Elle qui n’avait jamais menti de sa vie  venait, avec un aplomb incroyable, de trouver une excuse crédible  inventée de toute pièce. Peut-être, avait-elle sous-estimé ses capacités  face à l’adversité ? Se révélaient à elle des facultés insoupçonnées.
 Une fois dans le métro, elle  souffla un peu et la tension se relâcha. Elle s’aperçut que son  chemisier était trempé. Quelle histoire ! Comment avait-elle pu se  mettre dans une telle situation. Elle aurait dû prendre un taxi cela  aurait été beaucoup plus simple. Ou bien appelé un autre vétérinaire qui  aurait pu se déplacer. Mais il était bien tard pour avoir des regrets.
 Le jeune homme qui l’avait aidé  avait pris la même rame qu’elle. Elle croisa son regard alors qu’il lui  souriait. Elle pensa en son for intérieur que finalement, contrairement  aux poncifs véhiculés, cette jeunesse n’était pas si dépourvu de  valeurs altruistes. Cette pensée la réconforta.
  
 Disposant d’un peu de répit et  n’ayant fort heureusement pas de changement à faire, elle mit à profit  ce temps pour réfléchir au moyen d’annoncer la nouvelle à sa fille.
 Pour sûr, cela allait  l’anéantir ! N’y avait-il pas un moyen de présenter les choses de façon  moins douloureuse ? Elle qui n’était pourtant pas une adepte du  mensonge, s’étonnait d’échafauder des hypothèses plausibles qui  tendraient à ménager la douleur de sa fille.
 Pourquoi ne pas lui dire que  Vagabond s’était enfui et qu’il avait disparu ? Mais était-ce moins  douloureux ? Le résultat revenait au même !
 Elle divaguait ! Elle ne  pouvait pas tout de même pas lui mentir, pas à sa fille ! Au mieux, elle  lui épargnerait les détails de son aventure rocambolesque.
 Tellement bouleversée, elle  manqua de rater sa station. Elle sortit à la hâte et se dirigea vers la  sortie mais elle se figea alors qu’elle arrivait au pied de   l’escalator. Il était en panne ! Le sort s’acharnait ! S’en était trop !  Elle s’assit sur la valise dépitée et en larmes. C’est alors que le  jeune homme qui l’avait aidé, tout à l’heure, lui proposa de l’aider à  nouveau. Décidément, elle avait trouvé son ange gardien !
 Il souleva la valise avec  énergie et la mit sur son épaule. Il montait les marches d’un bon pas et  elle avait toutes les peines à le suivre !
 Arrivée en haut des marches, elle vit le jeune homme détaler à toute vitesse emportant avec lui la valise au loin.
 Hélène ne voulait pas y croire,  elle ne se sentait d’ailleurs plus très bien et autour d’elle, le monde  s’était mis à accélérer sa ronde. Une bouffée de chaleur l’envahit et  elle s’effondra.
  
 Vagabond s’était une nouvelle fois fait la malle !
 Mais quoi de moins surprenant, pour un chien Britannique, que de filer à l’Anglaise…

"Une bibliothèque unique" de Pierre E.
Je  me suis marié jeune. J’ai su au premier regard que c’était elle et non  une autre. Oui ! Cela existe. Un coup de foudre qui dure depuis 63 ans.  On s’est aménagé un petit nid douillet dans une charmante chaumière en  bordure de forêt dans une région isolée. J’écrivais et mon épouse Lire,  me lisait. C’était notre seule activité et nous vécûmes plusieurs années  ainsi, dans une parfaite communion.
 Puis est née une petite fille, nous l’avons appelée Edizion.
 Les années passèrent au rythme de l’écrit et notre enfant s’épanouissait.
 Un jour elle demanda à sa mère comment elle pouvait lire les “cacas de mouche” que j’écrivais. C’était illisible.
 « Mon enfant, répondit mon épouse, ton père écrit exclusivement pour moi.
 Ce n’est pas une raison !  Regarde ces centaines de feuilles éparpillées dans la maison. Il y en a  partout, un coup de vent et tout s’envole. C’est intolérable, il faut  absolument faire quelque chose. » 
      Tandis que naissait une  deuxième fille que nous avons appelée décida de mettre de l’ordre dans  mes feuillets. Elle entreprit un travail considérable et même si mon  épouse et moi-même étions réticents à ce projet, ancrés dans nos manies  rétrogrades, nous avons accepté la grandeur culturelle du geste et  l’avons aidée. , malgré son jeune âge, a mis la main à la pâte.
 Edizion transforma le séjour en  imprimerie, fabriquant des livres de qualité, aux reliures recherchées,  à la calligraphie élégante et créa une bibliothèque unique qui sentait  bon aux yeux.
 Lors d’un repas, Distibuzion  qui n’avait que quinze ans, déclara que tout cela ne servait à rien et  comme elle nous vit dépités, elle s’empressa d’ajouter qu’une œuvre  pareille devait être montrée, exposée et même lue.
 « Comment lue ? s’exclama ma femme, je suis là pour ça, je vis pour ça !
 - Ne sois pas si brutale avec maman, elle est enceinte ! dit Edizion.
 Mais Distribuzion n’en avait cure et exposa son projet ; l’idée était de faire connaître aux
  
 voisins, aux villages, aux  associations culturelles, au monde entier notre chef-d’œuvre familial.  Nous étions déconcertés, mais pas peu fiers de nos filles et afin  d’éviter l’image de parents arriérés, réticents au progrès, nous avons  accepté cette idée comme nous l’avions fait pour celle d’Edizion.         .
 Distribuzion s’attela à la  tâche qu’elle s’était assignée et chacun retroussa ses manches, surtout  Edizion qui imprimait et lisait pour soulager Lire qui devait s’occuper  de notre fils que nous avions dénommé Profit. Mais en règle générale,  tout le monde s’aidait, nous formions une famille unie et solidaire.
 Une période bénie des Dieux, qui dura quinze ans jusqu’au jour où Profit déclara que tout cela ne servait à rien
 Je crus entendre sa sœur : le même ton, les mêmes mots et la même détermination.
 « Il faut vendre pour gagner de l’argent, disait-il.
 - Gagner de l’argent ? »
 Lire et moi ne comprenions pas ce qu’il voulait dire.
 « Pour vendre ces beaux livres nous devons intéresser un maximum de gens et à cette fin, il faut emménager à dans la capitale.
 - A la ville, s’écrièrent ses sœurs.
 - Il faut se rendre à l’évidence, reprit-il, ce n’est pas dans ce pays d’analphabètes que nous vendrons un livre. »
 J’étais effaré.
 J’ai tenté d’expliquer  clairement à Profit que Lire et moi-même n’irions pas vivre en ville,  nous étions trop vieux et surtout que cela dépassait notre entendement  et qu’il devait également beaucoup réfléchir à son étrange projet. J’ai  vite su qu’il n’en ferait qu’à sa tête et que cela ne servait à rien  d’argumenter. L’éducation de mes enfants m’échappait.
 Nous n’avions pu imaginer un tel destin, lorsque jeunes mariés, nous écrivions et lisions en simples amants.
 Nos enfants sont partis.
  
 Quelques livres de la  bibliothèque familiale furent vendus, puis plus rien, aucune lettre,  aucune visite, Profit avait certainement trouvé d’autres sources pour  assouvir son besoin d’argent. Fils de peu de foi !
 Maintenant Edizion nous rend  visite régulièrement, je l’aime bien ; elle est douce équilibrée et  attentionnée. Distribuzion vient parfois quand elle a le temps.
 Quant à Profit, la dernière  fois que nous avons eu l’honneur de sa visite, c’était il y a deux ans  déjà, il était venu nous présenter sa petite amie, une jeune fille aux  formes envoûtantes dénommée Rentabilita .
 Depuis plus de nouvelles !
 A la suite de ces événements,  Lire a été gravement malade, j’ai tenté de la soulager, de l’aider mais  c’était difficile car moi-même je n’étais pas au mieux de ma forme. Je  n’écrivais plus. Nous vécûmes des moments douloureux, à déprimer, à  douter de tout.
 Mais à l’aube d’un jour sans but, Lire s’est dressée sur le lit en criant “ J’ai trouvé”.
  J’ai cru d’abord qu’elle s’éveillait d’un pénible cauchemar et j’ai tenté maladroitement de l’apaiser.
 « Non ! Je suis sérieuse. Je vais écrire, écrire pour toi. »
 Joignant la parole au geste, elle se mit au travail.
 Existe-t-il une meilleure preuve d’amour, au regard de nos vies ?
 Certainement pas !
 Nous vivons en paix,  maintenant. Lire, à petit pas, est parvenue à exorciser ses malheurs,  tandis que je la lis avidement, passionnément et de temps à autre, je  m’octroie quelques infidélités en dépoussiérant un livre de la  bibliothèque d’Edizion.
 J’ai décidé de ne plus écrire et ces feuillets seront mon dernier écrit.
 Quel plaisir de lire la personne qu’on aime.

"Mon utopie" de YAKUZA 33
Je  me nomme Isaac, je suis le fils du dernier dictateur du monde. À son  plus grand désespoir je suis son seul héritier car j’ai la santé  fragile, ce qui fait que je passe le clair de mon temps dans des salles  d’hôpital qu’en cours pour futur dictateur. Je me trouvais dans un jet  privé qui me ramenais à mon père entrain de joue avec ma console,  lorsque que le jet privé a traversé une zone de turbulence, une très  grosse zone de turbulence. Le co-pilote est sorti de la cabine pour  m’ordonner d’attacher ma ceinture, ce que j’ai fait immédiatement.  Subitement l’un des réacteur pris feu et fit piquer le jet vers le sol.  Pendant quelques secondes j’ai hurlé de peur et d’effroi puis le jet  c’est écrasé.
 J’avais mal à la tête, en fait  j’avais mal partout mais j’étais vivant. Mes yeux s’ouvrirent, pour  comprendre et connaitre la raison de mon inconfort. Ce fut les débris de  l’avion qui apparurent en premier, puis le bout de métal encore brulant  qui était enfoncé dans la chair de mon bras, puis en dernier un visage,  celui d’une femme aux cheveux gris attachés en couette, vêtu d’un  treillis militaire et d’une M16 en bandoulière. Celle-ci me regarda  pendant que j’essayais de me relever, elle se baissa, me repoussa avec  douceur et me ferma les yeux en murmurant
 Bienvenue à Limbro 
 Le noir m’envahit l’esprit et  je perdis connaissance. Ce fut un sommeil sans rêve, je flottais dans le  noir et brutalement je me mis à tomber. Je fus instantanément tiré de  mon sommeil. Je me relevai de ma couchette, enlevant les couvertures  posées sur mon torse et les tubes qui contenait certainement de la  morphine ainsi que de la nourriture. Dans un premier temps je fus  désorienté, peu à peu je repris mes esprits et je me mis à inspecter mon  environnement.
 Une salle d’hôpital comme j’en  avait vu des centaines. Mais celle-ci avait pourtant quelque chose de  différent. C’était une immense pièce remplie de lit et de matériel  médical. Les murs étaient peints de couleurs vives et expressives, mais  surtout tout autour du bâtiment une grande rangée de fenêtres laissaient  passer la lumière du soleil qui me réchauffait. Il n’y avait pas les  gros spots de lumières blanches de l’hôpital mais des ampoules pendues à  des files de fer au plafond. Toutes cette ambiance me…, je ne sais pas,  je me sentais bien ici. Depuis mon lit je pouvais observer le paysage  de dehors, de ce que je voyais c’était une ville normale mis à part que  les gens n’étaient pas vêtus des Jeans ou des vestes habituels. Un peu  plus loin, on pouvait voir d’immenses champs dorés, et de magnifiques  arbres. Parmi les gens qui passaient devant les fenêtres, certains me  regardaient cachant la bouche et d’autres ne faisaient absolument pas  attention à moi. Un médecin entra dans la pièce, il ressemblait un peu à  Einstein avec sa calvitie et ses énorme cheveux blancs sur le côté et  derrière la tête, des lunettes rondes sur le nez et une moustache mal  entretenue. Il s’avance vers moi et quand il me vit assis il me dit
 -Recouche-toi immédiatement mon garçon, ta blessure s’est réouverte,
 Je le regardai l’air de dire « quelle blessure ?»,
 Il arriva devant mon lit et  pointa du doigt mon bras droit, je tournai les yeux et je vis qu’il  était couvert d’un bandage rouge sang
 -tu ne sens rien parce que l’on  a anesthésié ton bras localement, me fit le docteur en contournant le  lit. Il me recoucha et pendant qu’il changeait mon bandage je lui  demandai
 -Ou je me trouve ?
 - Ha ! La question fatidique……….à Limbro mon garçon
 Je me relevai ce qui eut pour effet de me réarracher l’intraveineuse qu’il venait de me mettre
 -C’est ou ça ?
 -Tu le seras bien assez tôt,  recouche-toi maintenant le produit va bientôt faire effet, il me  répondit en me remettant l’intraveineuse.
 Il me mit sa main sur mon thorax et me recoucha doucement, je sentais peu à peu mes membres m’abandonner,
 -Pourquoi, vous me donnez-vous autant de morphine ? demandais-je d’une voix faible
 - On ne te donne pas de  morphine, ne t’inquiète pas pour ça, tu en deviendrais dépendant et nous  n’utilisons pas de produit chimique de toute façon, répondit-il en  rigolant
 -Alors qu’est ce ……
 Je n’eu le temps de terminer ma phrase que je me rendormi.
 Ce fut une bonne odeur de  nourriture que me réveilla la seconde fois dans cet endroit étrange, à  mon avis c’était de la soupe au potimarron comme celle de Marine. Je  sortis de ma léthargie peu à peu et me souvins qu’il ne valait mieux pas  que je me réarrache l’intraveineuse. J’ouvris les yeux et je relevai  légèrement la tête pour regarder ce qui se passaient. La femme que  j’avais vu dans le jet était là et parlait avec le professeur, je ne  voyais que leurs lèvres bouger mon ouïe n’était pas totalement revenue  ce qui m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient. Je relevai ma  main gauche et je me tapotai l’oreille, et peu à peu mon ouïe revint.
 -Qu’est-ce que l’on va faire de lui ?
 -Je ne sais pas encore, il faut  voir avec le conseil. De toute façon il est trop faible pour faire quoi  que ce soit, répondit le professeur en haussant les épaules
 -Et dire que l’on a les olympiades dans 3 jours, il fallait que ça arrive maintenant…
 Je sentais une note de mécontentement dans sa voix 
 -Je te rappelle que les olympiades sont une compétition amicale donc ce n’est pas grave. Tien il semble s’être réveillé,
 Le professeur s’approcha de  moi, et sortit un morceau de bois par je ne sais quel moyen celui-ci  s’embrasa et il fit comme une lampe qu’il agita devant mes yeux pour  vérifier si je voyais bien.
 -Bon pas de problème à la rétine visiblement,
 Il me fit faire quelques  mouvements de tête, puis des bras que je ne réussis pas à bouger, sauf  les doigts, puis les jambes qui demeurèrent immobiles.
 -Bon, il n’a pas encore  récupéré toute ses fonctions motrices, il va falloir quelqu’un pour  l’aider à manger la soupe pour l’instant
 -Ok, je vais la chercher, fit la femme, pendant qu’elle sortait de la salle le professeur me dit
 -Elle a l’air aussi féroce  qu’une lionne, mais ne t’inquiète pas elle est très gentille au fond et  très belle…rajouta t’il discrètement un sourire aux lèvres en la  regardant de dos.
 Celle-ci revint quelque instant  plus tard accompagnée d’une jeune fille brune plutôt mignonne mais avec  un accoutrement bizarre, vêtue d’une robe blanche donc je ne  reconnaissais pas la matière. Elle avait une jolie fleur dans les  cheveux au niveau de l’oreille.
 Quand il vit l’interrogation sur mon visage il me glissa 
 -C’est du coton naturel. Nous nous n’avons pas de tissus comme vous,
 -Comme nous ? du coton naturel ? il partit et ne prit même pas la peine de me répondre,
 La femme se positionna devant mon lit et me dit,
 -Bien, Nina va t’aider à manger tu la touches, tu es mort compris ?
 Je hochai vivement la tête  comme elle avait toujours sa M16 toujours en bandoulière, je n’osai pas  répondre quoi que ce soit d’autres
 -Bien, elle posa sa main sur l’épaule de Nina et lui dit
 -Si y a le moindre souci tu me le dis, compris ? en me jetant un regard d’avertissement
 -Oui, ma tante, ne t’inquiète pas tout va bien se passer
 -Mouais… et elle parti
 Sans un mot la jeune fille  s’approcha de moi, le bol de soupe à la main et dans l’autre une  cuillère en bois. Le bol ressemblait à un bol de poterie que j’avais  fais quand j’avais 6 ans. Elle prit une cuillère de soupe et l’avança  vers ma bouche, je l’ouvris et je l’ai pris. On continua comme ça en  silence. Quand le bol fut fini je me sentais de nouveau engourdi, elle  partie et je me rendormi. Le second jour ne fut pas différent, je  n’appris rien d’essentiel, le docteur me fit des prises de sang et des  exercices et Nina me donna à manger le midi toujours dans le silence.  J’étais encore trop faible et j’avais tout le temps envie de dormir. Le  soir, alors que le soleil était presque couché, les ampoules s’étaient  allumées, j’étais un peu plus en forme. En plus de l’assiette elle  apporta un étrange objet à l’aspect terreux et rectangulaire. Après  m’avoir aidé à manger, elle s’assit en face de moi, pris l’objet, le  déplia sur ses genoux et ne parla plus. Je passai plusieurs minutes à  l’observer comme ça, puis je me décidai à demander
 -Qu’est-ce que tu fais ?
 Elle releva la tête,
 -Et bien je lis, répondit-elle comme si c’était une évidence,
 -Tu lis ? c’est un livre ça ? Dis-je en désignant l’objet sur ses genoux,
 -Oui, ce sont des tablettes de pierre gravées. Rien qu’à la tête qu’elle faisait, il était clair qu’elle me prenait pour un fou
 -Des tablettes en pierre mais ces super vieillots, vous n’avez pas de papier ?
 -du papier ? Qu’est-ce c’est ?
 -C’est sur quoi on écrit normalement, répondis-je comme si c’était évident
 -Je ne connais pas, on écrit sur des tablettes et parfois des peaux de bêtes cela se conserve très bien
 -Mais vous êtes au moyen-âge ou quoi ?
 -Mais pas du tout ! Ah d’accord  je comprends, ma tante m’en avais parlé, vous utilisez des arbres pour  faire votre papier et des tonnes de produits chimiques pour qu’il soit  beau et lisse. Alors oui nous n’en n’utilisons pas.
 -Mais pourquoi vous dites « nous » ? Je vous rappelle que l’on habite sur la terre, et que l’on est tous humains.
 -Oui, mais toi et moi, sommes bien différent,
 -Ah bon ? Physiquement en tout cas nous sommes pareil ! Je ne vois pas en quoi pourrions être différent,
 La jeune fille secoua la tête,  plongea sa main dans son décolleté et en sortit une petite amulette.  Elle la prit dans sa main, leva la tête et prononça quelques mots à voix  basse.
 -Et en plus, ils prient Dieu, je suis tombé dans un village chrétien écolo… Super…
 Nina s’arrêta, et me demanda
 -Qui est Dieu ?
 La j’était abasourdis,
 -Et bien celui que tu pris, non ?
 -Non, nous nous prions nos esprits protecteurs, une vieille coutume que l’on tient de nos ancêtres
 -Donc pas dieu mais des esprits protecteurs, c’est à peu près la même chose nan ?
 -Non, je ne pense pas. Nos  esprits protecteurs sont nos ancêtres, on les prie quand on est angoissé  ou dans un moment de désarroi, je ne sais vois absolument pas qui est  ton Dieu.
 -Dieu, enfin pour ceux qui y croient, est censé être « une entité divine qui aurait créé le monde et qui nous protègerait ».
 Quand elle entendit ça, elle éclata de rire,
 -Ah oui, c’est à cause de lui  que vous partez sans cesse en guerre ! Ha ha ha ! Elle essuya même une  larme de rire. Nous ne partirions en aucun cas en guerre à cause de nos  esprits et ils ne nous protègent pas contre les autres, on les prie  juste pour se souvenir d’eux
 -Donc en fait, tu adresses tes prières à tes centaines d’ancêtres ?
 -Oui, des centaines et aussi à  notre premier ancêtre, celui qui a participé à la création de notre  ville. Et qu’elle est cette idée qu’un être inconnu ait créé le monde ?  Vous me faites bien rire !
 J’était de plus en plus  intrigué par la situation, Nina empila ces quelques tablettes, me dit au  revoir et parti me laissant là avec mes pensées. Je réfléchis toute la  nuit et j’en arrivai à une conclusion des plus incongrue. Quand elle  revint le midi je fus capable de manger tout seul, elle n’eut qu’à  s’assoir en face de moi et à me surveiller. Quand j’eu finis je posai  l’assiette sur mes jambes et je me mis à parler
 - Bon j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit hier soir, et je suis arrivé à une conclusion bizarre, presque impossible
 -Continue, m’invita-t-elle
 -Et bien je dirais, que vous  êtes juste un territoire que personne n’a jamais découvert. Je suis féru  d’histoire notamment moderne et je n’ai jamais entendu parler d’un lieu  comme le vôtre, une ville qui est à la foi moderne et archaïque. Donc  j’imagine que vous connaissez l’existence du monde extérieur mais que  celui-ci ne le connaît pas.
 -C’est assez proche de la vérité, tu as presque raison, maintenant je ne pense pas que le conseil puisse te renvoyer chez toi
 -Bof, ne t’inquiète pas pour ça mon père ne s’inquiètera pas le moins du monde pour moi,
 - Ah bon pourquoi ?
 -J’ai la santé fragile et je n’ai pas les mêmes désirs que lui sur l’avenir du pays
 -ton père est quelqu’un d’important ?
 -On peut dire ça, mais passons, dis-moi tout sur la ville, je veux absolument tout savoir.
 Toute la journée on parla,  j’appris tous ce que je pus. Que leur ville se trouvait sur un bout de  terre, on ne sait où, que personne n’avait jamais réussi à le conquérir  depuis qu’ils s’y sont installé. Bien qu’ils eussent eu la visite des  américains pendant la guerre froide, ils ont accepté de garder leur  existence secrète. Je me demande bien comment ils ont réussi à les  convaincre…
 Leur système politique est  juste, tous le monde est égal, personne n’est au-dessus des autres. Les  femmes partagent les mêmes travaux manuels que les hommes, comme le  travail des champs et il en est de même pour les métiers intellectuels  ou militaires. Chaque famille a son représentant au conseil qui prend  les décisions. Un médiateur qui gère les séances et qui se trouve être  le docteur qui me soigne. C’est d’ailleurs le médiateur qui désigne et  forme son successeur.
 La plupart du temps il n’y a  pas de crime chez eux, mais pour les quelques-uns qui existent, ils sont  punis par le conseil par vote. Leur économie est basée sur le  libre-échange et le troc, il n’y a pas de monnaie, ce qui arrange bien  des choses (les incas pourraient en témoigner…).
 Ils sont quand même obligés  d’aller dans le monde extérieur pour trouver certaines choses comme des  armes et des protections, mais seulement cela et uniquement pour se  défendre contre les animaux sauvages. C’est une société quasiment  écologique, ils partagent visiblement la même éducation que nous mais  leur regard sur le monde qui les entoure leur fait porter un regard  différent sur l’enseignement. Parfois leurs scientifiques sont plus  compétents que les nôtres. Il suffit de voir la vitesse à laquelle je  guéris pour en être convaincu. Après quelques explications basiques sur  le bâton lumineux du médecin, je compris que sur le projet du soleil  artificiel ils avaient un siècle d’avance. Ils ont un champ de panneaux  solaires sans silicium et qui ne s’usent pas avec le temps, ce qui leur  permet de subvenir largement à leurs besoins. Ils n’ont pas de voiture  ou de machine mécanique pour les champs, ils se déplacent à cheval et  utilise des bœufs. Ce travail permet selon Nina de renforcer leur corps.
 J’avais déjà pu voir leur  maison au loin. Mais Nina m’en apporta un plan avec tous les éléments de  constructions. Les maisons sont à la fois ouvertes sur l’extérieur  laissant de nombreux espaces à l’air libre mais très chaude pour l’hiver  selon elle. Elles sont construites en bois et renforcées avec un  matériau à base de coton, nommé Calori qui garde la chaleur pendant  l’hiver et que je ne connais pas. Comme au moyen âge chez nous les toits  sont fabriqués avec les tiges des céréales qui ne sont pas utilisées  pour nourrir les habitants. Tous les meubles sont fabriqués manuellement  avec du bois déjà tombé au sol, ils ne prennent rien qui ne soit pas  déjà tombé par terre à part les légumes, les fruits et les céréales.
 Elle avait aussi ramené un plan  de la ville, qui montrait ou se trouvait tous les champs et  habitations. Puis on parla ensuite d’histoire, je lui corrigeai bien des  choses et lui en appris bien d’autres, pareil pour elle.
 Finalement le soir du dernier  jour, elle s’endormi à côté de moi. Je pouvais bouger normalement alors  je me suis levé, je l’ai couchée dans le lit à côté du mien et je l’ai  couverte, puis je me suis endormi. Le lendemain quand je me suis  réveillé, j’ai vu Nina, assise sur mon lit en train de lire ses  tablettes. Je l’admirai quelque instant puis je signalai ma présence
 -Ah tu es réveillé,
 -Effectivement,
 -D’ailleurs merci, pour hier soir, pour m’avoir mise au lit
 -t’inquiète c’est normal, t’as déjà bien pris soin de moi
 Elle me répondit par un sourire et dit
 -Bon j’ai eu l’accord de ma  tante et du docteur hier, tu peux sortir, donc en premier on va aller  déjeuner, ensuite on va visiter la ville et ensuite tu me regarder  pendant les olympiades, ok ?
 J’éclatai de rire tandis que Nina se renfrogna
 -J’ai trop hâte ne t’inquiète pas
 Elle arrêta de bouder
 -D’ailleurs je t’ai apporté tes anciens vêtements que l’on a trouvé dans les débris de l’avion,
 Elle me tendit un t-shirt certainement blanc autrefois, maintenant rosé et un short qui me paraissait un peu petit,
 -Qu’es ce qui s’est passé ? Fis-je horrifier en prenant les vêtements dans mes mains,
 -On les a lavés, répondit-elle en rigolant,
 -Mais vous en avez fait un carnage, heureusement que mon short était un peu grand,
 Je m’habillai, en discutant,
 -J’y pense mais en fait, votre ville ressemble quand même beaucoup à une utopie,
 -Une utopie ?
 -Oui, un lieu où la vie est  différente et ou les règles de vie semblent idéales et où tout semble  plus équitable plus juste. Comme dans Candide de Voltaire quand Candide  passe chez les indiens,
 -On peu voir les choses comme ça. Bon tu viens ?
 -Oui j’arrive,
 Et ils sortirent pour qu’il puisse visiter ce nouveau monde…
 Les bourrasques de vent  secouèrent l’appareil, peu à peu, Isaac émergea de son sommeil, un  sourire triste sur les lèvres et une larme qui coula de son œil et vient  se tarir dans sa barbe d’une semaine bien taillée.

              
      
"Mon utopie" de YAKUZA 33
Je  me nomme Isaac, je suis le fils du dernier dictateur du monde. À son  plus grand désespoir je suis son seul héritier car j’ai la santé  fragile, ce qui fait que je passe le clair de mon temps dans des salles  d’hôpital qu’en cours pour futur dictateur. Je me trouvais dans un jet  privé qui me ramenais à mon père entrain de joue avec ma console,  lorsque que le jet privé a traversé une zone de turbulence, une très  grosse zone de turbulence. Le co-pilote est sorti de la cabine pour  m’ordonner d’attacher ma ceinture, ce que j’ai fait immédiatement.  Subitement l’un des réacteur pris feu et fit piquer le jet vers le sol.  Pendant quelques secondes j’ai hurlé de peur et d’effroi puis le jet  c’est écrasé.
 J’avais mal à la tête, en fait  j’avais mal partout mais j’étais vivant. Mes yeux s’ouvrirent, pour  comprendre et connaitre la raison de mon inconfort. Ce fut les débris de  l’avion qui apparurent en premier, puis le bout de métal encore brulant  qui était enfoncé dans la chair de mon bras, puis en dernier un visage,  celui d’une femme aux cheveux gris attachés en couette, vêtu d’un  treillis militaire et d’une M16 en bandoulière. Celle-ci me regarda  pendant que j’essayais de me relever, elle se baissa, me repoussa avec  douceur et me ferma les yeux en murmurant
 Bienvenue à Limbro 
 Le noir m’envahit l’esprit et  je perdis connaissance. Ce fut un sommeil sans rêve, je flottais dans le  noir et brutalement je me mis à tomber. Je fus instantanément tiré de  mon sommeil. Je me relevai de ma couchette, enlevant les couvertures  posées sur mon torse et les tubes qui contenait certainement de la  morphine ainsi que de la nourriture. Dans un premier temps je fus  désorienté, peu à peu je repris mes esprits et je me mis à inspecter mon  environnement.
 Une salle d’hôpital comme j’en  avait vu des centaines. Mais celle-ci avait pourtant quelque chose de  différent. C’était une immense pièce remplie de lit et de matériel  médical. Les murs étaient peints de couleurs vives et expressives, mais  surtout tout autour du bâtiment une grande rangée de fenêtres laissaient  passer la lumière du soleil qui me réchauffait. Il n’y avait pas les  gros spots de lumières blanches de l’hôpital mais des ampoules pendues à  des files de fer au plafond. Toutes cette ambiance me…, je ne sais pas,  je me sentais bien ici. Depuis mon lit je pouvais observer le paysage  de dehors, de ce que je voyais c’était une ville normale mis à part que  les gens n’étaient pas vêtus des Jeans ou des vestes habituels. Un peu  plus loin, on pouvait voir d’immenses champs dorés, et de magnifiques  arbres. Parmi les gens qui passaient devant les fenêtres, certains me  regardaient cachant la bouche et d’autres ne faisaient absolument pas  attention à moi. Un médecin entra dans la pièce, il ressemblait un peu à  Einstein avec sa calvitie et ses énorme cheveux blancs sur le côté et  derrière la tête, des lunettes rondes sur le nez et une moustache mal  entretenue. Il s’avance vers moi et quand il me vit assis il me dit
 -Recouche-toi immédiatement mon garçon, ta blessure s’est réouverte,
 Je le regardai l’air de dire « quelle blessure ?»,
 Il arriva devant mon lit et  pointa du doigt mon bras droit, je tournai les yeux et je vis qu’il  était couvert d’un bandage rouge sang
 -tu ne sens rien parce que l’on  a anesthésié ton bras localement, me fit le docteur en contournant le  lit. Il me recoucha et pendant qu’il changeait mon bandage je lui  demandai
 -Ou je me trouve ?
 - Ha ! La question fatidique……….à Limbro mon garçon
 Je me relevai ce qui eut pour effet de me réarracher l’intraveineuse qu’il venait de me mettre
 -C’est ou ça ?
 -Tu le seras bien assez tôt,  recouche-toi maintenant le produit va bientôt faire effet, il me  répondit en me remettant l’intraveineuse.
 Il me mit sa main sur mon thorax et me recoucha doucement, je sentais peu à peu mes membres m’abandonner,
 -Pourquoi, vous me donnez-vous autant de morphine ? demandais-je d’une voix faible
 - On ne te donne pas de  morphine, ne t’inquiète pas pour ça, tu en deviendrais dépendant et nous  n’utilisons pas de produit chimique de toute façon, répondit-il en  rigolant
 -Alors qu’est ce ……
 Je n’eu le temps de terminer ma phrase que je me rendormi.
 Ce fut une bonne odeur de  nourriture que me réveilla la seconde fois dans cet endroit étrange, à  mon avis c’était de la soupe au potimarron comme celle de Marine. Je  sortis de ma léthargie peu à peu et me souvins qu’il ne valait mieux pas  que je me réarrache l’intraveineuse. J’ouvris les yeux et je relevai  légèrement la tête pour regarder ce qui se passaient. La femme que  j’avais vu dans le jet était là et parlait avec le professeur, je ne  voyais que leurs lèvres bouger mon ouïe n’était pas totalement revenue  ce qui m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient. Je relevai ma  main gauche et je me tapotai l’oreille, et peu à peu mon ouïe revint.
 -Qu’est-ce que l’on va faire de lui ?
 -Je ne sais pas encore, il faut  voir avec le conseil. De toute façon il est trop faible pour faire quoi  que ce soit, répondit le professeur en haussant les épaules
 -Et dire que l’on a les olympiades dans 3 jours, il fallait que ça arrive maintenant…
 Je sentais une note de mécontentement dans sa voix 
 -Je te rappelle que les olympiades sont une compétition amicale donc ce n’est pas grave. Tien il semble s’être réveillé,
 Le professeur s’approcha de  moi, et sortit un morceau de bois par je ne sais quel moyen celui-ci  s’embrasa et il fit comme une lampe qu’il agita devant mes yeux pour  vérifier si je voyais bien.
 -Bon pas de problème à la rétine visiblement,
 Il me fit faire quelques  mouvements de tête, puis des bras que je ne réussis pas à bouger, sauf  les doigts, puis les jambes qui demeurèrent immobiles.
 -Bon, il n’a pas encore  récupéré toute ses fonctions motrices, il va falloir quelqu’un pour  l’aider à manger la soupe pour l’instant
 -Ok, je vais la chercher, fit la femme, pendant qu’elle sortait de la salle le professeur me dit
 -Elle a l’air aussi féroce  qu’une lionne, mais ne t’inquiète pas elle est très gentille au fond et  très belle…rajouta t’il discrètement un sourire aux lèvres en la  regardant de dos.
 Celle-ci revint quelque instant  plus tard accompagnée d’une jeune fille brune plutôt mignonne mais avec  un accoutrement bizarre, vêtue d’une robe blanche donc je ne  reconnaissais pas la matière. Elle avait une jolie fleur dans les  cheveux au niveau de l’oreille.
 Quand il vit l’interrogation sur mon visage il me glissa 
 -C’est du coton naturel. Nous nous n’avons pas de tissus comme vous,
 -Comme nous ? du coton naturel ? il partit et ne prit même pas la peine de me répondre,
 La femme se positionna devant mon lit et me dit,
 -Bien, Nina va t’aider à manger tu la touches, tu es mort compris ?
 Je hochai vivement la tête  comme elle avait toujours sa M16 toujours en bandoulière, je n’osai pas  répondre quoi que ce soit d’autres
 -Bien, elle posa sa main sur l’épaule de Nina et lui dit
 -Si y a le moindre souci tu me le dis, compris ? en me jetant un regard d’avertissement
 -Oui, ma tante, ne t’inquiète pas tout va bien se passer
 -Mouais… et elle parti
 Sans un mot la jeune fille  s’approcha de moi, le bol de soupe à la main et dans l’autre une  cuillère en bois. Le bol ressemblait à un bol de poterie que j’avais  fais quand j’avais 6 ans. Elle prit une cuillère de soupe et l’avança  vers ma bouche, je l’ouvris et je l’ai pris. On continua comme ça en  silence. Quand le bol fut fini je me sentais de nouveau engourdi, elle  partie et je me rendormi. Le second jour ne fut pas différent, je  n’appris rien d’essentiel, le docteur me fit des prises de sang et des  exercices et Nina me donna à manger le midi toujours dans le silence.  J’étais encore trop faible et j’avais tout le temps envie de dormir. Le  soir, alors que le soleil était presque couché, les ampoules s’étaient  allumées, j’étais un peu plus en forme. En plus de l’assiette elle  apporta un étrange objet à l’aspect terreux et rectangulaire. Après  m’avoir aidé à manger, elle s’assit en face de moi, pris l’objet, le  déplia sur ses genoux et ne parla plus. Je passai plusieurs minutes à  l’observer comme ça, puis je me décidai à demander
 -Qu’est-ce que tu fais ?
 Elle releva la tête,
 -Et bien je lis, répondit-elle comme si c’était une évidence,
 -Tu lis ? c’est un livre ça ? Dis-je en désignant l’objet sur ses genoux,
 -Oui, ce sont des tablettes de pierre gravées. Rien qu’à la tête qu’elle faisait, il était clair qu’elle me prenait pour un fou
 -Des tablettes en pierre mais ces super vieillots, vous n’avez pas de papier ?
 -du papier ? Qu’est-ce c’est ?
 -C’est sur quoi on écrit normalement, répondis-je comme si c’était évident
 -Je ne connais pas, on écrit sur des tablettes et parfois des peaux de bêtes cela se conserve très bien
 -Mais vous êtes au moyen-âge ou quoi ?
 -Mais pas du tout ! Ah d’accord  je comprends, ma tante m’en avais parlé, vous utilisez des arbres pour  faire votre papier et des tonnes de produits chimiques pour qu’il soit  beau et lisse. Alors oui nous n’en n’utilisons pas.
 -Mais pourquoi vous dites « nous » ? Je vous rappelle que l’on habite sur la terre, et que l’on est tous humains.
 -Oui, mais toi et moi, sommes bien différent,
 -Ah bon ? Physiquement en tout cas nous sommes pareil ! Je ne vois pas en quoi pourrions être différent,
 La jeune fille secoua la tête,  plongea sa main dans son décolleté et en sortit une petite amulette.  Elle la prit dans sa main, leva la tête et prononça quelques mots à voix  basse.
 -Et en plus, ils prient Dieu, je suis tombé dans un village chrétien écolo… Super…
 Nina s’arrêta, et me demanda
 -Qui est Dieu ?
 La j’était abasourdis,
 -Et bien celui que tu pris, non ?
 -Non, nous nous prions nos esprits protecteurs, une vieille coutume que l’on tient de nos ancêtres
 -Donc pas dieu mais des esprits protecteurs, c’est à peu près la même chose nan ?
 -Non, je ne pense pas. Nos  esprits protecteurs sont nos ancêtres, on les prie quand on est angoissé  ou dans un moment de désarroi, je ne sais vois absolument pas qui est  ton Dieu.
 -Dieu, enfin pour ceux qui y croient, est censé être « une entité divine qui aurait créé le monde et qui nous protègerait ».
 Quand elle entendit ça, elle éclata de rire,
 -Ah oui, c’est à cause de lui  que vous partez sans cesse en guerre ! Ha ha ha ! Elle essuya même une  larme de rire. Nous ne partirions en aucun cas en guerre à cause de nos  esprits et ils ne nous protègent pas contre les autres, on les prie  juste pour se souvenir d’eux
 -Donc en fait, tu adresses tes prières à tes centaines d’ancêtres ?
 -Oui, des centaines et aussi à  notre premier ancêtre, celui qui a participé à la création de notre  ville. Et qu’elle est cette idée qu’un être inconnu ait créé le monde ?  Vous me faites bien rire !
 J’était de plus en plus  intrigué par la situation, Nina empila ces quelques tablettes, me dit au  revoir et parti me laissant là avec mes pensées. Je réfléchis toute la  nuit et j’en arrivai à une conclusion des plus incongrue. Quand elle  revint le midi je fus capable de manger tout seul, elle n’eut qu’à  s’assoir en face de moi et à me surveiller. Quand j’eu finis je posai  l’assiette sur mes jambes et je me mis à parler
 - Bon j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit hier soir, et je suis arrivé à une conclusion bizarre, presque impossible
 -Continue, m’invita-t-elle
 -Et bien je dirais, que vous  êtes juste un territoire que personne n’a jamais découvert. Je suis féru  d’histoire notamment moderne et je n’ai jamais entendu parler d’un lieu  comme le vôtre, une ville qui est à la foi moderne et archaïque. Donc  j’imagine que vous connaissez l’existence du monde extérieur mais que  celui-ci ne le connaît pas.
 -C’est assez proche de la vérité, tu as presque raison, maintenant je ne pense pas que le conseil puisse te renvoyer chez toi
 -Bof, ne t’inquiète pas pour ça mon père ne s’inquiètera pas le moins du monde pour moi,
 - Ah bon pourquoi ?
 -J’ai la santé fragile et je n’ai pas les mêmes désirs que lui sur l’avenir du pays
 -ton père est quelqu’un d’important ?
 -On peut dire ça, mais passons, dis-moi tout sur la ville, je veux absolument tout savoir.
 Toute la journée on parla,  j’appris tous ce que je pus. Que leur ville se trouvait sur un bout de  terre, on ne sait où, que personne n’avait jamais réussi à le conquérir  depuis qu’ils s’y sont installé. Bien qu’ils eussent eu la visite des  américains pendant la guerre froide, ils ont accepté de garder leur  existence secrète. Je me demande bien comment ils ont réussi à les  convaincre…
 Leur système politique est  juste, tous le monde est égal, personne n’est au-dessus des autres. Les  femmes partagent les mêmes travaux manuels que les hommes, comme le  travail des champs et il en est de même pour les métiers intellectuels  ou militaires. Chaque famille a son représentant au conseil qui prend  les décisions. Un médiateur qui gère les séances et qui se trouve être  le docteur qui me soigne. C’est d’ailleurs le médiateur qui désigne et  forme son successeur.
 La plupart du temps il n’y a  pas de crime chez eux, mais pour les quelques-uns qui existent, ils sont  punis par le conseil par vote. Leur économie est basée sur le  libre-échange et le troc, il n’y a pas de monnaie, ce qui arrange bien  des choses (les incas pourraient en témoigner…).
 Ils sont quand même obligés  d’aller dans le monde extérieur pour trouver certaines choses comme des  armes et des protections, mais seulement cela et uniquement pour se  défendre contre les animaux sauvages. C’est une société quasiment  écologique, ils partagent visiblement la même éducation que nous mais  leur regard sur le monde qui les entoure leur fait porter un regard  différent sur l’enseignement. Parfois leurs scientifiques sont plus  compétents que les nôtres. Il suffit de voir la vitesse à laquelle je  guéris pour en être convaincu. Après quelques explications basiques sur  le bâton lumineux du médecin, je compris que sur le projet du soleil  artificiel ils avaient un siècle d’avance. Ils ont un champ de panneaux  solaires sans silicium et qui ne s’usent pas avec le temps, ce qui leur  permet de subvenir largement à leurs besoins. Ils n’ont pas de voiture  ou de machine mécanique pour les champs, ils se déplacent à cheval et  utilise des bœufs. Ce travail permet selon Nina de renforcer leur corps.
 J’avais déjà pu voir leur  maison au loin. Mais Nina m’en apporta un plan avec tous les éléments de  constructions. Les maisons sont à la fois ouvertes sur l’extérieur  laissant de nombreux espaces à l’air libre mais très chaude pour l’hiver  selon elle. Elles sont construites en bois et renforcées avec un  matériau à base de coton, nommé Calori qui garde la chaleur pendant  l’hiver et que je ne connais pas. Comme au moyen âge chez nous les toits  sont fabriqués avec les tiges des céréales qui ne sont pas utilisées  pour nourrir les habitants. Tous les meubles sont fabriqués manuellement  avec du bois déjà tombé au sol, ils ne prennent rien qui ne soit pas  déjà tombé par terre à part les légumes, les fruits et les céréales.
 Elle avait aussi ramené un plan  de la ville, qui montrait ou se trouvait tous les champs et  habitations. Puis on parla ensuite d’histoire, je lui corrigeai bien des  choses et lui en appris bien d’autres, pareil pour elle.
 Finalement le soir du dernier  jour, elle s’endormi à côté de moi. Je pouvais bouger normalement alors  je me suis levé, je l’ai couchée dans le lit à côté du mien et je l’ai  couverte, puis je me suis endormi. Le lendemain quand je me suis  réveillé, j’ai vu Nina, assise sur mon lit en train de lire ses  tablettes. Je l’admirai quelque instant puis je signalai ma présence
 -Ah tu es réveillé,
 -Effectivement,
 -D’ailleurs merci, pour hier soir, pour m’avoir mise au lit
 -t’inquiète c’est normal, t’as déjà bien pris soin de moi
 Elle me répondit par un sourire et dit
 -Bon j’ai eu l’accord de ma  tante et du docteur hier, tu peux sortir, donc en premier on va aller  déjeuner, ensuite on va visiter la ville et ensuite tu me regarder  pendant les olympiades, ok ?
 J’éclatai de rire tandis que Nina se renfrogna
 -J’ai trop hâte ne t’inquiète pas
 Elle arrêta de bouder
 -D’ailleurs je t’ai apporté tes anciens vêtements que l’on a trouvé dans les débris de l’avion,
 Elle me tendit un t-shirt certainement blanc autrefois, maintenant rosé et un short qui me paraissait un peu petit,
 -Qu’es ce qui s’est passé ? Fis-je horrifier en prenant les vêtements dans mes mains,
 -On les a lavés, répondit-elle en rigolant,
 -Mais vous en avez fait un carnage, heureusement que mon short était un peu grand,
 Je m’habillai, en discutant,
 -J’y pense mais en fait, votre ville ressemble quand même beaucoup à une utopie,
 -Une utopie ?
 -Oui, un lieu où la vie est  différente et ou les règles de vie semblent idéales et où tout semble  plus équitable plus juste. Comme dans Candide de Voltaire quand Candide  passe chez les indiens,
 -On peu voir les choses comme ça. Bon tu viens ?
 -Oui j’arrive,
 Et ils sortirent pour qu’il puisse visiter ce nouveau monde…
 Les bourrasques de vent  secouèrent l’appareil, peu à peu, Isaac émergea de son sommeil, un  sourire triste sur les lèvres et une larme qui coula de son œil et vient  se tarir dans sa barbe d’une semaine bien taillée.
 ​

"Moi, il y a 20 ans" de alain D-N.
De  l'avis général, Virgile le vigile était un brave type. L'incarnation de  cette figure si bienveillante que chacun rêve de l'avoir pour copain.  ... Bien sûr, quand il portait son blouson bleu d'uniforme, il roulait  un peu des mécaniques et affichait parfois un masque menaçant. Pour lui,  cette grimace était une sorte d'insigne de sa fonction...
 Grand et solidement charpenté,  il faisait illusion auprès de ceux qui ne le connaissaient pas, et  personne ne s'amusait à venir le chatouiller. Il venait à son travail , y  passait le temps requis et en repartait ordinairement sans quitter un  air sérieux qui amusait beaucoup ses collègues et même « la direction »  et qu'on attribuait à un manque d'imagination. D'origine roumaine, il  était à Paris depuis longtemps mais, s'il parlait le français, il le  lisait mal. Il rêvait donc beaucoup, et parfois au travail, sans que nul  ne s'en doute. On le payait pour surveiller, il comprenait monter la  garde, et il la montait, raide comme la justice elle-même - sans oser,  ou daigner, bouger un orteil. Tout au plus, chaque demi-heure,  s'autorisait-il quelques pas, en long puis en large, pour se dégourdir.
 Virgile se vivait en agent de  sécurité. Son surnom était une astuce de Monsieur Vincent, le directeur.  Cela sentait à plein nez la mise en boîte, mais comme Monsieur Vincent  était très content de lui, il n'était pas question d'aller contre - il  fallait même feindre de trouver ça drôle.
 L'agent de sécurité était  content de son sort, de l'entreprise, et même de son patron, que chacun  appelait Monsieur Vincent sans qu'on sache si c'était son nom ou son  prénom. La boutique vendait des smartphones. Toutes les marques (ou  presque), tous les modèles (ou presque), à des prix incroyables  (totalement), telle était son accroche.
 Au milieu de cette caverne  d'Ali-Baba, Virgile restait rétif au charme de ces merveilles de  technologie plus mirifiques les unes que les autres. Il se servait d'un  vieux modèle, juste pour téléphoner - ce qui valait une réputation de  dinosaure, dont il n'avait cure.
 Un matin, il avait vu débarquer  un gamin, l'air emprunté, chaussé de rangers et porteur d'un blouson de  cuir noir, cheveux brillantinés et courts, qui avait - simplement, sans  fioritures, sans même dire bonjour - demandé : la Direction ?
 A pas vifs il avait marché jusqu'au bureau, avait frappé, était entré...
 Un peu plus tard, Virgile fut  convoqué au Bureau, où Monsieur Vincent le reçut avec un sourire  peut-être un peu forcé, mais éclatant. Voilà : nous avons recruté ce  jeune homme... Kevin, oui, c'est cela - qui va vous seconder dans
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 vos tâches. Vous lui apprendrez le métier, hein,je compte sur vous ? Parfait... !
 Un peu plus tard, Paulo le  magasinier avait ricané : Et tu vas te laisser faire?Ils te collent un  jeunot dans les pattes,quand tu lui aura montré le boulot, ils lui  fileront ta place, ni vu ni connu, lui il leur coûtera moins cher que  toi,avec ton ancienneté... C'est couru, mon pote... Défends-toi tant  qu'il est encore temps !
  
 N'empêche : depuis l'embauche -  en CDD appelé à se muer en CDI - de Kevin, Virgile était encore plus  heureux. Il se revoyait à l'âge du garçon, croyait avoir rencontré son  double à vingt ans d'écart. Il aurait voulu tout lui transmettre, lui  donner tout ce qu'il savait, lui enseigner le métier, la façon... Le  jeune homme prenait tout cela avec l'air de ne pas trop s'en soucier,  mais d'évidence ce n'était qu'une pose... Il écoutait avec attention les  explications de celui qu'il appelait parfois, plaisamment, son mentor.  Ton maître de stage,si tu veux,rectifiait Virgile.
 Il sentait en tout cas que  Kevin voulait apprendre, et même qu'il tenait à bien faire. C'est un  fayot, sifflait Paulo,qui ne désarmait pas. Pour seule réponse, Virgile  souriait.
  
 Mais un matin, un groupe  survint dans la boutique, alors que Virgile et Kevin s'y trouvaient  seuls, le reste de l'équipe étant en réunion, à l'exception d'une des  vendeuses, occupée avec un client.
 Quatre jeunes, porteurs de  grands sacs de voyage vides, dans lesquels ils commencèrent à faire  tomber les téléphones exposés sur les étagères de verre. Interloqué,  Virgile chercha le regard de Kevin. Mais voilà que celui-ci se joignait  aux voleurs, leur passant le butin, tout en affichant un sourire  ironique.
 - Ah ! Non, s'interposa  Virgile. Arrêtez - Je ne vous laisserai pas faire, poursuivit-il en  s'élançant vers le type le plus proche de lui, le vigile tenta de lui  arracher son sac. Du coin de l’œil, il aperçut Kevin qui levait le bras.  Au bout du bras, un manche d'outil. Il n'eut pas le temps de penser que  le gamin ne ferait quant même pas ça. Il sentit une vive douleur à  l'arrière du crâne, et s'effondra.
  
 Lorsque Virgile refit surface,  il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis que le noir lui  était tombé dessus. Il réalisa, d'abord qu'il était dans une pièce qui  ressemblait çà une chambre d'hôpital. Puis il aperçut Monsieur Vincent  qui se trouvait à ses côtés, accompagné de sa secrétaire. Tous deux  eurent l'air soulagé de le voir revenir à lui.
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 - Alors, comment vous vous sentez, Virgile ? - Vous nous avez fait peur, ajouta la femme.
 Il les regarda tous les deux,  puis laissa son regard parcourir, derrière eux, le chantier qu'était  devenu le magasin. Avant de réaliser que cela, c'était le dernier  souvenir qu'il avait d'avant. Avant quoi? Il ne savait plus. Il était  tombé, s'était évanoui, puis s'était réveillé, avait effectivement vu le  magasin dévasté, puis cela avait de nouveau été le noir. Et maintenant,  il était là, allongé dans un lit d'hôpital. Le souvenir lui revint :  les jeunes débarquant en force, Kevin se révélant leur complice.
 - Je suis désolé, balbutia-t-il. Tout est de ma faute, j'aurais dû...
  
 Ils s'entre-regardèrent, l'air de penser qu'il délirait carrément.
 - Allons, calmez-vous, répondit  Monsieur Vincent. Vous avez fait ce que vous avez pu, vous leur avez  résisté, vous n'auriez rien pu faire de plus !
  
 Pourtant l'agent de sécurité  continuait de répéter, à voix basse mais distincte : C'est de ma faute,  c'est de ma faute... J'aurais dû l'empêcher, ça n'aurait pas dû  arriver... !
 Le directeur crut même entendre : « C'est comme si c'était moi qui avais fait cela... »
 Il leva les sourcils. Virgile avait peut-être fait son temps dans l'entreprise.

"John ruby, l'illuminé" de Louis f-G.
Au  creux de son lit, dans sa sombre chambre, John Ruby se réveilla en  sursaut. Cela faisait des semaines qu’il entendait les mêmes bruits  sourds, dans la nuit, semblables à des cliquetis métalliques. Après ça,  il savait bien que se rendormir était impossible. Depuis que ses parents  ont déménagé en Californie, John ne passait pas une seule nuit  tranquille. Pour dormir, il prenait son livre préféré, pour le lire afin  de s’intégrer à l’histoire. Le jeune enfant se disait souvent que sa  vie était un récit. Il ne croyait pas si bien dire…
 Cette nuit-là, le 13 juin 1997,  il n’y eut aucun bruit… C’est précisément ce qui réveilla John ! Son  réflexe, à chaque fois que son sommeil s’interrompait, était de saisir  son livre. Mais, puisqu’il n’avait rien entendu ce 13 juin, l’idée de se  lever lui parvint. John alluma donc la lumière et se leva de son lit.
 En quittant sa chambre, le  garçon marchait d’un pas précipité. Peut-être trop d’ailleurs, car il ne  fit pas attention au moment d’entamer les premières marches de  l’escalier. N’ayant pas remarqué la maudite pantoufle qui traînait là,  l’enfant glissa et réalisa ainsi une longue chute, composée de choc  violents aux membres. L’atterrissage ne se déroula pas sans encombre,  lui non plus. Constatant l’état de ses bras et de ses jambes  ensanglantées le petit John se mit à pleurer, pris d’une douleur atroce.  Pleurer encore et encore. Pleurer jusqu’à n’en plus pouvoir.
 Tout à coup, une lueur apparut.  Elle ne provenait pas d’une quelconque lampe, non : c’est John qui  l’émettait ! Dans les ténèbres du salon, vaste comme un musée glauque,  une lumière nouvelle persistait, symbole d’une renaissance. C’était le  sang de l’enfant qui illuminait la pièce, plus précisément son  hémoglobine. La grande salle, plongée dans une lueur rouge grandissante  et chaleureuse, paraissait plus vivante qu’auparavant. Le sang –  pourtant associé à la guerre et à la souffrance – procurait une étrange  sensation de bien-être et de douceur au blessé. Peu à peu, John sentait  toutes ses blessures se soigner, sa peau se cicatriser et ses vaisseaux  sanguins éraflés se réparer. Le jeune californien, qui venait de chuter  d’une trentaine de marches, ressentait une très grande joie : celle de  ne subir aucune douleur. Dans le calme et la sérénité, la « petite  ampoule » s’endormit, cajolée par la chaleur de sa propre lumière.
  
  
 Le réveil se déroula bien mieux  que tous les autres jusqu’ici. Paradoxe : l’enfant s’était endormi au  pied d’un escalier ! John mit un certain temps à se remémorer les  évènements de la veille, ainsi que le fait qu’il soit au pied des  marches. À cet instant, l’enfant se rappela la longue chute, les  blessures et la douleur ressentie. Puis lui revint le souvenir de la  guérison qui arrivait à point nommé, grâce à la lumière rouge, chaude et  apaisante. C’était le seul détail qu’on ne pouvait négliger : le seul  détail surnaturel. Ce phénomène intriguait John ; à 9 ans, il savait  déjà faire la différence entre ce qu’il voyait à la télévision et la  réalité. Ayant anticipé la discrétion nécessaire pour cacher son nouveau  pouvoir, l’enfant a simplement décidé de ne rien dévoiler à ses  parents, pour le moment…
 Au moment exact où il pensait à  tout cela, sa mère commençait à descendre les escaliers. Elle a eu le  temps de traverser une dizaine de marches avant d’apercevoir son fils.  Sa première réaction était de porter ses mains à sa bouche en criant :
 - Oh mon dieu ! Que s’est-il passé, mon petit John ?
 Protectrice de nature, sa mère  imaginait toujours le pire, quitte à frôler le ridicule. Mais pour le  coup, elle avait raison de penser à une chute dans les escaliers.
 Mme Ruby s’est empressée de descendre les dernières marches. Arrivée près de son fils, elle s’agenouilla et demanda :
 - Mon chou, est-ce que tu vas bien ?
 Après une courte hésitation,  John acquiesça mollement. Aussitôt, sa mère le prit dans ses bras et se  mit à lui frotter le dos en le réconfortant.
  
 Il était déjà midi. Un silence  pesant régnait à table. Seuls des bruits de mastications subsistaient,  et c’était désagréable. Mr Ruby brisa le silence :
 - Qu’est-ce qui ne va pas, fiston ?
 Le père de famille, secret et introverti mais diablement perspicace, comprenait tout de suite quand quelque chose n’allait pas.
 Après un temps de réflexion assez long, John finit par avouer :
 - En fait, hier soir je suis  tombé dans l’escalier. Je me suis levé de mon lit car, d’habitude, il y a  des bruits ; mais cette fois ce n’était pas le cas. Après ma ch…
 Quand il commençait à dévoiler  son secret, ses deux parents échangèrent un bref regard et se mirent  soudainement à courir en direction de la cave. L’enfant ne comprit pas  ce qui leur arrivait mais se mit aussitôt à courir derrière eux. Il  arrivait à la porte de la cave, lorsque Mr Ruby la referma  frénétiquement. John, qui tirait de toutes ses forces sur la poignée,  était saisi par une soudaine colère et un sentiment de trahison. Toutes  ses émotions s’affrontaient dans son cerveau, tandis qu’il criait :
 - Papa, maman ! Ouvrez-moi !
 La panique était totale. C’est  comme s’il venait d’apprendre un lourd secret, alors que rien n’avait  été dit ! Soudain, John eut une idée : il prit la poignée de ses deux  mains et se concentra pendant quelques secondes. Lentement, la poignée  et la serrure métallique se mirent à fondre sous la chaleur produite par  l’enfant, pendant que ses mains luisaient d’une lumière rouge vif.  L’acier fondu tomba au sol. Enfin, le jeune surhomme put pousser la  porte et entra dans la cave. Il descendit un petit escalier et découvrit  cette étrange petite porte rouge. Elle lui semblait minuscule et il se  demandait comment ses parents avaient pu passer par là ; car c’était une  évidence : il n’y avait aucune autre issue ! Ni une, ni deux, John  fonça vers la petite sortie et donna un grand coup de pied dans la  porte. Celle-ci, plutôt fragile, céda aussitôt. L’enfant se faufila dans  l’espace étroit et se releva, une fois de l’autre côté. Tout était  sombre, John Ruby « s’alluma » alors, et ce qu’il vit à cet instant  resta encré pour toujours dans sa mémoire… Cette salle était un  véritable laboratoire ! Il y avait plein de légumes phosphorescents, de  toutes sortes, et il y avait même quelques insectes et lézards luisants.  L’enfant a vite deviné, en voyant les fioles où il était marqué : « ADN  MODIFIE PAR LUXO-SYNTHESE », qu’il se déroulait ici des expériences  illégales et très douteuses. Soudain, il aperçut sa mère se glisser  derrière lui pour tenter de lui injecter un produit avec une seringue.  Pour l’éviter, John se jeta en avant, frôlant l’aiguille. L’enfant se  releva lentement et fut immobilisé par son père, qui lui bloquait les  bras, vêtu d’une blouse blanche.
 - Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer ! lui affirma Mme Ruby, tout en s’approchant avec la seringue.
 - Mais pourquoi, maman ? demanda le pauvre enfant, en panique. Pourquoi tu fais ça ?!
 - Nous n’aurions jamais dû  créer le sérum LUX-24… Maintenant, tu es un danger pour nous : dans la  société, tu risquerais d’attirer les regards ! Tout est de notre faute,  pardonne-nous, mon chéri…
 Les yeux de John cherchaient  une solution, car se dégager des bras de son père avec la chaleur était  impossible : il ne pouvait plus bouger du tout. D’un geste vif, Mme Ruby  « poignarda » avec sa seringue et injecta le produit. Suite à un cri de  douleur, Mr Ruby tomba à terre. Au dernier moment, John avait utilisé  toute sa force pour aveugler ses parents d’un seul coup au dernier  moment, puis pour se décaler et laisser le produit létal à son père.  Consciente du meurtre, Mme Ruby porta les mains à sa bouche et  s’agenouilla près de son mari.
 - Je suis profondément désolé, s’excusa-t-elle en sanglotant.
 - Tue-moi cette petite vermine ! répondit Mr Ruby, pour ses dernières paroles.
 Prise par la colère, Mme Ruby  prit un scalpel qui traînait et s’élança vers son fils en hurlant. Le  malheureux enfant ne savait pas quoi faire : il avait causé la mort de  son père, et sa mère courait vers lui avec un scalpel ! John, décidé, se  concentra et se mit à briller du mieux qu’il pouvait, jusqu’à aveugler  sa mère – et lui-même. L’air ambiant autour de lui se réchauffait si  vite que Mme Ruby fut freinée. Le laboratoire atteignait bientôt une  température comparable à celle d’un volcan ; tout se mit à brûler ou à  fondre. Même Mr Ruby. Même Mme Ruby. Et pour finir, même John, qui  gardera cette lueur rouge intense, semblable à celle d’un rubis ………  avant de se réveiller de ce mauvais rêve.

"Le cocotier ne sera jamais le bananier" de Barthélémy A.E.
Il  est né en 1996. Ses parents sont tous originaires du Pays de l’Enfer,  un pays en Afrique; son père, papa Jacob le Responsable est du littoral  et sa mère, Mommy Frida, du sud-ouest. Ils sont huit enfants à leurs  parents (six garçons: abraham, Salomon, Zachée, David, Betsaleel,  lui-même Joseph; et deux filles: Léa et Marie-Madeleine) parmi lesquels  il est le septième. Quand il avait cinq ans, sa famille vivait dans une  monotonie parfaite dans leur village nommé Edjememeng, jouissant d’un  bonheur plein d’allégresse. En ce moment il était le benjamin et il  jouissait de ce statut et des avantages de toutes natures sans égoïsme  et sans rival puisque son frère cadet n’était pas encore né.
 Apres un certain moment, il a  été inscrit à l’école publique de son village; en effet, l’école  maternelle n’existait pas encore dans ce petit village, raison  pour  laquelle il a commencé son parcours scolaire à l’école primaire. En ce  qui concerne la vie religieuse de sa famille, ses parents étaient  membres d’une église dite «réveillée», certaines personnes du village  l’avaient nommée «Jésus t’appelle». Tous les dimanches matin, tous les  enfants étaient à l’école du dimanche, c’est Mama Anne (l’une de ses  tantes, cousine de son père, qui était aussi membre de cette Eglise,  ainsi que son mari papa Nathanaël) qui les enseignait; après que  celle-ci  eut déménagée pour la ville (Bong), Mama Clémentine l’avait  remplacé, et ensuite Mama Sarah qu’on appelait chaleureusement Sita. On  les enseignait les histoires biblibliques et on les apprenait à chanter  pour la gloire de Dieu. Que c’était merveilleux d’y être! Cette église  siégeait au début dans leur maison; elle fut transférée plu tard dans un  village voisin, à Ekwomeng dans la maison du frère Aquilas  pour des  raisons que le petit garçon ignorait. Quelques années plutard (sept ans  environ), son petit frère chéri, Betsaleel,  qu’il aimait tant fut né.  Ce dernier était très humble, travailleur, respectueux, intelligent, et  surtout très mignon; il a toujours été le major de sa promotion.
 Joseph obtint son Certificat  d’Etude Primaire (CEP) en 2009 quand il avait treize ans. Il fallait  continuer les études au secondaire. J’jusqu’ici, il n’y avait pas de  lycée, ni de collège privé à Edjemeneng. Cependant, il y avait un  Collège d’Enseignement Secondaire (CES) qu’on venait de créer dans un  autre village un peu plus loin que ce dernier: il s’agit de Mbimeng. Il y  avait des rumeurs que cet établissement devait être effectif à partir  de cette année. Ses parents, soucieux de son avenir, avaient sollicité  qu’il aille continuer ses études dans ce CES; Il devait vivre chez le  frère Jacques, un frère de l’Eglise qui y résidait. Plusieurs semaines  après la rentrée scolaire, le CES n’était pas toujours fonctionnel. Un  mois plutard, ses parents décidèrent donc de l’amener à Bong ou il  allait poursuivre ses études. Il faut rappeler que Bong est une petite  ville située à plusieurs kilomètres d’Edjememeng; c’est aussi le  chef-lieu de leur arrondissement. Plusieurs lycées et collèges privés  s’y trouvaient.
  
  Joseph  rend beaucoup gloire à  Dieu pour Mama Tabitha, sa tante, cousine de son père, qui le prit  comme son fils pendant ses études secondaires au «Collège Seul le  Conscient a Droit à la Réussite» (CSCDR), communément appelé «Université  de Bong». Il a été avec sa tante pendant sept années, et plusieurs  personnes dans leur quartier (Le Grand Tamarinier) savaient qu’il était  son dernier fils. Celle-ci était cultivatrice et commerçante. Elle avait  aussi donné sa vie à Christ et faisait la même Eglise que les parents  de Joseph. Mama Tabitha était une femme au grand cœur, un modèle pour la  société, elle pouvait facilement gérer le Programme Alimentaire  Mondial, malgré le fait qu’elle était illettrée. C’est étant chez elle  que Joseph  a véritablement grandi dans la foi en Dieu.
 Quand Joseph quittait le  village, ses parents avaient eu des problèmes sérieux dont il ignorait  la cause, les deux ne se parlaient pas. En effet, il ne pouvait rien  comprendre à son jeune âge. C’est son père qui était allé l’accompagner à  Bong. Avec l’état impraticable de la route, ils commencèrent le voyage à  pieds. Ils cheminèrent d’Edjememeng à Odjong (un autre village du  canton, après quelques kilomètres). Ils prirent une moto pour Bong.  Durant le voyage, Joseph avait presqu’oublié le problème de ses parents.  En effet, c’était sa première fois de faire une telle aventure ; en  plus, son père papa Jacob le Responsable lui racontait des histoires  fascinantes, il lui faisait une étude géographique en lui rappelant à  chaque fois qu’ils entraient dans un nouveau village, il lui donnait les  noms des villages qu’ils traversaient. Le moto-taximan à son tour  roulait à un rythme normal, il faisait montre de sa formation acquise à  l’auto-école, il était d’ailleurs très relax. C’était vraiment une très  belle aventure pour le nouveau voyageur. La ruelle entre les arbres qui  dégageaient de la fraicheur, les oiseaux aux douces mélodies, des  animaux domestiques qui faisaient des bruits beaux à entendre, des  collines, des petits ponts sur des petits cours d’eaux, quelques  voitures et motos qui venaient du sens opposé, quelques piétons au bord  de la route, etc. Tout ce beau paysage naturel fascinait le petit garçon  et lui apportait de l’allégresse au cœur.  Arrivé à Bong, avec l’aide  du pasteur de l’époque, papa Apollos, ils se rendirent le lendemain  matin au CSCDR pour son inscription en classe de sixième. C’est ici que  Joseph rencontra un ami si cher à lui, qui devint plutard comme et plus  qu’un frère à lui, il s’agit de Jonathan. On dit souvent que «tout ce  qui s’assemble se ressemble», un enseignant les confondait en salle  lorsqu’ils faisaient la classe de seconde (il s’agit de monsieur Eli,  enseignant d’histoire, géographie et éducation à la citoyenneté).  Monsieur Eli était un homme très solidaire et Joseph était son meilleur  élève, car il avait toujours les premières notes en ses matières.  Toujours en cette classe, il rencontra une camarade qui devint plutard  sa meilleur amie et sa sœur, vu que les deux avaient la même croyance  religieuse, même si cette dernière persévérait dans la Mission du Plein  Evangile et lui dans la Mission Parole et Vie; ils servaient le même  Dieu et croyaient en Jésus-Christ. Cette amie s’appelait Hadassa.  Celle-ci faisait la série C et en première elle continua en série D, et  Barthélémy la série A4 espagnole. Plusieurs camarades pensaient que ces  deux étaient copin et copine, vu qu’ils étaient presque toujours  ensemble et partageaient les mêmes points de vue sur les débats entre  camarades. Hadassa était l’ainée de Joseph d’un an. En réalité, c’est  l’amour de Christ qui les unissait. Entre eux, chacun savait voler au  secours de l’autre quand il le fallait, ils connaissaient se remonter le  moral, ils se disaient la vérité quand il le fallait même si cette  vérité heurtait parfois leur sensibilité, leur amitié n’était pas tintée  d’hypocrisie: c’est ça l’amitié vraie dont parle le roi Salomon dans la  sainte Bible (Proverbes 17:17 «L’ami aime en tout temps, et dans le  malheur il se montre un frère»). Hadassa était orpheline de père; en  effet, son papa avait rendu l’âme quand elle avait environ 4 ans; ce  n’était pas du tout facile pour elle, car elle n’avait vraiment pas  connu l’amour d’un père. Quand ils faisaient la classe de première, sa  maman était partie à l’étranger chez sa fille ainée. Hadassa devait  vivre presque seule, puisqu’elle était le seul enfant (dernière-née) qui  vivait avec sa mère; tous ses ainés étaient déjà matures et n’étaient  plus auprès de leur maman. Bref, Hadassa n’était pas un bananier, mais  un cocotier; elle endurait toutes les mauvaises péripéties de la vie.
 Par la grâce de Dieu Joseph  obtint son BEPC en 2013, son PROBATOIRE en 2015 et son BACCALAUREAT en  2016 toujours au CSCDR. Il était le seul candidat à  avoir eu la mention  «Très Bien» dans leur centre d’examen (Lycée Bilingue de Bong). Il est  judicieux de rappeler que Joseph était un garçon très beau et surtout  très brave, jusqu’à ce niveau, il n’avait connu l’échec qu’au cours  préparatoire deuxième niveau (école primaire). Il fallait donc  poursuivre ses études à l’université. À cette époque-là, il n’y avait  aucune université d’Etat ni privée à Bong. Avant la publication des  résultats du baccalauréat, l’un de ses grands frères, fils de sa  nourrice, l’avait invité passer un mois de vacances chez lui à Nlembouh,  capitale politique du Pays de l’Enfer: il s’agit de Pierre. En ce  temps, Pierre était dans une école de formation de l’Etat. Étant chez  lui, Joseph se préparait pour l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de  Bambignang (l’une des régions d’expression anglaise du pays) en lettres  bilingues  (français et anglais), bien qu’attendant encore les résultats  du Baccalauréat. Malheureusement, il n’était pas admis au concours ; il  s’était quand même préinscrit à l’université de la cité du savoir (dans  la région de l’ouest) dans la FLSH (faculté des lettres et des sciences  humaines), dans la filière trilingue espagnol (Français, Anglais et  Espagnol).
 Après avoir composé l’ENS, il  est rentré à Bong pour attendre les résultats. Pendant ce temps, il  faisait le commerce pour mieux préparer la rentrée académique prochaine,  une année académique dont il ne savait réellement  où il devait  continuer ses études, il y avait un doute entre Bambignang et la Cité du  Savoir; c’était donc difficile de préparer la rentrée (où habiter?  qu’est-ce qu’il fallait acheter?…) il se posait mille et une question,  il se rappela lorsqu’il quittait le village pour Bong, il fallait encore  changer d’atmosphère, la façon de vivre,… il fallait commencer une vie  d’adulte, une vie de responsable, il partait où il devait être son père,  sa mère, en somme, où il devrait être responsable de sa vie: C’était  une autre aventure dont il ignorait encore les péripéties. Le plus  difficile dans tout cela c’étaient les moyens financiers; ses parents  n’avaient pas assez de moyens pour subvenir à tous ses besoins. Il s’est  rappelé d’un proverbe que son papa lui avait inculqué dans l’esprit:  «le cocotier ne sera jamais le bananier». C’est après son baccalauréat  qu’il commença à comprendre véritablement ce proverbe. En effet, un  simple vent peut renverser facilement un bananier, mais le cocotier  restera toujours serein face à l’adversité et même face à la tempête.  Joseph compris alors qu’il est un cocotier et non un bananier, il devait  relever le défis, il était tant pour lui de prouver qu’il était déjà un  vrai homme.
  Revenant au commerce qu’il  faisait, il vendait le bita kola et les cacahouètes griés au «Carrefour  Le grand Tamarinier» de Bong ; il se réveillait parfois à 23H, parfois à  minuit et parfois à 01h pour rentrer parfois à 03H, parfois à 04H,  parfois à 05H et parfois à 06H. Il rend gloire à Dieu pour tonton Elie,  l’un de ses grands frères qui l’avait formé dans ce domaine. En effet,  ce fut en 2009 quand Joseph était en classe de 6è qu’il l’initia dans ce  commerce; ils commencèrent par vendre de l’eau glacée en sachet,  ensuite les ananas, les avocats, les goyaves, et le bita kola. Ils  vendaient rarement en journée. Parfois Joseph vendait les bâtons de  manioc avec sa cousine Dina et sa mère Mama Tabitha et parfois le maïs  bouilli. Ce commerce nocturne lui permettait d’avoir le fameux «argent  de beignets». C’est dans cet état qu’il a grandi jusqu’à ce qu’il  pouvait déjà sortir tout seul pour aller vendre au «Carrefour le Grand  Tamarinier» et cela lui permettait d’acheter certaines de ses  fournitures scolaires et d’agrandir sa garde-robe en classe de seconde  et plus. Ce n’était pas du tout facile pour lui; sortir de la maison  tout seul à une heure aussi tardive, à l’âge de 18 ans pour aller  chercher un peu d’argent. Il faillit se faire agresser plusieurs fois  par certains délinquants lorsqu’il rentrait du marché; heureusement que  Joseph était un garçon très malin, intelligent et sage; il ne se  laissait pas facilement prendre par le filet de l’oiseleur, il n’était  pas un bananier, mais un cocotier. Il avait toutes les techniques pour  échapper à ces agresseurs. Bref, Dieu le protégeait contre toutes les  attaques de l’ennemi. Au «Carrefour le Grand Tamarinier», il se vendait  presque tout jusqu’au sexe. Déjà, on y vendait les bâtons de manioc, de  la nourriture prête à manger, du maïs bouilli, du plantain cru et  rôti,  de la banane, du soya, du porc braisé, des fruits tels que des ananas,  les mangues, les mandarines, les corossols, les lemons, les citrons, les  safous, les avocats et bien d’autres; il y avait sans doute la présence  de plusieurs bars et snacks, des boites de nuit qui s’inondaient des  jeunes surtout le samedi soir, ces fameux samedi soir qui se  caractérisaient par les bagarres, les cassures de bouteilles et parfois  par des poignards. La tombée de la nuit au «Carrefour le Grand  Tamarinier» était le lever du jour pour les prostituées qui partaient à  leur lieu de culte pour attendre le ministère de leurs «saints-esprits».  Leur slogan était le suivant: «Toutes choses concourent au bien de  celles qui aiment de l’argent». Ce qui inquiétait le plus Joseph est  que, certains parents venaient faire du commerce avec leurs enfants qui  n’avaient même pas encore l’âge de l’adolescence en ce lieu dépourvu de  bon sens, d’éthique et de morale; un lieu caractérisé par un manque  criard d’ordre, par un vacarme sans pareil. Il se faisait même entendre  que des sectes pernicieuses y existaient. Il est bon de donner sa vie à  Christ lorsqu’on est encore jeune! Le fait que Joseph avait donné sa vie  à Christ à l’Age de 16 ans (il fut baptisé en avril 2012) l’avait  épargné de plusieurs soucis de la vie: les passions de la jeunesse, la  convoitise, la mode, le luxe, les pièges du diable, la mauvaise  compagnie, etc. Lorsqu’il allait en ce lieu la nuit pour vendre, c’était  vraiment pour le commerce qu’il y allait et non pour autre chose, même  s’il voyait, humait et entendait autre chose, c’est parce  qu’il ne  pouvait pas y être avec les yeux fermés, les narines masquées et les  oreilles bouchées; un proverbe dit «il est impossible de marcher sans  son ombre». 
             Au bout de quelques  semaines les résultats de l’ENS étaient publiés; Joseph n’avait pas  réussi, cela lui avait fait tellement mal. Même si dans le pays de S.E.  le Grand l’échec à un concours ne doit pas heurter la sensibilité  émotionnelle d’un individu, c’était le contraire chez Joseph. En effet,  ça faisait très longtemps qu’il n’avait pas connu d’échec dans sa vie  surtout sur le plan académique, car ce fut au cours préparatoire  deuxième année qu’il échoua pour la dernière fois. Bref c’était un  garçon très brave, il occupait généralement la première position de sa  classe pendant les remises de bulletins, il se faisait remarquer au  CSCDR par cela non seulement par les enseignants, mais aussi et surtout  par les élèves du collège; il recevait la plupart du temps des prix et  des tableaux d’honneur. Face à cet échec, il était contraint d’aller  poursuivre ses études supérieures à l’université de La Cité du Savoir à  l’ouest du Pays, reconnue comme l’une des meilleures au en matière  d’enseignement. Par la grâce de Dieu, Joseph rencontra l’un de ses  enseignants du CSCDR sur son chemin de retour du marché un samedi; il  s’agit de monsieur Eli, son professeur d’histoire, de géographie et  d’éducation à la citoyenneté en classe de seconde A4 espagnol. Il y eut  une très bonne conversation entre les deux.
 -Bonjour monsieur.
 -Merci bonjour Joseph, comment tu vas?
 -Je vais bien par la grâce de Dieu, merci. Et vous?
 -Je vais également bien. Félicitation pour ta réussite au Baccalauréat.
 -Merci monsieur, c’est avec votre soutien que j’ai pu réussir.
 -Où vas-tu continuer tes études universitaires? 
 -A l’université de La Cité du Savoir si le Seigneur le permet.
 -As-tu déjà un lieu d’habitation là-bas?
 -Pas encore, mais je crois que le Seigneur pourvoira.
 -En fait j’ai un  studio  là-bas, il est meublé, bien équipé, et je ne compte pas y habiter cette  année, en fait je n’y serai pas régulier; si tu peux y habiter en payant  juste le loyer, je crois que ce sera bien pour toi et ça te permettra  de faire moins de dépenses pour le compte de cette année.
 -D’accord monsieur, je vais réfléchir et en parler avec mes parents pour avoir leur point de vue.
 -D’accord Joseph, au revoir.
 -Merci monsieur, bonne journée.
 -Merci.
   Apres cette entrevue avec son  prof, le cœur de Joseph était plein d’allégresse lorsqu’il rentrait à  la maison. En effet, lorsqu’il parlait de ses parents, il ne s’agissait  pas de ses parents biologiques, mais plutôt de Mama Tabitha sa tante et  nourrisse et de papa Nathanaël. Papa Nathanaël, mari de Mama Anne, était  son pasteur, son tuteur et surtout son papa, même s’ils ne vivaient pas  dans la même maison. En effet, Joseph a toujours rendu un très bon  témoignage à l’endroit de ce papa plusieurs fois qu’il a eu l’occasion  de le rendre:
 «Papa Nathanaël est pour moi un  père, il m’a toujours considéré comme son fils biologique même si je ne  le suis pas. Notre relation intime a véritablement commencé quand je  faisais la classe de troisième au CSCDR. En effet, c’est pendant cette  période qu’il y eut une division à l’Eglise entre le pasteur Apollos  et  le reste de l’assemblée dans l’arrondissement de Bong. C’est papa  Apollos qui avait été pasteur de cet arrondissement et de l’assemblée de  Bong pendant plusieurs années et le  culte se faisait dans sa maison  durant ce moment. Après cette séparation donc, c’est papa Nathanaël qui  était le principal dirigeant de l’assemblée de Bong, et papa Jacques de  Mbimeng était le pasteur  de l’arrondissement de Bong. J’étais l’un des  jeunes les plus zélés de l’assemblé, ainsi que Phinées, Josias, Rebecca,  Marthe, Salomée, André, Jérémie, Etienne, Johanna, et bien d’autres. À  mon jeune âge je dirigeais déjà le culte sous la supervision de papa  Nathanaël. S’il faut utiliser le jargon de certains chrétiens, je dirais  que papa Nathanaël est mon père spirituel. Il m’a toujours soutenu sur  le plan spirituel, morale, conseiller et financier. Il a eu à payer mes  factures d’hôpital plusieurs fois lorsque j’avais un problème de santé  au niveau des hanches; j’étais en classe de seconde à l’époque. J’ai  suivi un traitement pendant plusieurs mois pour ce problème, je prenais  des injections».
             Après avoir donc  causer avec ses parents, ceux-ci avaient bel et bien apprécié cette  initiative. Mama Tabitha ne cessait de prier pour Joseph et de lui  donner des conseils. Après cette entretient, il alla également au  village pour avoir le point de vue de ses parents biologiques (mommy  Frida et papa Jacob le Responsable). Ces derniers étaient fiers de leur  fils et ne pouvaient que prier pour lui et lui donner des conseils  tangibles, tout en lui souhaitant du bonheur; son père s’exclama en  disant: «mon fils est un vrai cocotier et non un bananier». Leur fils  était devenu un homme! Lors de son départ, ils préparèrent des  victuailles pour lui.
 De retour à Bong, Mama Tabitha et Mama Anne  préparèrent à leur tour des victuailles pour le futur intellectuel de la famille.
 Après l’entrée en deuxième  année universitaire, ses parents n’avaient plus les moyens financiers  afin qu’il poursuive ses études. Il devait aussi quitter la maison de  monsieur Eli puisque ce dernier devait désormais vivre avec son petit  frère. Joseph était abandonné à lui-même. La vie devint de plus en plus  difficile et compliquée pour Joseph. Il s’engagea dans une autre  activité lucrative très innovante. Il s’agit de la plastification des  documents tels que les diplômes, les actes de naissance et de mariages,  les cartes professionnelles et photos, bref les documents vitaux. Ce  qu’il y avait d’innovant dans cette activité est que Joseph faisait «le  porte à port». En d’autres termes, il se déplaçait de maison en maison,  toquant les portes pour présenter ses services, et les offrant à ceux  qui étaient dans le besoin. Ses services étaient très appréciés par  plusieurs personnes, vu que c’était vraiment innovant. Il est vrai que  tout le monde ne peut pas apprécier quelque chose de la même façon;  d’autres ne trouvaient aucune importance dans ce qu’il faisait, ils le  minimisaient, mais Joseph ne se laissait pas faire puisqu’il était un  vrai cocotier. Il menait généralement cette activité pendant les  week-ends, les congés et les grandes vacances. Il faisait ce travail  dans plusieurs villes du pays. Il se déplaçait avec sa machine de  plastification et son matériel de travail; quand il trouvait un document  à plastifier, il branchait sa machine chez le propriétaire du dit  document et ce dernier le payait à un prix raisonnable.  C’est à partir  de cette activité qu’il put continuer ses études jusqu’à l’obtention de  sa licence (Trilingue: français, anglais et espagnol). Ce diplôme lui  avait permis d’aller dans une grande école de traduction du pays. Après  sa formation dans cette école, il signa son tout premier contrat de  travail dans une très grande entreprise internationale. Il travaillait  chez lui puisque les documents à traduire lui étaient envoyés par mail,  et il les renvoyait par le même canal. Depuis sa jeunesse, Joseph avait  toujours aimé être un entrepreneur indépendant, ce qui lui permettait de  servir son Dieu sans contrainte.
 La vie de Joseph n’a pas  toujours été rose, mais il avait compris très vite qu’un vrai homme doit  se battre dès  sa jeunesse, qu’il doit être patient et persévérant. La  patience est un arbre aux racines très amères, mais aux  fruits très  doux et agréables. Joseph était un cocotier et non un bananier.

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